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Politique, le choix de la semaine

Européennes: Gaza, un thème persistant de campagne qui agite la gauche

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Alors que les questions d’agriculture, du pouvoir d’achat ou de la guerre en Ukraine s’annonçaient comme les thèmes majeurs de la campagne des Européennes, c’est un autre sujet, Gaza, qui depuis plusieurs semaines occupe les discussions. La France insoumise, pourtant distancée dans les intentions de vote, a réussi à imposer cette thématique, aidée par des polémiques à répétition, y compris dans son propre camp.

La tête de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, lors d'une marche de soutien aux Palestiniens depuis le Haut-Commissariat aux droits de l'homme jusqu'au siège de l'ONU, à Genève, le 3 février 2024.
La tête de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, lors d'une marche de soutien aux Palestiniens depuis le Haut-Commissariat aux droits de l'homme jusqu'au siège de l'ONU, à Genève, le 3 février 2024. © AP - Martial Trezzini
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Conférences de Jean-Luc Mélenchon dans des universités annulées, manifestations hostiles en marge des réunions publiques Insoumises, plaintes à répétition et dernièrement convocations pour apologie du terrorisme : c’est une tempête nommée Gaza à laquelle fait face La France insoumise dans cette campagne des Européennes. Mais c’est volontairement que LFI s’y est jetée. Au creux de la vague pour son positionnement jugé a minima insensible lors des attaques du Hamas le 7 octobre dernier, posture qui a définitivement enterré l’alliance des gauches, Les insoumis ont décidé d’en faire au contraire une force. Avec un premier pari stratégique lors du dévoilement de leur liste le 6 mars dernier : la présence en 7ème position de la juriste franco-palestinienne Rima Hassan, voix influente sur le conflit au Proche-Orient.

Rima Hassan, nouvelle égérie insoumise

« Un coup », comme l’on dit, qui a instantanément changé la campagne : les insoumis ont rapidement constaté la popularité de Rima Hassan, notamment dans les électorats que les stratèges de LFI cherchent à mobiliser pour le scrutin : habitants des quartiers populaires, jeunes, et plus largement électeurs sensibles à la cause palestinienne. Le patron du mouvement Manuel Bompard avait d’ailleurs fait ses calculs : « nous sommes la liste qui pâtit le plus de l’abstention, tout point de participation supplémentaire joue en notre faveur. » Rima Hassan devient alors la nouvelle égérie insoumise, mise en avant par Jean-Luc Mélenchon lui-même et faisant de l’ombre à la tête de liste, Manon Aubry.

Un virage stratégique qui fait grincer des dents en interne comme en externe, car le pari est considéré comme risqué. Rien ne dit en effet que l’électorat visé sera au rendez-vous. La direction insoumise le sait et l’assume. « C'est peut-être un moment de bascule », estime ainsi le député LFI Paul Vannier, « nous visons toujours la deuxième place aux Européennes et l'on trouve qu'il y a davantage d'enthousiasme militant ces dernières semaines. »

LFI tente de piéger ses ex-alliés

Mais LFI savoure aussi le piège tendu aux ex-alliés de la Nupes. Face à la pression exercée contre les insoumis, socialistes, écologistes et communistes ont été contraints d’afficher leur solidarité. Tout en pestant en privé contre« une fuite en avant doublée d’une victimisation », qui permet, selon un député PS, « de détourner l’attention des difficultés de la campagne des insoumis ». La liste de Manon Aubry est en effet nettement distancée par celle de Raphaël Glucksmann dans les intentions de vote. Mais LFI voit déjà plus loin et espère consolider son socle électoral en vue de 2027.« Ces Européennes », a d’ailleurs martelé Jean-Luc Mélenchon,« c’est le premier tour de la présidentielle. »

Une contre-offensive venue du camp présidentiel ?

Le mécontentement s'est fait entendre de manière plus forte en fin de semaine avec cette déclaration de la tête de liste communiste aux Européennes, Léon Deffontaines : « La France insoumise est en train de souiller et piétiner le combat palestinien à des fins électorales. Je ne leur pardonnerai jamais. » Une accusation qui a fait bondir dans les rangs insoumis, dont Paul Vannier : « ceux qui parlent d'électoralisme sont des racistes, car pour eux pro-palestiniens = quartiers populaires = musulmans = antisémites, or nous, nous savons faire la part des choses et nous parlons à tout le camp humaniste. » 

Reste que la situation au Proche-Orient pourrait prendre encore de l'ampleur dans le débat électoral des prochaines semaines : le camp présidentiel envisage en effet de placer en position éligible sur la liste des figures de la défense d'Israël, dont Shannon Seban, la présidente du parti Renaissance en Seine-Saint-Denis, terre électorale de La France insoumise.

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