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France / Guyane

Après l'échec des discussions avec Paris, le blocage continue en Guyane

La grève est reconduite en Guyane. Après l'échec des négociations avec le gouvernement français, le collectif contestataire exige désormais 2 milliards et demi d'euros immédiatement, pour mettre fin au mouvement social. Le gouvernement maintient son offre : une enveloppe d'un peu plus d'un milliard d'euros. Les barrages vont se durcir.

Davy Rimane, du collectif «Pou La Gwiyann dékolé», s'adresse à la foule depuis le balcon de la préfecture pour annoncer que la lutte continue. Cayenne, le 2 avril 2017.
Davy Rimane, du collectif «Pou La Gwiyann dékolé», s'adresse à la foule depuis le balcon de la préfecture pour annoncer que la lutte continue. Cayenne, le 2 avril 2017. jody amiet / AFP
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Avec notre envoyé spécial à Cayenne,  Pierre Olivier

Cela fait quinze jours, et il va falloir tenir encore, composer avec les barrages routiers qui empêchent de se déplacer et les pénuries de produits alimentaires frais. Pour les Guyanais, l’enjeu dépasse ces désagréments.

« On vit dans la terreur ! On est tous à mettre des alarmes chez nous, à mettre des grilles. C’est insupportable. Aujourd’hui, vous entendez, c’est le peuple qui s’est soulevé, c’est le peuple qui parle ! On va continuer le combat, et jusqu’au bout. On ne lâchera rien ! », confie une protestataire.

Changement de règles ce lundi en Guyane

Jusqu’à présent, les habitants qui tiennent ces barrages - quelques barrières et des pneus au milieu de la route - laissaient passer pendant certains créneaux les voitures et les camions. Mais dès ce lundi, les règles changent : impossible maintenant de passer, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit.

Cela s’applique aux voitures des particuliers, mais également à tous les camions qui transportent des marchandises, denrées alimentaires, essence et même les véhicules de police. Seules deux exceptions : les ambulances et la presse.

« Les barrages seront vraiment bloqués »

Pour se faire entendre, les représentants des collectifs, comme Olivier Goudet, comptent bien renforcer le mouvement. « Nous appelons la population à se mobiliser encore plus fortement. Donc les barrages seront vraiment bloqués. Rien ne passera », assure-t-il.

Face au risque de pénuries en tous genres, la population s’organise. Koulani est enseignant. Il ne peut plus aller travailler, mais apporte tous les jours un soutien matériel aux grévistes : « Moi, j'ai ma paye. Je vais sur les barrages, je fais des cours, j’amène de l’eau, j’amène du temps. »

« Regardez dans ma main, ajoute-t-il, je suis venu avec des gâteaux que j’ai distribués à des partenaires qui étaient là en train de faire la grève ! Donc voilà, on est organisés. On sait comment les choses fonctionnent, donc pour le moment ça va. »

La fusée Ariane 5 reste au hangar

Les employés des hôpitaux se relaient pour aller chercher leurs collègues de l’autre côté des barrages. Mais en ce qui concerne l’alimentation et l’essence, la situation devient plus tendue. Certains étals sur les marchés sont vides et des files d’attente se forment devant les stations-service.

Air France a annulé son vol direct ce lundi au départ de Paris en raison des problèmes de ravitaillement en carburant à Cayenne. Air Caraïbes propose un vol dans la matinée. La fusée Ariane 5, pour sa part, restera encore au hangar. Une manifestation est annoncée mardi à Kourou, près du site de lancement de la fusée européenne.

Réunion ce lundi et conseil des ministres mercredi à Paris

Dans le mouvement, la motivation reste intacte. Cela sera peut-être déterminant pour tenir sur la durée. Tous les protestataires s’apprêtent à tenir au moins trois jours, jusqu’au Conseil des ministres de mercredi à Paris, où seront actées les premières mesures pour la Guyane.

De retour de Cayenne, la ministre française des Outre-mers, Ericka Bareigts, participe ce lundi après-midi à une réunion à Matignon, autour du Premier ministre Bernard Cazeneuve, avec plusieurs autres membres du gouvernement - notamment le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl, qui s'était aussi rendu sur place.

A l'issue de cette réunion, Bernard Cazeneuve a rejeté la demande « irréaliste » des meneurs du mouvement social en Guyane, de porter à 2,5 milliards d'euros le plan d'urgence du gouvernement, en appelant à « poursuivre les fils du dialogue » après l'échec des négociations. 

reportage à Cayenne
01:14

«Avec dignité, avec responsabilité, et surtout avec classe, on leur a dit non»

Pierre Olivier

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