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Les dessous de l'infox, la chronique

Invasion de l’Ukraine par la Russie, le rôle crucial de la désinformation russe

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Alors que l’invasion russe se poursuit en Ukraine, la désinformation joue un rôle majeur dans le conflit. Moscou a utilisé cette arme de guerre hybride en amont de son offensive militaire. Une stratégie informationnelle mise en place par Vladimir Poutine pour appuyer son narratif et justifier cette entrée en guerre.

Le président russe Vladimir Poutine s'adresse à la nation à Moscou, en Russie, le jeudi 24 février 2022. Les troupes russes ont lancé, jeudi 24 février 2022, leur attaque contre l'Ukraine.
Le président russe Vladimir Poutine s'adresse à la nation à Moscou, en Russie, le jeudi 24 février 2022. Les troupes russes ont lancé, jeudi 24 février 2022, leur attaque contre l'Ukraine. © Russian Presidential Press Service via AP
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Dans sa présentation des faits justifiant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le président russe s’emploie surtout à inverser les rôles, faisant passer l’agressé pour l’agresseur. Dans ses derniers discours, Vladimir Poutine se présente en libérateur de l’Ukraine, et pas seulement des provinces séparatistes du Donbass, notamment lorsqu’il affirme ce mercredi 23 février au petit jour sa volonté de « protéger le peuple qui souffre des intimidations et du génocide du régime de Kiev ». Sans nier l’importance des victimes du conflit dans l’est de l’Ukraine, ce narratif du génocide ne repose sur aucune preuve.

Pas plus que l’idée d’une « junte » au pouvoir en Ukraine, comme l'a mentionné l’ambassadeur de Russie à l’ONU, Vassily Nebenzia, puisque le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été élu démocratiquement, sans l’ombre d’un coup d'État. Quand Vladimir Poutine évoque enfin la « dénazification » de l’Ukraine, on est là encore dans un registre qui n’a rien à voir avec la réalité présente. S’il existe en Ukraine, comme dans le reste de l’Europe, des groupuscules extrémistes, le pays n’est pas sous le joug nazi. Ce discours fallacieux est une fabrication. 

Attaques sous faux drapeaux

Pour soutenir cette thèse d’une Russie agressée par l’Ukraine, de nombreuses infox circulent également sur les réseaux sociaux. Parmi les diverses images fallacieuses, il y a notamment ce que l’on appelle des attaques sous faux drapeaux. En l'occurrence, des vidéos diffusées sur les réseaux et censées montrer des violences perpétrées par les Ukrainiens, alors que ce sont en réalité de pures mises en scène. 

Par exemple, une vidéo circule où l’on voit des soldats progresser sur le terrain avec leur blindé. La légende initiale prétend qu’il s’agit de soldats ukrainiens en train d’entrer illégalement sur le territoire russe, non loin de la ville de Mityakinskaya. En réalité, la scène se déroule à 180 kilomètres plus au sud, c’est-à-dire dans une zone contrôlée par les séparatistes pro-russes. Ce qui ôte toute crédibilité au récit d’une opération menée par des soldats ukrainiens. De plus, le véhicule utilisé, un BTR-70M, ne correspond pas à l’équipement de l’armée ukrainienne. Des faits rétablis grâce aux recherches d’experts en sources ouvertes, comme notamment le collectif Bellingcat

 

La communauté Osint sur le front face à la désinformation

Sur les réseaux sociaux, Twitter en tête, les experts de la communauté Open Source Intelligence (Osint), utilisent les logiciels libres et les sources ouvertes  pour démêler le vrai du faux. Ils recourent notamment à des outils de géolocalisation précise, d’analyse des métadonnées, de détection de modifications visuelles et ou sonores. Un contrepoids de taille face à cette désinformation de masse.  

Cette désinformation est parfois encore plus bas de gamme. Une autre vidéo montre la carcasse d’une voiture civile, prétendument détruite par un engin explosif ukrainien. C’est en tout cas ce qu’avance l’agence de presse des séparatistes pro-russes de la république populaire de Donetsk. À l’intérieur du véhicule, on retrouve des restes humains, dont un crâne très proprement scié en deux. Preuve pour de nombreux experts qu’il s’agit d’un corps préalablement autopsié, et non pas d’une victime récente. Une désinformation « low-cost » et décomplexée.

Censure et propagande

Le récit véhiculé par ces vidéos truquées est repris par les médias officiels comme l’agence Tass, et les médias russes et transnationaux Sputniknews et RT. Ensemble, ils participent à instaurer le même narratif. Le gendarme russe de l’internet, « Roskomnadzor », précise : « les médias sont tenus d’utiliser les informations qu’ils reçoivent uniquement de sources officielles russes », sous peine de sanctions. Il n’y a donc aucune place pour un récit indépendant, tout est verrouillé. 

Cette désinformation et cette propagande profitent d’un contexte de brouillard informationnel, où le déversement d’informations rend leur vérification difficile. Une aubaine pour inonder d’infox Telegram, TikTok, Twitter et les autres réseaux sociaux. La guerre rend désormais ce travail encore plus difficile sur le terrain.

Un des objectifs de cette désinformation massive, c’est aussi de convaincre l’opinion publique russe du bien fondé de cette invasion. Malgré tout, le jeudi 24 février, plusieurs manifestations ont eu lieu en Russie pour s’opposer à cette guerre, donnant lieu à de nombreuses arrestations.

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