L’étrange phalange de l’homme de Denisova
Il n’y a aujourd’hui qu’une seule espèce d’homme sur Terre, Homo Sapiens. Cela n’a pas toujours été le cas. Si l’homme de Neandertal est connu, son cousin l’homme de Denisova l’est moins. C’est pourtant lui qui est au centre d’une découverte importante qui fait l’objet d’une publication dans la revue Science Advance. Il ne serait en effet pas si éloigné de nous qu’on le pensait auparavant.
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C’est une simple phalange, retrouvée dans la grotte de Denisova, en Sibérie. Elle est pourtant riche d’enseignement. En 2010, son analyse génétique avait révélé qu’elle avait appartenue à une population humaine encore inconnue jusque-là, les Dénisoviens. Cette analyse avait également révélé que cette nouvelle espèce humaine était proche de Neandertal.
Cependant, une nouvelle étude rebat un peu les cartes. Menées par des équipes de l’Institut Jacques Monod de Paris, du laboratoire CNRS PACEA de l’université de Bordeaux et de l’université de Toronto, elle révèle que l’homme de Denisova était peut-être plus proche de nous que de Neandertal. C’est l’analyse morphologique de cette phalange qui a permis d’arriver à cette conclusion : elle est en effet très proche des humains modernes.
Un paradoxe qu’on dû surmonter les paléoanthropologues, explique Eva-Maria Geigl, de l’institut Jacques Monod : « Cette phalange doit-être plésiomorphe. Cela veut dire qu’on la retrouve dans la lignée ancestrale de Homo Sapiens et qu’elle s’est transmise au fil des générations. Ce serait Neandertal qui aurait développé d’autres caractéristiques ».
Un manque d'informations
En clair, Sapiens, Neandertal et l’homme de Denisova partageaient tous un même ancêtre qui aurait eu cette phalange caractéristique. Puis, « l’ancêtre des Néandertaliens et des Dénisoviens est sorti d’Afrique, il y a environ 600 000 ans. Les deux branches se sont ensuite séparées : une en Europe avec Neandertal, et une en Asie qui a donné les Dénisoviens. Les ancêtres de Sapiens sont eux restés en Afrique, et en sont sortis plus tard », explique Eva-Marie Geigl.
Malgré ces avancées, les archéologues manquent cruellement d’informations sur les Dénisoviens. On ne sait pas aujourd’hui à quoi il ressemblait. Jusqu’à présent, la première analyse génétique les avait poussés à chercher quelque chose qui pouvait ressembler à Neandertal, mais cette nouvelle étude montre que les traits morphologiques pouvaient donc être différents. Seules des analyses génétiques pourront ainsi déterminer si des ossements dénichés appartenaient bien à cette « troisième humanité » encore méconnue.
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