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Le monde en questions

Crise en Haïti, l'impasse totale?

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Retour sur la situation plus que préoccupante en Haïti. Le pays peut-il espérer retrouver un peu de stabilité ?

Les restes calcinés de véhicules brûlés près d'un garage à Port-au-Prince, Haïti, le 25 mars 2024.
Les restes calcinés de véhicules brûlés près d'un garage à Port-au-Prince, Haïti, le 25 mars 2024. © Clarens Siffroy / AFP
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La réponse est plutôt non, malheureusement. Du moins, pas à court terme. Haïti est gangréné depuis des années par la corruption, la délinquance extrême de gangs violents, l’instabilité politique, la pauvreté et les catastrophes naturelles. Une situation qui n’a cessé d’empirer ces derniers mois, avec un phénomène marquant : la montée en puissance, qui semble irrépressible, de gangs de plus en plus armés et qui ont accru leur domination territoriale. Accru et même transformé en une domination sociale, économique et même policière ou militaire.

Ce phénomène n’est pas nouveau, mais désormais, il est omniprésent, interdisant l’essentiel des quartiers de Port-au-Prince, la capitale, aux forces de l’ordre. Depuis l'époque des Duvalier père et fils, la classe politique et les milieux d'affaires ont utilisé, instrumentalisé ces groupes délinquants pour asseoir leurs intérêts politiques et économiques. 

Pendant des années, la relation, perverse et cynique, était donc relativement claire. Une relation en quelque sorte employeur-employé. Mais le ver était dans le fruit, et peu à peu, la relation s'est inversée, pour en arriver à la situation ubuesque que nous observons aujourd'hui. 

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Des gangs professionnalisés et qui visent la conquête du pouvoir

Ces gangs haïtiens se sont professionnalisés, d'un point de vue logistique, organisationnel et opérationnel. Et désormais, ils ont un objectif clairement politique. Après la démission contrainte du Premier Ministre Ariel Henry il y a trois semaines, ils veulent non seulement imposer leur agenda politique, mais même participer concrètement au pouvoir politique, voire à l'exercer tout simplement.

C'est notamment l'ambition du groupe « Viv Ansanm » (« Vivre ensemble », en créole haïtien), qui a fédéré plusieurs gangs puissants et dont le leader, Jimmy Chérizier, surnommé Barbecue, explique sans rire que ce sont eux qui pourront rétablir la sécurité et la prospérité des Haïtiens.

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Forts de ces atouts, ces gangs ont désormais un objectif qui va au-delà de la défense de leurs intérêts ; la conquête du pouvoir politique, ni plus ni moins. Et pour l’instant, les admonestations de la communauté internationale, notamment les États-Unis et la France, n’y changent rien. Ni non plus les sanctions adoptées il y a plus d’un an par l’ONU contre les leaders de ces groupes, ou en tentant d’imposer un embargo sur les ventes d’armes en Haïti.

Le pays, dont les institutions sont à terre, risque de passer en coupe réglée sous la férule impitoyable des gangs.

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