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France / Santé

Les malades de la thyroïde inquiets de ne pas trouver leur traitement vital en France

En France, 3 millions de malades de la thyroïde doivent prendre chaque jour du Lévothyrox pour traiter leur pathologie. Or, depuis quelques semaines, cette spécialité fabriquée par les laboratoires Merck Serono, s’avère difficile à trouver dans les pharmacies. L’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) a alerté le ministère de la Santé qui assure n’avoir observé « aucune rupture d’approvisionnement ». Ce que l’AFMT conteste.

La France compte trois millions de malades souffrant d'hypothyroïdie ou opérés d'un cancer de la thyroïde qui doivent prendre chaque jour des hormones thyroïdiennes.
La France compte trois millions de malades souffrant d'hypothyroïdie ou opérés d'un cancer de la thyroïde qui doivent prendre chaque jour des hormones thyroïdiennes. GETTY/ Michael Nitzschke
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« Jamais nous n’aurions cru cette situation possible en France », s’étonne l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) dans un courrier adressé cette semaine à la ministre de la Santé, Marisol Tourraine. La responsable de l’association, Chantale Garnier, a ainsi donné l’alerte sur la difficulté que rencontrent depuis le mois de juin plusieurs malades pour se procurer du Lévothyrox. Ce médicament est indispensable chaque jour en France aux 3 millions de patients atteints d’hypothyroïdie ou opérés d’un cancer de la thyroïde. 

Un équilibre délicat à maintenir

« La survie des malades dépend de la prise quotidienne de cette hormone », explique Chantale Garnier qui a elle-même rencontré des difficultés à trouver le fameux Lévothyrox. Ce médicament est vendu en plusieurs dosages (de 25 à 200 microgrammes) et avec les tensions actuelles, on ne trouve pas forcément celui qui correspond à sa prise quotidienne. « Alors, on jongle entre les comprimés sécables pour adapter ce que le pharmacien a en stock à notre prescription », regrette-t-elle. Or, une petite variation de dosage peut entraîner d’importantes conséquences chez les patients et déséquilibrer un traitement.

Dans la réponse publiée ce jeudi, la ministre de la Santé s’est employée à rassurer les malades. « Aucune rupture d’approvisionnement n’a été observée, même si quelques difficultés locales de disponibilités sont décrites », concède Marisol Touraine. Pour l’AFMT, la réalité est quelque peu différente puisque les laboratoires Merck Serono ont reconnu un manque d’approvisionnement venu d’Allemagne. « D’ailleurs, précise Chantale Garnier, on a appris que des stocks de Lévothyrox ont été commandés en Italie ces jours-ci pour pallier les problèmes rencontrés en France. »

Cette demande pose d’autant plus question à la responsable de l’AFMT qu’il existe en France un stock de sécurité destiné justement à éviter de telles ruptures d’approvisionnement et que ce stock « n’a pas été utilisé à ce jour », a souligné de son côté la ministre de la Santé. En attendant, l’usine allemande qui fournit la base du Lévothyrox fait tourner ses machines à plein régime, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Mais malgré ce coup de collier, le retour à la normale ne se fera pas avant le mois de novembre, voire à la fin de l'année, croit savoir Chantale Garnier.

Un surcoût pour l’assurance maladie

Le coût du Lévothyrox n’est pas en cause dans ce dysfonctionnement. C’est en effet un médicament déjà ancien et bon marché ; une boîte coûte entre deux et quatre euros. Mais il n’en est pas moins quasi irremplaçable et « notre survie en dépend », insiste Chantale Garnier. De plus, sa substitution par un générique, au demeurant à peine moins cher de quelques centimes, n’était jusqu’à présent pas recommandée par les autorités de santé à cause du risque d’instabilité de concentration de l’hormone dans l’organisme. Faute de traitement, les effets se font vite sentir. Cela peut aller d’une très grande fatigue aux troubles cardiaques… Dans l’urgence, et pour ne pas aggraver la situation, l’agence du médicament demande aux pharmaciens de ne commander que les quantités strictement nécessaires à leurs patients.

Par ailleurs, les malades sont priés de se rendre chez leur médecin traitant chaque mois (au lieu de trois normalement). En outre, ils doivent s’attendre à subir des tests sanguins de vérification plus fréquents pour s’assurer que les variations de dosage du Lévothyrox qu’ils peuvent avoir subies n’ont aucune conséquence sur leur santé. « Autant d’actes supplémentaires qui auront un coût pour l’assurance maladie », remarque Chantale Garnier. 

Ces dernières années, les pharmaciens sont confrontés de plus en plus souvent à des ruptures de stock de diverses spécialités. Ainsi, en début d’année 2013, près d’une soixantaine de médicaments ne pouvaient être livrés aux officines. En réalité, chaque jour 5% des médicaments commandés par les pharmacies sont en rupture de stock. Et pour la moitié, l’indisponibilité dépasse les quatre jours. Toutes les classes de médicaments peuvent être concernées : antiallergiques, antibiotiques, antiulcéreux, antihypertenseurs… La faute, explique l’Académie nationale de pharmacie, à la complexification de la chaîne de fabrication du médicament. Aujourd’hui, quatre produits sur cinq sont fabriqués et les approvisionnements sont devenus longs et complexes.

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