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France - Cause animale

L’abattage d’un tigre en plein Paris relance le débat sur les animaux de cirque

Un tigre qui s’était échappé d’un cirque à Paris a été abattu par son propriétaire vendredi, un fait divers qui a révolté les défenseurs de la cause animale et relancé le débat sur la présence des animaux captifs dans les spectacles vivants. De nombreux pays ont déjà interdit cette pratique ainsi qu’une soixantaine de communes en France.

Un spectacle de tigres lors d'une représentation du cirque Médrano en octobre 2016 à Lyon.
Un spectacle de tigres lors d'une représentation du cirque Médrano en octobre 2016 à Lyon. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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Un tigre de 200 kg, qui s’était échappé d’un cirque récemment installé dans le 15e arrondissement de Paris, a causé un instant de panique dans ce quartier du sud-ouest de la capitale vendredi 24 novembre en fin d’après-midi, obligeant même la RATP à suspendre un moment le trafic sur une ligne de tramway. L’animal, une femelle âgée de 18 mois dénommée Mevy, a finalement été abattu dans une allée proche du site de France Télévision par son propriétaire, Éric Bormann, lequel s’était muni d’un fusil à pompe, la loi française obligeant les propriétaires de fauves à détenir une arme à feu.

Selon l’auteur des deux coups de feu, l’usage d’un fusil hypodermique – utilisé pour endormir les félins – s’avérait trop risqué, « vu le délai d'action de cette méthode » car les substances anesthésiantes doivent être délivrées par un vétérinaire. C’est alors qu’il s’apprêtait à nettoyer la cage des trois tigres qu’il possède que le propriétaire du cirque a constaté vendredi qu’une porte du sas grillagé de la cage était ouverte, permettant à l’animal de s’échapper. Placé en garde à vue par la police après l’abattage du fauve, Éric Bormann n’excluait pas que la faille dans le système de sécurité ayant permis la fuite de l’animal puisse être un acte de malveillance, d’après un communiqué publié samedi sur la page Facebook du cirque.

La réticence des communes

Hélène Gateau avait alerté la mairie de Paris début novembre.
Hélène Gateau avait alerté la mairie de Paris début novembre. DR

Quoi qu’il en soit, cet épisode malheureux, qui a attristé le monde du cirque ainsi qu’une grande partie de la population mais aussi révolté les défenseurs de la cause animale, a relancé le débat sur les animaux captifs. « J’ai participé à une levée de vétérinaires parisiens qui ont envoyé le 2 novembre une lettre à la maire de Paris, Anne Hidalgo, pour lui demander de refuser les spectacles d’animaux vivants à Paris »se désolait samedi au téléphone la vétérinaire et chroniqueuse télé Hélène Gateau. Cette requête n’avait pas abouti. « Dans un courrier que nous avons reçu le 15 novembre, regrettait la vétérinaire, la mairie de Paris s’est contentée de nous rappeler que tout ce qui avait lieu dans Paris à l'heure actuelle en matière de cirques respectait la législation : des cages aux normes et un suivi vétérinaire appliqué ».

« Sachez qu’au cours des 22 dernières années, a poursuivi Hélène Gateau, pas moins de 300 accidents ont eu lieu avec des animaux sauvages de cirque en Europe : soit une évasion, soit l’attaque du dresseur, de personne du public ou encore le recours à une arme pour tuer un animal ». De nombreux pays – 42 au total dont 19 en Europe – ont d’ores et déjà interdit, partiellement ou totalement, l’utilisation d’animaux sauvages pour des spectacles vivants, le dernier en date étant l’Irlande qui vient de voter récemment, le 8 novembre, une loi interdisant cette pratique dès 2018. Des interdictions au niveau municipal ont déjà lieu aussi en France : on dénombre à l’heure actuelle plus d’une soixantaine de communes à refuser que des spectacles avec des animaux vivants se déroulent sur leur périmètre, un chiffre qui va croissant.

Au niveau national, rien n’est encore décidé mais le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, veut organiser en 2018 un groupe de réflexion sur le bien-être animal, un souhait émis  lors d’une interview sur France Inter lors de laquelle il avait déclaré qu’il n’était « pas favorable à l’idée qu’on fasse du spectacle » avec les animaux en captivité. Cette idée plaît bien aux défenseurs des animaux comme Hélène Gateau mais la chroniqueuse de France 3 émet quand même des réserves que l’on peut comprendre : « dans ce groupe de réflexion, dit-elle, il y aura des philosophes mais a priori il n’est pas prévu en présence de vétérinaires ou d’éthologues. C’est très dommageable car qui mieux que nous pour parler et réfléchir du bien-être animal ? ».

Vers une évolution

Les parcs aquatiques sont également sur la sellette.
Les parcs aquatiques sont également sur la sellette. Arterra/UIG via Getty Images)

Alors que la reproduction des orques et des dauphins en captivité est désormais interdite en France, ce qui signifie à terme la fin des parcs aquatiques, les défenseurs de la cause animale souhaiteraient qu’il en soit de même avec les animaux de cirque. Cette tendance va probablement se renforcer à l’avenir. De plus en plus de cirques présentent désormais des spectacles sans animaux, y compris des institutions comme le Cirque Bouglione qui s’y est résolu, il y a un peu plus d’un an. Reste que le Collectif des cirques, organe qui regroupe environ 250 entités, n’entend pas se laisser faire. En septembre dernier, ils avaient fait part de leur colère devant les interdictions dans certaines communes et dénoncé les attaques contre leur profession par « des groupuscules animalistes ».

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