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SERBIE/KOSOVO

Pas d’accord entre la Serbie et le Kosovo à Bruxelles

Le Kosovo et la Serbie n’ont toujours pas trouvé d’accord à Bruxelles, au terme de la huitième séance d’un « dialogue » mené sous l’égide de l’Union européenne. La rencontre du 2 avril 2013 devait être décisive et le processus de « normalisation des relations » entre la Serbie et son ancienne province semble désormais en panne. Dans ce dossier, le plus grand perdant est certainement l’UE elle-même qui avait engagé sa crédibilité régionale sur ce dialogue.

Des soldats allemands de la Kfor, la mission de l'Otan au Kosovo, montent la garde près du village de Jagnjenica, au nord du Kosovo, près de la frontière avec la Serbie, le 6 décembre 2011.
Des soldats allemands de la Kfor, la mission de l'Otan au Kosovo, montent la garde près du village de Jagnjenica, au nord du Kosovo, près de la frontière avec la Serbie, le 6 décembre 2011. Reuters / Djordje Kojadinovic
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De notre correspondant à Pristina,

Ce devait être le « Jour J », scellant la conclusion d’un accord historique de « normalisation des relations » entre le Kosovo et la Serbie. Au bout d’une longue séance marathon de 14 heures de négociations, les délégations de Belgrade et de Pristina se sont séparées sur un constat d’échec, peu après minuit.

Comme l’on pouvait le craindre, les négociations ont achoppé sur l’étendue de l’autonomie reconnue aux Serbes du nord du Kosovo. Belgrade revendiquait la création d’une « Union des communes serbes du Kosovo », disposant de larges compétences dans les domaines de la police et de la justice. Pristina excluait cette option, craignant qu’une telle forme avancée d’autonomie ne revienne à entériner la partition territoriale du Kosovo, et ne voulait envisager d’une « intégration » des Serbes du Kosovo.

« Sur certains points, les positions sont encore très éloignées, mais des progrès ont été effectués durant ces négociations », a déclaré le Premier ministre serbe Ivica Dačić, en s’adressant aux journalistes à l’issue de la rupture des négociations. Son homologue du Kosovo, HashimThaçi a déploré « le manque de réalisme » et « la rigidité » de Belgrade dans ce dernier round de négociations.

Les deux Premiers ministres ont néanmoins affirmé qu’ils restaient, l’un comme l’autre, ouverts au dialogue, et que celui-ci pourrait reprendre « dès la semaine prochaine ». La haute représentante pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, semble pourtant avoir exclu cette perspective, en répétant que les négociations de ce 2 avril étaient les « dernières rencontres formelles ». Toute la journée, la chef de la diplomatie européenne avait alterné les séances plénières et les rencontres bilatérales avec chacune des deux délégations. Tout en déplorant que « les positions demeurent toujours très éloignées », Catherine Ashton semblait la plus pessimiste.

Les perspectives d'adhésion à l'UE s'éloignent

A priori, l’échec de ce 2 avril sonne le glas des espérances de la Serbie d’obtenir, dès ce printemps, une date d’ouverture des négociations d’adhésion européenne. L’UE a, certes, fait de la « normalisation des relations » entre Belgrade et Pristina une condition à la poursuite du processus d’intégration de la Serbie, mais de nombreux autres dossiers ont été évoqués ces dernières semaines, notamment sous la pression de l’Allemagne, rendant très aléatoire la poursuite de ce processus.

Les dirigeants de Belgrade sont d’anciens nationalistes devenus des chantres passionnés de l’intégration européenne, mais cette perspective n’enthousiasme plus guère l’opinion serbe, qui contemple avec effroi la crise frappant l’Union européenne -tout particulièrement certains voisins de la Serbie, comme la Grèce, la Bulgarie ou la Slovénie. Les dirigeants de Belgrade savaient donc que de trop grands compromis justifiés par la « perspective européenne » du pays ne pouvaient pas passer.

Pas de « plan B »

Du côté du Kosovo, il en va de même. Le Premier ministre Hashim Thaçi se réjouissait encore, mardi soir, de la « convergence » entre les positions de Pristina, de l’Union européenne et des Etats-Unis, mais le petit pays, qui n’a pas encore effectué le moindre pas dans le long processus d’intégration européenne, n’avait pas forcément grand-chose de concret à attendre en cas de succès des négociations avec Belgrade, tandis que l’opinion albanaise demeure très mobilisée sur le risque d’une sécession du Nord.

Dans ces conditions, les deux délégations peuvent -au moins provisoirement- rentrer chez elles en affirmant, l’une comme l’autre, qu’elles ont fait preuve de « bonne volonté » mais de « fermeté sur les principes ». Le plus grand perdant est certainement l’Union européenne elle-même qui avait beaucoup engagé sa crédibilité régionale sur le succès de ce dialogue et semble désormais en panne de stratégie. Hormis le maintien cahin-caha du statu quo, il n’y a pas de « plan B » pour améliorer les relations entre Belgrade et Pristina.

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