Accéder au contenu principal
Le monde en questions

Mariage pour tous en Grèce, une décision historique?

Publié le :

Cette semaine, zoom sur le vote qui s’est déroulé ce jeudi 15 février à Athènes. L’Assemblée nationale a adopté à une large majorité, mais après des débats houleux, le droit au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels. Et la question de cette chronique est la suivante : avec ce vote, la Grèce est-elle en train d’opérer une petite révolution sociétale ?

Explosion de joie à l'annonce de l'approbation du projet de loi autorisant le mariage homosexuel lors d'un rassemblement sur la place centrale Syntagma, à Athènes, en Grèce, le jeudi 15 février 2024.
Explosion de joie à l'annonce de l'approbation du projet de loi autorisant le mariage homosexuel lors d'un rassemblement sur la place centrale Syntagma, à Athènes, en Grèce, le jeudi 15 février 2024. AP - Michael Varaklas
Publicité

La Grèce est un pays méditerranéen, membre de l’Union européenne, mère historique de la démocratie. Mais la Grèce contemporaine est aussi un pays où le modèle de société, notamment en ce qui concerne la famille, reste assez traditionnel, avec une Église orthodoxe encore très puissante, et il n’y a pas d’ailleurs de véritable séparation entre l’église et le pouvoir politique.

Certes, il y avait eu en 2015 une première avancée avec la possibilité d’une union civile entre personnes de même sexe. Mais le mariage, et à fortiori le droit à l’adoption et la reconnaissance de droits homoparentaux, c’était une autre histoire.

Un projet de loi porté par un Premier ministre de droite 

Et le paradoxe, c’est que c’est un Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, qui a porté ce texte. Il l’a fait en partie pour ancrer un peu plus la Grèce dans le camp des pays les plus progressistes en termes de valeurs européennes au sein de l’Union. À un moment où le Parlement européen vient de s’alarmer « des menaces très graves qui pèsent sur la démocratie, l'État de droit et les droits fondamentaux en Grèce », en particulier la liberté de la presse.

C’est donc un Premier ministre de droite qui fait adopter un texte progressiste avec les voix de la gauche, un peu comme cela s’était produit en France avec la loi Veil sur l’avortement. C’est notamment le parti Syriza qui a permis l’adoption du texte, une formation dont l’actuel dirigeant est le premier politique grec ouvertement homosexuel.

À lire aussiLe Vatican se justifie pour les bénédictions de couples homosexuels

Les débats ont été longs, houleux et passionnés entre les opposants et les partisans de cette « loi pour l’égalité civile », y compris au sein même du parti de Monsieur Mitsotakis, Nouvelle démocratie. Une partie des députés a même refusé de voter.

Premier pays chrétien orthodoxe 

Au final, le texte a été largement adopté par le Parlement monocaméral, la « Vouli ». L’opposition acharnée de l’Église orthodoxe, dont se réclament plus de 90 % des Grecs, n’aura rien pu empêcher. Et au-delà de ce texte, c’est aussi une forme d’émancipation laïque du pays qui se manifeste.

En tout cas, une décision courageuse pour le Premier ministre grec, qui songe aussi à en tirer profit sur le plan européen, pour l’image de son pays à l’étranger, et pour la sienne sans doute, au cas où il penserait à des fonctions européennes à l’avenir.

Pour toutes les personnes concernées, c’est bien sûr un moment historique. Désormais, elles ont non seulement les mêmes obligations, mais aussi les mêmes droits que les autres citoyens. Et la Grèce devient le 17ᵉ pays de l’Union européenne à autoriser le mariage pour les couples de même sexe, le 37ᵉ dans le monde, et, plus symboliquement, le 1ᵉʳ pays chrétien orthodoxe.

À lire aussiGrèce: adoption au Parlement du droit au mariage pour les homosexuels

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.