«Libérez Mathias Depardon», demandent les réseaux sociaux à la Turquie
Depuis plus de deux semaines, le photographe français Mathias Depardon est emprisonné en Turquie, alors qu’il exerçait son activité de journaliste pour la revue National Geographic. Jeudi 25 mai, sa mère manifestait devant l’ambassade turque à Paris pour exiger sa libération alors que les présidents français et turc s’entretenaient, en marge d’un sommet de l’Otan à Bruxelles, de la détention du photojournaliste.
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Depuis plusieurs jours sur Twitter, les hashtags #FreeMathias et #LibérezMathias sont apposés à celui de la #libertédelapresse. Car la presse est en première ligne dans le combat pour mettre fin à la captivité du photographe indépendant.
Sur son Twitter, le site d’information Les Jours compte les journées de détention. « Nous exigeons sa libération » ajoutent Les Jours dans chaque message, tout en appelant le gouvernement français à agir.
Dix-sept jours que le photojournaliste Mathias Depardon est retenu en Turquie. Nous exigeons sa libération. @EmmanuelMacron ? @JY_LeDrian ?
— Les Jours (@Lesjoursfr) 25 mai 2017
Samedi 20 mai, près d’une vingtaine de rédactions, avec lesquelles collaborait Mathias Depardon, signaient une tribune pour obtenir sa « libération immédiate et inconditionnelle ». Le Monde, Libé, Paris Match, entre autres, adressaient un courrier au ministre de l’intérieur turc : « Nous considérons [que Mathias Depardon] devrait pouvoir être autorisé à continuer son travail en Turquie. »
Parmi les signataires de l’appel, des rédactions italienne, allemande, anglaise. Pas de médias turcs cependant. Les médias officiels ne parlent pas de cette affaire, et les médias d’opposition, quant à eux, la traitent très prudemment, sans prendre position. La faute à un climat très répressif à l’encontre des journalistes en Turquie - le pays est 155e dans le classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF).
De la rue aux chancelleries
La mobilisation s'est progressivement déplacée des réseaux sociaux vers la rue, avec une manifestation, jeudi 25 mai, devant l’ambassade de Turquie à Paris. Reporters sans frontières, qui avait signé la tribune de la semaine précédente, était représentée notamment par son secrétaire général Christophe Deloire, qui compare cette détention à une « prise d’otage ».
L’organisation, par la voix du responsable de son bureau Europe de l’Est-Asie centrale, Johann Bihr, décrit une situation « absolument incompréhensible et inacceptable ».
Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l'est-Asie centrale de Reporters sans Frontières
Aux côtés de RSF lors de la manifestation et au centre de toutes les attentions, la mère de Mathias Depardon. Au micro de RFI elle se dit particulièrement inquiète : sans possibilité de s’entretenir avec lui, elle « pense à son moral, mais aussi à son physique ». Depuis près d’une semaine en effet, le photojournaliste refuse de s’alimenter.
La mère de Mathias Depardon est inquiète
Depuis le centre migratoire de Gaziantep où il est détenu, dans le sud-est de la Turquie, il cherche à attirer l’attention, notamment de ses confrères internationaux, qui tweetent et retweetent pour demander sa libération.
My friend, photojournalist @mathiasdepardon in 3rd wk of wrongful detention by Turkey, on hunger strike #freemathias https://t.co/6Q5r6c6hCb
— Matina Stevis (@MatinaStevis) May 24, 2017
Mathias Depardon, our friend and colleague is still in prison in Turkey #FreeMathias @mathiasdepardon @lemondefr @NatGeo https://t.co/K4NT8OmnMz
— Yury Toroptsov (@yuryvostok) May 24, 2017
Sa grève de la faim est aussi un moyen de faire pression sur les autorités turques, qui lui reprochent d’avoir fait la propagande du PKK - Le parti des travailleurs du Kurdistan, est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et l'Union européenne.
Enfin, la question de sa détention a pris des proportions diplomatiques, jeudi 25 mai. Les présidents Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan l’ont évoquée lors d’une rencontre à Bruxelles, en marge du sommet de l’Otan. Le chef de l’Etat turc a promis à son homologue français qu’il examinerait « rapidement la situation ».
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