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Sasha Zhoya, la pépite de l’athlétisme français

De mère française et de père zimbabwéen, Sasha Zhoya a grandi en Australie. Il a choisi de courir pour le pays de sa mère et participait les 12-13 septembre à Albi à ses premiers championnats de France Élite d’athlétisme. La médaille était au rendez-vous, ce qui est conforme à la trajectoire déjà jalonnée de records de ce véritable phénomène des pistes et des sautoirs.

L'athlète français Sasha Zhoya.
L'athlète français Sasha Zhoya. RFI / Christophe Jousset
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Il n’a pas l’air plus impressionné que cela ce vendredi 11 septembre à la conférence de presse du centenaire de la Fédération française d’athlétisme. Sur le toit-terrasse du Grand théâtre d’Albi (sud-ouest de la France), Sasha Zhoya est assis à la table de Kevin Mayer et Mélina Robert-Michon, encadré par Jean Galfione et Marie-José Pérec. Quatre figures de l’athlétisme bleu. Tous des champions ou vice-champions olympiques. À 18 ans, avec ses cheveux courts peroxydés, son air tranquille et son regard droit, le jeune homme est à l’écoute. « J’ai bien suivi les histoires qu’ils racontaient et dans ma carrière je veux être comme eux, explique-t-il à RFI. À la conférence de presse du bicentenaire (sic), je veux être à leur place en train de parler de ma carrière et de donner des conseils aux jeunes ».

Si la Fédération a assis Sasha à la table des champions, c’est parce qu’il n’y a pas mieux pour incarner l’avenir. En 2019, il a battu trois records du monde chez les cadets : sur 60 mètres haies, 110 mètres haies et aussi au saut à la perche (5,56 m). Sprinteur, hurdler et perchiste prodige, de quoi bluffer même une triple championne olympique. « Ce que fait Sasha m’intéresse beaucoup parce que ce gamin est extraordinaire, c’est une vraie pépite, dit Marie-José Pérec à RFI. Des comme lui, je n’en ai jamais vu auparavant ».

Le surdoué n’a pas encore choisi la discipline dans laquelle il s’engagera dans les compétitions à venir : il a fait des séances de perche avec Renaud Lavillenie et son entraineur Philippe d’Encausse, il est coaché pour le sprint et les haies par Ladji Doucouré et Dimitri Demonière. Mais Sasha Zhoya se laisse encore un peu de temps avant de choisir son chemin : « Pour l’instant, je ne sais pas trop dans quoi me spécialiser. Je vais attendre le dernier moment pour m’impliquer dans une épreuve, deux si c’est possible. Mais c’est sûr que je ne peux pas continuer les trois à très haut niveau. » Le mieux ne serait-il pas alors de rester polyvalent et même d’envisager le décathlon ? Kevin Mayer, détenteur du record du monde de la spécialité, a renoncé à l’y encourager : « J’allais lui dire ça mais j’ai vu dans une interview qu’il avait dit que c’était trop dur... En même temps, si j’étais aussi fort sur les haies, à la perche et au sprint, peut-être que j’aurais fait comme lui (rires) ! »

Le choix de la France

En janvier 2020, Sasha Zhoya a déjà fait un choix majeur : celui de défendre les couleurs de la France. Un choix parmi trois possibilités. La France donc, pays de sa mère qui est auvergnate. L’Australie, le pays où il est né à Perth en 2002 et où il a passé la plus grande partie de sa vie, ce que l’on perçoit à son léger accent. Et enfin le Zimbabwe, le pays de son père, un professeur de musique qui enseigne aussi en Afrique du Sud. Pourquoi avoir choisi la France ? « Parce que j’ai été élevé par une mère française, j’ai beaucoup de caractéristiques françaises. J’ai voulu lui faire plaisir mais c’est aussi parce que je me sens plus français. » Ce qui ne veut pas dire bien sûr que le métis renie ses autres origines. « Les trois pays sont dans mon cœur. Je tiens autant à la France qu’à l’Australie ou au Zimbabwe. Mon père est professeur de musique au Zimbabwe et en Afrique du Sud. Il me demande de lui donner mes anciens vêtements pour pouvoir les distribuer là-bas. Cela me permet de montrer l’amour que j’ai pour les Zimbabwéens. J’ai passé beaucoup de temps dans ces deux pays africains quand j’étais tout jeune. Maintenant c’est plus difficile avec les entrainements et les cours que je suis. »

Ce dimanche 13 septembre à Albi, Sasha a participé à ses premiers championnats de France « Élite », ceux des grands. Le cri lâché à l’arrivée du 200 mètres a montré une fois encore sa personnalité : le garçon est expressif et fougueux. Malgré une petite douleur au tendon, il est passé à quelques millièmes de seconde d’une retentissante victoire et est reparti avec une médaille d’argent ainsi qu’un nouveau record personnel en 20.68 secondes. Il est maintenant plus rapide que Christophe Lemaitre l’était dans cette catégorie de junior 1ère année. On lui annonce bientôt le record du monde juniors du 110 mètres haies, les 12.99 secondes de Wilhem Belocian. La pandémie et son cortège de compétitions reportées l’ont privé des Championnats du monde juniors initialement prévus en juillet 2020 à Nairobi (Kenya). Mais la saison n’est pas terminée. Le Franco-australo-zimbabwéen sera aux championnats de France juniors les 17-18 octobre à Lens.

On le voit déjà comme un futur grand champion, peut-être l’une des stars des JO de Paris en 2024. Il ne refuse pas tout ce qu’on lui promet. Il dit simplement : « Plus il y a de concurrence, plus il y a d’enjeu, meilleur je suis. »

Propos de Kevin Mayer recueillis en conférence de presse,

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