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France / Climat

Climat des villes: comment éviter l’effet fournaise

A chaque épisode de canicule, on le constate, les villes deviennent invivables. Des chercheurs de 60 pays sont réunis à Toulouse pour mettre en commun les solutions afin de faire baisser le thermomètre en milieu urbain. La 9e conférence internationale sur le climat urbain (ICUC9) préconise notamment de miser sur la végétation.

Le thermomètre frôle les 40° C à Lyon, le 16 juillet 2015.
Le thermomètre frôle les 40° C à Lyon, le 16 juillet 2015. AFP PHOTO / Philippe Desmazes
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Au fur et à mesure que le changement climatique s’affirme, les vagues de chaleur font souffrir les habitants des villes où vit plus de la moitié de la population mondiale. Pour comprendre le phénomène et tenter de l’atténuer, quelque 600 scientifiques venus de 60 pays, à l’initiative de Météo France, sont réunis du 20 au 24 juillet 2015 à Toulouse pour la 9e conférence internationale sur le climat urbain (ICUC9). 

Cette rencontre, qui a lieu tous les trois ans, est l’occasion de présenter la recherche sur l’impact du climat sur les villes. Cette année l’accent sera mis sur « l’adaptation des villes au changement climatique et notamment sur la réintroduction de la végétation en milieu urbain ». Pas de projets genre « guerre des étoiles », non, mais de bonnes idées qui ont fait leur preuve ailleurs et qui ne demandent qu’à être partagées.

L’îlot de chaleur urbain

D’abord un constat : les climatologues étudient depuis plus de 40 ans le phénomène de « l’îlot de chaleur urbain » qui aggrave en ville les effets d’une vague de chaleur. « Si les températures sont supérieures en ville à celles des campagnes voisines », ce n’est pas tant comme on pourrait le croire « lié à la production de chaleur des activités humaines », explique à l’AFP Valéry Masson, directeur de recherche de l’équipe climat de Météo France à Toulouse.   

Cette différence est surtout due « à la chaleur emmagasinée dans la journée par la pierre et le bitume qui empêche l’air de se refroidir la nuit ». En période canicule persistante, la situation empire de jour en jour. « On a constaté, remarque Valéry Masson, sur une ville comme Paris, un îlot de chaleur de 8 degrés d’écart par rapport à la campagne ».

Plus l’épisode se poursuit, plus les conséquences sur la santé s’accumulent. « Les gens n’arrivent pas à récupérer la nuit, la déshydratation progresse et avec elle, décrit le chercheur, la mortalité des personnes vulnérables ». En 2003, le long épisode caniculaire de juillet a été à l’origine d’une surmortalité évaluée à près de 15 000 selon une étude l’Inserm.

Eau et verdure

L’enjeu est donc vital pour enfin parvenir à faire baisser la température des villes devenues parfois de véritables fournaises. L’expérience de Séoul est à ce titre intéressante qui dans les années 2000, en rendant à l’air libre une rivière couverte depuis 40 ans par une autoroute à deux niveaux, a recréé un véritable poumon dans la capitale coréenne.  Depuis, la rivière Cheonggyecheon est devenue un lieu de promenade très prisé.

Cette initiative coréenne fait immanquablement penser à la Bièvre, petit cours d’eau francilien, affluent de la Seine, tout aussi radicalement enfoui sous le pavé parisien et dans les égouts… Mais qui dit eau, dit végétaux et les climatologues vont profiter de la conférence de Toulouse pour redire tout le bien qu’ils pensent de l’implantation de parcs dans les villes.

La communication des Australiens, spécialistes de l’équilibre entre choix des végétaux et gestion de l’eau, est donc très attendue. Beau pour les yeux, bon pour la santé. « La végétalisation a des retombées bénéfiques sur le stress et les arrêts maladie des populations », confirme le directeur de recherche de l’équipe climat de Météo France. 

Bonnes idées d’ici et d’ailleurs

Les scientifiques vont s’intéresser également aux prévisions de températures, un  outil indispensable pour mieux appréhender et anticiper le changement climatique en ville. Ils suivent avec un intérêt particulier une expérience en cours à Toronto, au Canada, où à l’occasion des Jeux Panaméricains on évalue des prévisions avec une précision étonnante à 250 mètres, contre 1 000 mètres généralement.

Autre facteur déterminant de la température des villes, la ventilation. En Allemagne, dans la ville de Stuttgart, cette donnée est bien intégrée puisqu’un météorologiste fait partie de l’équipe municipale et donne son avis sur l’implantation des bâtiments et leur influence sur la ventilation de l’agglomération. Certaines cités comme Tokyo ou Hong Kong, rappelle Valéry Masson, sont d’ailleurs en train de démolir des immeubles de grande hauteur implantés en front de mer pour permettre une meilleure ventilation.  

Le programme de la conférence de Toulouse comporte aussi l’examen d’une habitude japonaise qui consiste à faire baisser la température des villes par l’arrosage des rues. Une communication très attendue devrait permettre d’évaluer cette expérience et éventuellement, la reproduire. A noter que la Ville de Paris teste ce procédé dans quelques rues et que cette pratique est déjà rapportée au XVIIIe siècle en Arabie, par un certain M. Niebuhr, ingénieur allemand et grand voyageur. 

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