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Russie/Embargo

En Russie, la destruction des produits sous embargo suscite la colère

En Russie, la destruction des produits sous embargo suscite la colère. Un an après la promulgation de l’embargo visant les produits alimentaires des pays ayant adopté des sanctions contre la Russie, le Kremlin s’emploie à éradiquer de son territoire les marchandises interdites : celles qui passeraient entre les mailles du filet seront désormais détruites.

Dix tonnes de fromages ont été détruites au bulldozer à Belgorod, en Russie.
Dix tonnes de fromages ont été détruites au bulldozer à Belgorod, en Russie. REUTERS
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Avec notre correspondant à Moscou, Etienne Bouche.

Ces derniers jours, les autorités russes ont opté pour une méthode radicale, qu’elles espèrent dissuasive. Jusqu’à présent, les produits saisis à la douane étaient renvoyés dans leur pays d’origine. Désormais, ils seront tout simplement éliminés en vertu d’un décret signé par Vladimir Poutine. Il faut effectivement savoir que des marchandises sous le coup de l’embargo continuent de pénétrer sur le sol russe en passant par la Biélorussie et le Kazakhstan. Moscou accuse donc ces pays de maquiller la provenance réelle et de les faire passer pour des produits locaux.

Une application immédiate

Le décret est entré en vigueur la semaine dernière et la mise en œuvre a été immédiate. Dès le premier jour, jeudi 6 août, l’agence sanitaire russe a annoncé une première saisie à la frontière biélorusse : 73 tonnes de pêches et de nectarines qui passaient sous un faux certificat turc. Les annonces de ce genre se sont succédé ces derniers jours : des pommes polonaises, du fromage allemand, de la viande italienne. Le tout intercepté puis réduit en bouillie. Des images assez spectaculaires, relayées par les médias russes : À Saint-Pétersbourg, le fromage est passé au four; à Belgorod, une ville proche de la frontière ukrainienne, dix tonnes de meules de fromages ont été éliminées au bulldozer.

Une initiative impopulaire

Pour le pouvoir russe, il s’agit d'une contrebande pure et simple qui doit être éradiquée. Moscou invoque aussi l’habituel argument sanitaire. Mais ces actions sont très loin d’emporter l’adhésion générale, et même de la classe politique. Pour le Parti communiste, la mesure est « extrême ». Son dirigeant a suggéré de distribuer les marchandises interdites aux communautés orthodoxes, aux orphelinats ou aux populations du Donbass. Les images de produits de consommation réduits à néant ont indigné les Russes. Sur internet, une pétition a déjà été signée par plus de 300 000 internautes. « Pourquoi devrions-nous détruire cette nourriture qui pourrait nourrir les anciens combattants, les handicapés, les familles nombreuses ou les victimes des récentes catastrophes naturelles ? », y pose-t-on comme question.

Dans un contexte économique dégradé, l’initiative n’est pas franchement populaire. La population est confrontée à une dévaluation du rouble et à une inflation significative. Selon le service fédéral de statistiques Rosstat, le pouvoir d’achat des Russes a diminué de 20% en 2015.

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