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Le monde en questions

Quel enjeu pour l’élection présidentielle en Égypte?

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Cette semaine, Le monde en questions évoque l’élection présidentielle qui se déroule en Égypte du 10 au 12 décembre. Avec à la clef une très probable reconduite au pouvoir du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 2014. Et la question posée est la suivante : quel est l'enjeu d'un scrutin dont le résultat est écrit d'avance ?

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors d'une conférence de presse au Caire en Égypte, le 25 octobre 2023.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors d'une conférence de presse au Caire en Égypte, le 25 octobre 2023. © AP / Christophe Ena
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D'un point de vue strictement politique, l'enjeu est effectivement inexistant. Il est absolument certain que Abdel Fattah al-Sissi sera réélu pour un troisième mandat à l'issue de cette élection présidentielle. Pour rappel, lors des deux précédents scrutins, en 2014 et 2018, il avait obtenu respectivement 97 et 96 % des suffrages exprimés. On sera sans doute dans cet ordre de grandeur pour celui qui débute ce 10 décembre.

Presque 13 ans après la révolution qui avait chassé du pouvoir Hosni Moubarak, l'Égypte, ce géant du monde arabe avec une population de 105 millions d'habitants, se retrouve dans une situation comparable, voire pire selon certains experts, en termes de gouvernance et de non-respect des droits de l'homme. Des milliers de personnes sont détenues pour des motifs politiques. Les candidats qui voulaient, malgré une forte répression, se présenter contre al-Sissi en ont été empêchés, à l'exception de trois candidats fantoches proches du régime. En bref, on est dans un scrutin organisé par une dictature qui fait à peine semblant de préserver une façade démocratique. Un bilan politique préoccupant, mais la situation est également critique en économie.

Les secteurs rentables toujours contrôlés par l'armée

La monnaie égyptienne a été plusieurs fois dévaluée cette année. Le FMI reste réticent à débloquer une nouvelle tranche de trois milliards de dollars sans la mise en œuvre de réformes libérales, qui dans premier temps vont aggraver la précarité de millions de personnes. L'équation est délicate...

D'autant qu'en Égypte, c'est l'armée qui a conservé la mainmise sur les secteurs rentables de l'économie comme le commerce fluvial – après l'élargissement du canal de Suez en 2015 – ou encore le tourisme, sans parler des projets pharaoniques lancés par al-Sissi. Notamment la construction en cours d'une capitale administrative à moins de 50 km du Caire, surnommée ironiquement « Sissi City » par de nombreux Égyptiens.

Une absence d'alternative politique

Qu'en est-il du positionnement diplomatique de l'Égypte ? C'est l'un des points forts du maréchal al-Sissi, et il en joue abondamment. L'Égypte demeure un pays incontournable dans la région et les événements de Gaza ont encore renforcé ce statut. Du coup, les grandes puissances ménagent ce dictateur par souci de realpolitik. D'abord parce que c'est lui ou le retour au pouvoir des Frères musulmans, proches du Hamas – inenvisageable pour les capitales occidentales. D'autant que l'activisme des groupes islamistes reste problématique dans le Sinaï. Ensuite, parce que les intérêts économico-militaires restent trop forts entre le Caire et l’Occident.

En résumé : une élection jouée d'avance et dont le véritable enjeu sera le taux de participation plus que le résultat lui-même, qui reconduira al-Sissi au pouvoir jusqu’en 2030. Les libertés publiques et individuelles, ainsi que le niveau de vie de millions d'Égyptiens, attendront. Sauf si cette marmite sociale se met à déborder.

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