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Ukraine / Russie

Mer d'Azov: à Moscou on accuse Porochenko de jeter de l’huile sur le feu

Il existe une menace de « guerre totale » avec la Russie : ce sont les déclarations dramatiques du président ukrainien Petro Porochenko, trois jours après l’incident maritime qui a opposé les deux pays au large de la Crimée. Selon le président ukrainien, la Russie a augmenté « drastiquement » sa présence militaire dans la péninsule annexée en 2014, en mer d’Azov, et aux frontières. A Moscou, on accuse déjà le président ukrainien de vouloir jeter de l’huile sur le feu, à des fins politiques.

Le président ukrainien Porochenko (image d'illustration). Pour les Russes, Petro Porochenko «veut engranger le maximum de bénéfices de l’incident qu’il a lui-même provoqué».
Le président ukrainien Porochenko (image d'illustration). Pour les Russes, Petro Porochenko «veut engranger le maximum de bénéfices de l’incident qu’il a lui-même provoqué». REUTERS/Michael Dalder
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Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot

Les ténors du parti au pouvoir en Russie s’indignent des propos du président ukrainien et dénoncent la volonté de Petro Porochenko de vouloir attiser la crise. Pour le sénateur Alexei Pouchkov, ce dernier « veut engranger le maximum de bénéfices de l’incident qu’il a lui-même provoqué ».

Depuis dimanche et le début de la crise, Moscou accuse le président ukrainien de vouloir utiliser ce bras de fer à des fins électorales. En mars 2019 doit avoir lieu l’élection présidentielle en Ukraine et Petro Porochenko est en très mauvaise position dans les sondages. Pour les autorités russes, le président ukrainien espère, avec cette crise, regagner la confiance de ses électeurs, ou même, dans le pire des cas, annuler ou retarder le scrutin présidentiel.

Pour Vladimir Poutine, sans surprise, c’est Kiev qui est à l’origine de toute l’affaire, orchestrée à des fins électorales explique le chef du Kremlin qui s’exprimait ce mercredi à l’occasion d’une conférence économique organisée à Moscou. A aucun moment durant sa réponse de plusieurs minutes, le président russe ne prononce le nom de son homologue ukrainien. Et pourtant, aux yeux de Vladimir Poutine, c’est bien Petro Porochenko qui est l’instigateur de l’incident maritime du détroit de Kertch : « C’est sans aucun doute une provocation. Une provocation organisée par le gouvernement ukrainien, et par le président actuel. Nous sommes à quelques mois de l’élection présidentielle en Ukraine, et le président est je crois en 5e position dans les sondages. Il devait faire quelque pour chose créer des difficultés à ses adversaires. Cette provocation a servi de prétexte pour imposer la loi martiale. Je voudrais d’ailleurs attirer votre attention sur le fait que les marins ukrainiens qui sont entrés dans les eaux territoriales russes n’ont pas répondu aux avertissements de nos garde-côtes. Et qu’ils ont commencé à se diriger tout droit vers le pont. Comment nos garde-côtes auraient-ils dû réagir ? S’ils avaient fait autre chose, ils auraient été poursuivis en justice. Ils ont rempli leur devoir militaire, ils ont rempli leur devoir qui consiste à protéger l’intégrité territoriale de notre pays. »

La rencontre Trump-Poutine au G20 menacée ?

Cela ne fait cependant aucun doute aux yeux du porte-parole du Kremlin : « La rencontre [entre Donald Trump et Vladimir Poutine au G20 à Buenos Aires, ndlr] est décidée, nous n’avons aucune autre information de nos collègues américains », a notamment déclaré Dmitri Peskov. Le Kremlin ne semble guère s’inquiéter pour le moment des répercussions diplomatiques que pourraient avoir l’incident de Kertch, et la montée des tensions avec l’Ukraine.

Pourtant, cette rencontre entre le président russe et son homologue américain est très attendue à Moscou. En raison du nombre important de sujets qui devait être abordé, mais aussi de l’espoir, non pas d’un réchauffement des relations avec Washington, mais en tous cas d’un échange et d’un dialogue qui permettrait de faire retomber la tension entre les deux pays.

De ce point de vue, l’incident de Kertch tombe au pire moment. Ce qui nourrit d’ailleurs ici en Russie, l’argument selon lequel c’est l’Ukraine qui a provoqué à dessein cet incident maritime. Les autorités russes et les média pro-Kremlin n’ont cessé depuis dimanche d’accuser Kiev et le président Petro Porochenko de dramatiser la situation, et de vouloir profiter de l’incident pour isoler encore davantage la Russie.

C'est un conflit qui est promis à durer très longtemps.

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Cyrille Bret, professeur de relations internationales à Sciences Po, spécialiste de la Russie

Béatrice Leveillé
Carte de la mer d'Azov.
Carte de la mer d'Azov. carte: studio graphique FMM

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