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France: le gouvernement lance des «assises de lutte contre l’antisémitisme»

Le gouvernement français a lancé lundi 6 mai des « assises de lutte contre l'antisémitisme ». Convoquées par la ministre en charge de l'Égalité, Aurore Bergé, ces rencontres devraient durer deux mois et interviennent après une flambée en 2023 des actes antisémites en France, bondissant de près de 1 000 % en France depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas

La ministre déléguée à l'Égalité Aurore Berge arrive au siège du parti Renaissance à Paris, le 30 avril 2024.
La ministre déléguée à l'Égalité Aurore Berge arrive au siège du parti Renaissance à Paris, le 30 avril 2024. © Julien de Rosa / AFP
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Lors d’une table ronde, la ministre de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé a lancé ces assises avec les responsables de plusieurs associations (Crif, UEFJ, SOS Racisme...) et les représentants des principaux cultes. « À travers ces assises, j'ai décidé de créer un espace de dialogue » pour « donner la voix à toutes celles et tous ceux qui subissent les conséquences concrètes des amalgames, des postures, des tentatives de récupération », a affirmé la ministre.

Il s'agit avec ces assises d'« établir ensemble, sans esprit de polémique », un « minimum commun sur lequel il ne devrait jamais être possible de transiger ». Cela pour « retrouver le sens des mots et la voie de la raison », a ajouté Mme Bergé.

« Les actes antisémites ont explosé »

La réunion était ponctuée de témoignages vidéo de victimes de l'antisémitisme : une enfant racontant qu'une autre n'a pas voulu partager sa chambre parce qu'elle était juive, une jeune femme insultée dans le métro ou un étudiant visé par un salut nazi.

Le nombre d'actes antisémites recensés en France a presque quadruplé l'an dernier, à 1 676 contre 436 en 2022, selon l'Intérieur. Depuis le 7 octobre (date de l'attaque du Hamas contre Israël) « les actes antisémites ont explosé », a affirmé la ministre en déplorant que « la haine ordinaire, alimentée par les extrêmes, se déverse sur les réseaux sociaux, mais aussi dans nos rues, dans nos écoles, dans nos universités ».

La fondatrice du collectif « Nous vivrons » Sarah Aizenman espère obtenir « des mesures phares », pour « lutter contre l'antisémitisme à l'ancienne, celui de l'extrême droite, mais aussi contre l'antisémitisme moderne qui se cache sous le nouveau visage de l'antisionisme ».

On en attend des prises de position claires et on en attend des mesures phares. Aujourd'hui, nous, on considère qu'il convient de lutter contre l'antisémitisme à l'ancienne, celui de l'extrême droite, mais aussi contre l'antisémitisme moderne qui se cache sous le nouveau visage de l'antisionisme. Et c'est une nouvelle donne qui doit être prise en considération juridiquement. Cette initiative, pour nous, est une ressource d'espoir. Ça veut dire que le gouvernement prend toute la mesure de la montée de l'antisémitisme, [que le gouvernement] a bien en tête qu’aujourd’hui, les Français juifs se sentent en insécurité, que ce sont eux qui payent le plus lourd tribut de ce que certains politiques aujourd'hui s'amusent à faire en attisant la haine, en soufflant sur les braises. Plus 1 000 % d'actes antisémites, ce n’est pas anodin. Ce ne sont pas que des chiffres en fait, ce sont des vies derrière. Et donc nous, on a beaucoup d'attentes. Il s'agit d'avoir aujourd'hui une posture ferme sur le sujet de la lutte contre l'antisémitisme, que les agresseurs aient bien conscience de ce qu'ils encourent et que les victimes soient également bien conscientes de leurs droits.

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On «attend des mesures phares» à la fois «contre l’antisémitisme à l’ancienne» et contre le «moderne qui se cache sous le nouveau visage de l’antisionisme», explique Sarah Aizenman, fondatrice du collectif «Nous Vivrons»

Frédérique Genot

Si les actes antisémites ont bondi de 1 000 % en France, ils sont parfois violents, mais aussi souvent plus insidieux. C’est ce qu'explique cet étudiant juif membre de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) qui souhaite rester anonyme.

J'ai constaté l'apparition beaucoup plus régulière d'antisémitisme insidieux qui consiste à prêter des intentions ou des idées à tous les juifs et notamment à tous les jeunes juifs. Et ça se manifeste de manière parfois assez discrète, mais assez violente, qui consiste en fait dans la disparition du débat. La disparition de l'intérêt même à ce que moi je peux penser, quelle peut être mon opinion, en me prêtant des opinions diverses et variées, qu'elles soient les miennes ou pas, mais en tout cas en présupposant ce que je vais penser et ce que je vais pouvoir avoir envie de dire sur le conflit israélo-palestinien ou sur Israël. Mais vraiment, je constate une détérioration de la qualité des échanges et du débat parmi les mouvements de jeunesse, et plus exactement une vraie polarisation qui préfère les postures sensationnalistes toutes blanches, toutes noires, assez manichéennes, au débat en fin de compte, au dialogue, au "Soyons d'accord ou ne soyons pas d'accord, mais parlons-nous".

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Lors des assises, des jeunes juifs comptent dénoncer « l’apparition beaucoup plus régulière » d’un « antisémitisme insidieux qui consiste à prêter des intentions ou des idées à tous les juifs et notamment à tous les jeunes juifs », explique un membre de l’UEJF

Pierre Olivier

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