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Serbie / Kosovo

Jour J pour la Serbie et le Kosovo

Ce mardi 2 avril, ce sera leur 8ème face à face sous l'égide de l'Union européenne. Les chefs des gouvernements serbe et kosovar, Ivica Dacic et Hashim Thaci se retrouvent à Bruxelles. A priori, c’est le jour J puisque les deux pays devraient parapher aujourd’hui un accord permettant la « normalisation » de leurs relations.

La ville de Mitrovica est le symbole du conflit ethnique entre Serbes et Kosovars.
La ville de Mitrovica est le symbole du conflit ethnique entre Serbes et Kosovars. REUTERS/Hazir Reka
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La Serbie et le Kosovo ont entamé en 2011 un dialogue mené sous l’égide de l’Union européenne. Dans un premier temps, il s’agissait d’un dialogue purement « technique », supposé résoudre des problèmes facilitant la vie quotidienne des citoyens. Une seconde étape a commencé au printemps 2012, quand le dialogue est entré dans une phase « politique ». Les Premiers ministres de Serbie et du Kosovo, Ivica Dacic et Hashim Thaçi, se sont rencontrés à sept reprises dans le bureau de Catherine Ashton, la Haute représentante européenne pour les Affaires étrangères. La huitième rencontre, ce mardi 2 avril, est supposé apporter la « conclusion » à ce dialogue.

Il n’est toutefois pas question d’envisager une reconnaissance mutuelle, puisque Belgrade conteste toujours l’indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province. En fait, l’Union européenne, qui est elle-même divisée sur le sujet, puisque 5 de ses 27 Etats membres ne reconnaissent pas non plus l’indépendance du Kosovo, réclame seulement une « normalisation » des relations entre Belgrade et Pristina. Cette « normalisation » achoppe sur la question difficile du secteur serbe du nord du Kosovo, qui ne reconnaît pas l’autorité de Pristina et se trouve donc en état de sécession virtuelle.

Les termes de l'accord

A priori, les Européens veulent offrir une formule supposant l’octroi d’un statut d’autonomie pour cette région serbe et, celle-ci, en échange, accepterait de reconnaître formellement l’autorité de Pristina. Les négociations bloquent depuis plusieurs semaines sur l’étendue de l’autonomie qui pourrait être reconnue : Pristina craint en effet que de trop larges compétences ne soient un prélude à une sécession de la région. Samedi encore, des manifestations ont eu lieu à Mitrovica pour dénoncer tout accord avec Belgrade. Côté serbe, les plus pessimistes pensent que l’autonomie qui sera offerte au Nord sera encore plus limitée que celle que proposait le plan de l’émissaire des Nations unies, Martti Ahtisaari, rejeté par Belgrade en 2006. Lundi après-midi, les Serbes du nord du Kosovo ont encore bloqué le poste frontière de Jarinje pour rappeler leur opposition à tout accord qui remettrait en cause leur lien avec la Serbie. Malgré ces fortes oppositions, les diplomates européens se montrent très confiants d’arriver à un accord.

La diplomatie européenne gagnante

Les Européens répètent naturellement qu’il n’y aura pas de perdant, et que les deux parties ont intérêt à trouver un accord. Pour Pristina, les enjeux sont majeurs : la normalisation des relations avec Belgrade pourrait permettre au petit pays d’être enfin véritablement intégré sur la scène internationale. Pour Belgrade, l’enjeu est simple : c’est l’octroi d’une date d’ouverture des négociations d’adhésion européenne. Les dirigeants serbes essayent de dramatiser au maximum l’enjeu depuis plusieurs semaines, en affirmant que, faute d’accord, tout le processus d’intégration européenne du pays pourrait être bloqué pour plusieurs années. Paradoxalement, le dialogue avec le Kosovo est entré dans sa phase décisive après la formation d’un nouveau gouvernement dominé par d’anciens nationalistes devenus passionnément « pro-européens ». Pourtant, cette perspective mobilise de moins en moins l’opinion publique serbe qui regarde avec effroi la crise de l’Union européenne. En réalité, le principal gagnant d’un éventuel accord sera probablement la diplomatie européenne qui pourra ainsi démontrer qu’elle n’a pas complétement perdu sa capacité d’initiative dans les Balkans occidentaux.

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