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1ᵉʳ-Mai en France: après la contestation de la réforme des retraites, que reste-t-il de l'union syndicale?

Il y a un an, le 1ᵉʳ mai 2023, la France était encore traversée par un très vaste mouvement de protestation contre la réforme des retraites. Pendant des semaines, les différentes organisations représentatives des salariés ont appelé à manifester côte à côte. En vain, deux jours plus tard, le Conseil constitutionnel confirmait définitivement la réforme voulue par le gouvernement. Un an plus tard, que reste-t-il de l'unité syndicale ?

Rassemblement du 1er mai (fête du travail), marquant la Journée internationale des travailleurs, à Lille, dans le nord de la France, le 1er mai 2024.
Rassemblement du 1er mai (fête du travail), marquant la Journée internationale des travailleurs, à Lille, dans le nord de la France, le 1er mai 2024. AFP - FRANCOIS LO PRESTI
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« Il faut cesser la stigmatisation populiste des chômeurs » est le titre de cette tribune en date du 18 mars dernier dans le journal Le Monde et signée par les dirigeants des cinq plus grands syndicats de France. Pour Karel Yon, sociologue et chercheur au laboratoire Institutions et dynamiques historiques de l'économie et de la société (IDHES) de Nanterre, c'est une preuve que l'échec du mouvement contre la réforme des retraites n'a pas tué l'unité syndicale.

« On avait coutume d'opposer un pôle dit contestataire à un autre dit réformiste et l'effet principal du mouvement des retraites, c’est d'avoir un petit peu relativisé ces oppositions entre sensibilités syndicales. Et puis l'intersyndicale a continué d'exister, pour la première fois, l'UNSA et la CFDT ont été partie prenante, par exemple, de la grève féministe du 8 mars dernier. »

La nécessité pour les organisations syndicales « de se serrer les coudes »

Pour le sociologue Karel Yon, l'une des nouveautés de ce mouvement lié à la réforme des retraites est qu'y compris une organisation comme la CFDT s'était ralliée à un mot d'ordre de durcir le mouvement, de mettre la France à l'arrêt.

« Et ça, c'est le résultat aussi du fait que, y compris les organisations qui se plaçaient, comme la CFDT, le plus dans une optique de partenariat social avec les employeurs ou le gouvernement, ressentent l'absence de réponse du côté de leurs interlocuteurs, précise le chercheur à l'IDHES. Du côté des employeurs, ça va être le refus de négocier sur les salaires de manière sérieuse ; du côté des pouvoirs publics, ça va être une succession de réformes qui sont présentées comme chaque fois nécessaires pour réduire les dépenses publiques et qui se traduisent par une dégradation des droits des salariés. »

Le sociologue estime que sur tous ces plans, pour les syndicats, quelle que soit leur inclination au dialogue social ou à la contestation, c'est quasi une nécessité vitale pour le syndicalisme -que « l'ensemble des organisations syndicales - et elles en ont bien conscience - doivent se serrer les coudes ».

Une seule et même voix contre l'extrême droite

En cette année électorale, les syndicats parlent aussi d'une seule voix pour désigner un même danger : « L'extrême droite est la pire ennemie des travailleurs et des travailleuses » ou encore « la CFDT a toujours été claire, on ne débat pas avec l'extrême droite, on la combat ». Karel Yon estime que « quand le mouvement syndical avance uni et met au premier plan les questions sociales, les débats nauséabonds sur l’immigration et tous les discours racistes sont complètement invisibilisés ».

Outre les questions sociales - celles des salaires - l'arrivée à la tête des syndicats d'une nouvelle génération, plus jeune, plus féminine, a aussi permis de mettre l'accent sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au travail ou la transition écologique, autant de nouveaux vecteurs de l'unité syndicale.

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