C’est un événement historique. Après de longues années à demander l’ouverture des entrailles du mausolée de Franco, les associations ont obtenu gain de cause. Ce mausolée, Valle de los Caidos, se trouve dans un cirque montagneux à environ 50 km à l’ouest de Madrid. Des milliers de cadavres s’y trouvent. Jusqu’alors, les résistances étaient trop fortes pour que les archéologues et les médecins légistes puissent y œuvrer et pourtant, la décision est tombée : il va enfin pouvoir être ouvert.
L'exhumation des restes a été rendue possible grâce à l’acharnement d’associations qui luttent pour la récupération de la mémoire historique. Après la guerre civile espagnole, qui s’est terminée en 1939, des centaines de milliers de victimes se trouvent dans des fosses communes, un peu partout dans tout le pays. Le Valle de los Caidos fait partie de ces endroits spécifiques, où de nombreuses victimes du conflit se trouvent, à la pelle, balancées comme des animaux. Au total, les estimations parlent de 30 000 cadavres, qui sont aussi bien des victimes du camp franquiste que du camp républicain. Mais cette réouverture est surtout le fruit du travail d’une famille en particulier.
Déterrer un parent pour dresser une sépulture digne
Ce n’est pas la seule famille qui le souhaite, mais c’est celle qui a réellement permis de briser le cadenas. Il s’agit d’une sexagénaire, Maria Purification Lapeña. Son grand-père, Antonio, ainsi que le frère de celui-ci, Manuel, y gisent quelque part. Depuis 6 ans, à travers une association, Maria Purification Lapeña s’est battue jour après jour pour obtenir l’autorisation de les exhumer.
Concrètement, sur le site, des archéologues et des médecins légistes sont présents sur les lieux, sur le point de pouvoir enfin, 50 ans après la mort du dictateur, remuer cette terre qui n’est rien d’autre qu’une immense fosse commune.
Des résistances teintées de nostalgie
Et s’il a fallu attendre aussi longtemps, c’est que justement, cet endroit est le mausolée de Franco. Il faut imaginer une esplanade, un couloir souterrain et une crypte sous laquelle repose l’ancien Caudillo, qui avait fait construire cet endroit incroyable 20 ans avant sa mort. Or, en Espagne, le rapport à Franco est encore très délicat. Une partie de l’Espagne le déteste, une autre s’en moque, mais une autre encore est nostalgique ou en tout cas ne veut pas que l’on touche à ce monument. Ce serait comme une sorte de sacrilège. Ce sont tous ces gens qui ont fait barrage. Et notamment l’abbé catholique voisin du mausolée, mausolée qui est dans sa propriété. Un abbé qui est resté nostalgique de ce régime qui se disait national catholique.
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