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Chronique des matières premières

Tensions en mer d'Azov, une zone stratégique pour le commerce du blé

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L'arraisonnement par la Russie de trois bâtiments de la marine ukrainienne marque une escalade des tensions dans le détroit de Kertch, un débouché stratégique pour les exportations ukrainiennes et russes, en particulier de blé.

Un navire passe sous le pont reliant le reste de la Russie à la Crimée dans le détroit de Kertch. Ce détroit relie la mer noire à la mer d'Azov.
Un navire passe sous le pont reliant le reste de la Russie à la Crimée dans le détroit de Kertch. Ce détroit relie la mer noire à la mer d'Azov. Reuters/Pavel Rebrov
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L’incident entre les marines russe et ukrainienne dans le détroit de Kertch vient aggraver une situation déjà très tendue pour la navigation commerciale dans ce débouché de la mer d’Azov, qui longe la Crimée. Or c’est encore le passage obligé des bateaux ukrainiens d’acier et de ferraille, mais aussi celui de beaucoup de vraquiers de blé russe. 43 % des exportations russes de blé empruntent le détroit de Kertch pour rejoindre la mer Noire, puis la Méditerranée.

Pont russe trop bas pour les bateaux ukrainiens

La Russie cherche à contrôler ce passage commercial stratégique. Depuis qu’elle a pris le contrôle de la Crimée, la Russie a construit un pont de 19 km qui enjambe le détroit de Kertch pour avoir une liaison terrestre avec la province annexée. Mais ce pont a aussi constitué un moyen de décourager la navigation ukrainienne dans la mer d’Azov. La rive ukrainienne a un tirant d’eau de 9 mètres à Marioupol, plus élevé que la rive russe à l’est où il est de moins de 5 mètres à Rostov. Or le pont russe a été conçu en dépit des règles maritimes internationales, il manque de hauteur et il barre donc désormais la route aux navires ukrainiens, depuis toujours plus hauts que les bateaux russes ! Depuis avril dernier, Moscou menace aussi d’imposer un péage aux bateaux ukrainiens.

Pas de flambée des prix du blé à craindre

Après ce dernier incident naval, y a-t-il un risque que les prix des céréales s’envolent, étant donné le poids de la Russie et de l’Ukraine sur le marché du blé ? Le paradoxe, c’est que la Russie n’a jamais exporté autant de blé que depuis qu’elle a fait construire ce pont sur le détroit de Kertch. L’Ukraine, elle, a pu poursuivre ses exportations de céréales en les expédiant depuis les rives de la mer Noire pour éviter la mer d’Azov, d’où elle n’expédie plus que 4,6 % de son blé aujourd’hui.
Pour l’instant donc, pas de répercussion à craindre sur le marché des céréales.
Le dernier incident pourrait tout au plus faire monter les prix du fret, le transport maritime. La Russie pourrait aussi utiliser cet événement pour stopper ses exportations avant l’heure prévue, et cela pourrait finalement l’arranger : elle garderait les grains qui lui restent pour faire un peu baisser les prix en Russie. La farine commence à devenir chère pour les citoyens russes.

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