Accéder au contenu principal

Nouvelle-Calédonie: journée de mobilisation à haut risque à Nouméa

Deux escadrons de gendarmes ont été envoyés en renfort en Nouvelle-Calédonie pour le week-end. Le territoire français du Pacifique est sous haute tension, à la veille de deux manifestations ; indépendantistes et loyalistes défileront chacun de leur côté, samedi 13 avril. Les autorités appellent au calme, mais la colère monte autour des négociations en cours visant à élargir le corps électoral.

Affrontements entre manifestants et gendarmes français en marge de la visite du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti et de la vice-ministre de l'outre-mer Marie Guevenoux, à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 21 février 2024.
Affrontements entre manifestants et gendarmes français en marge de la visite du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti et de la vice-ministre de l'outre-mer Marie Guevenoux, à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 21 février 2024. AFP - DELPHINE MAYEUR
Publicité

Deux camps politiques se confrontent en Nouvelle-Calédonie et seront dans la rue samedi 13 avril. Au cœur de cette crispation, la réforme du corps électoral. Le gouvernement français veut l'élargir et revenir sur la règle qui exclut les nouveaux arrivants des élections. Établi en 1998 par l'accord de Nouméa, le corps électoral de ce scrutin est en effet gelé, ce qui a pour conséquence de priver de droit de vote près d'un électeur sur cinq. Cela représente aujourd'hui 45 000 citoyens français.

Cette réforme a été approuvée le 2 avril au Sénat, et elle prévoit de permettre à tous les natifs de Nouvelle-Calédonie, ainsi qu'aux résidents installés depuis au moins dix ans, de voter aux élections provinciales. Ces élections sont cruciales en Nouvelle-Calédonie, où les provinces détiennent une grande partie des compétences sur le territoire. En donnant le droit de vote aux personnes nées ou domiciliées en Nouvelle-Calédonie depuis 10 ans, sur un territoire qui compte 270 000 habitants, l'équilibre électoral serait donc profondément modifié.

À lire aussiNouvelle-Calédonie: loyalistes et indépendantistes à nouveau face-à-face

Assez technique, cette révision constitutionnelle exacerbe les tensions entre loyalistes, opposés à l'indépendance, et indépendantistes. Les partisans de l'indépendance estiment que la réforme pourrait jouer en leur défaveur et les marginaliser encore plus. En Nouvelle-Calédonie, les autochtones Kanaks représentent 40% de la population. Ils sont donc minoritaires depuis les années 1970, sous l'effet de l'immigration métropolitaine.

Agnès Kawamoto, 39 ans, indépendantiste native, estime que cette réforme vise à « minoriser encore plus le peuple autochtone kanak » et qu'il aurait fallu parler « d'abord du contenu d'un accord (institutionnel) global » avant d'aborder la question spécifique du corps électoral, « pas l'inverse ». Les loyalistes, eux, approuvent une mesure qui renforce leur citoyenneté. Le prochain scrutin provincial est censé se tenir avant le 15 décembre 2024.

Le projet de loi doit être adopté dans les mêmes termes à l'Assemblée nationale à Paris, avant d'être approuvé par tous les parlementaires réunis en Congrès à Versailles au début de l'été, aux trois cinquièmes des suffrages exprimés.

Comment en est-on arrivé là ?

Avec notre correspondante à Nouméa, Charlotte Mannevy

Drapeaux au vent - bleu blanc rouge pour les uns, frappé de la flèche faitière sur fond rouge, vert et bleu pour les indépendantistes - ce sont deux communautés qui ne se parlent plus depuis des mois qui se font face. Le déclencheur ? La modification du corps électoral aux élections provinciales qui va bouleverser les équilibres entre populations autochtones et arrivées de plus fraîche date. Le tout alors que la Calédonie fait face à une situation sociale et économique explosive. L'extraction de nickel qui fait vivre l'archipel est en grande difficulté.  

Les leaders politiques, eux, font monter la pression. L'ex-secrétaire d'État non-indépendantiste Sonia Backès a appelé à «foutre le bordel». La cellule indépendantiste de coordination des actions de terrain, la CCAT a, lors de sa dernière conférence de presse, accueillie les journalistes avec une hache plantée dans une urne. Référence à une image devenue culte pour la jeunesse indépendantiste, celle de l'instituteur Éloi Machoro brisant une urne en plein milieu des élections provinciales déjà contestée de 1984. Celles-là mêmes qui ont déclenché la guerre civile. Eloi Machoro en a payé le prix fort. Il a été tué quelques mois plus tard par l'armée française.  

À lire aussiNouvelle-Calédonie: le report des élections provinciales adopté au Parlement

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.