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Culture / Mode / France / Allemagne

Jean Paul Gaultier se confie sur ses débuts: «Mon passeport pour être accepté»

C’est un dessin de la « honte » qui l’a fait devenir couturier et l’une des seules stars mondiales de la mode. Pour voir les nouvelles créations de cette légende vivante de la haute couture, il faut aller à Berlin. Jean Paul Gaultier a conçu les 500 costumes osés et extravagants du nouveau spectacle du Friedrichstadt-Palast, « The One Grand Show », avec plus de 100 artistes venant de 26 pays. Une méga-production de 10 millions d’euros sur la plus grande scène de théâtre du monde. Entretien.

Le couturier Jean Paul Gaultier, créateur de costumes pour « The One Grand Show » au Friedrichstadt-Palast, à Berlin.
Le couturier Jean Paul Gaultier, créateur de costumes pour « The One Grand Show » au Friedrichstadt-Palast, à Berlin. Rainer Torrado
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RFI : À quand remonte votre intérêt pour ce type de spectacle ?

Jean Paul Gaultier : Depuis l’enfance. Je me souviens avoir vu à la télévision… Ma grand-mère me laissait regarder la télévision. Je devais avoir 9 ans à peu près. Ils avaient montré la première de la revue des Folies Bergère, simplement un extrait, avec l’ouverture. Je me souviens que j’avais vu, descendant des cintres, deux girls qui étaient avec des plumes ! Et des strass ! Et des collants résille ! J’avais trouvé ça fantastique.

Le lendemain j’avais dessiné ça à l’école. Je me souviens que l’institutrice l’avait vu. Elle était furieuse. Elle m’avait fait lever, mis le dessin dans mon dos et fait faire le tour des classes pour me faire honte. Mais il s’est passé l’inverse ! Avant, j’étais rejeté parce que je ne jouais pas bien au football, là, d’un seul coup, en voyant mes dessins, tous les autres élèves m’ont dit : oh, fais-moi un dessin ! Fais-moi un dessin… Je pense que ça a déterminé un peu le fait de dessiner. En fin de compte, c’était ça mon passeport pour être accepté, dirons-nous.

Donc ça a aussi déclenché votre carrière ?

Tout à fait. J’ai commencé d’ailleurs à habiller mon ours en mon ours de revue. Tout ça, j’ai toujours aimé ça. Même dans mes défilés, ça a toujours été un peu comme un spectacle ! Tout simplement parce qu’au travers justement même par la mode on peut montrer une façon de vivre, un mode de vie, une attitude aussi de la femme notamment et de l’homme, qui dépeint peut-être l’époque. Et là, le fait d’avoir arrêté mon prêt-à-porter après quand même presque quarante ans de carrière : 38 ans, voilà, je donne une partie de mon temps au spectacle. Et j’adore ça ! Je dois dire que c’est une expérience formidable, 500 costumes, ça ne m’a pas fait pas peur.

Parlez-nous de ce spectacle The One Grand Show au Friedrichstadt-Palast de Berlin.

C’est fabuleux parce que je réalise en quelque sorte un rêve. Je ne vivais pas à Berlin. J’y suis venu beaucoup de fois et je dois dire qu’à chaque fois c’était vraiment un plaisir de voir aussi l’énergie qu’il y a. En plus, c’est un lieu qui a existé au début du siècle dernier. Donc Mistinguett y est allée, Joséphine Baker… C’est un endroit qui en plus montre aussi l’esprit berlinois. Berlin ce n’est pas l’Allemagne. Berlin c’est Berlin. Là, c’était pour moi assez excitant de m’inspirer - dans ce que j’ai montré ­- aussi de personnages de Berlin, par exemple Klaus Nomi, Nina Hagen, mais aussi des graffitis qu’il y avait sur le mur de Berlin et donc d’en faire des costumes. Le côté cabaret aussi que l’on connaît. Tout ça m’a influencé pour en faire quelque chose de contemporain.

Est-ce qu’il y a un costume que vous préférez parmi tous ceux que vous avez dessinés ?

Ah, ah ! Il y en a un qui aurait pu être sulfureux, mais qui en fin de compte est au résultat assez beau. Je l’appellerais « Lèvres de feu ». Donc c’est un personnage à la fois romantique, comme une espèce de merveilleuse de l’époque des Incroyables et des Merveilleuses. C’est réalisé avec de la dentelle et aussi avec des poupées gonflables. C’est un personnage assez hallucinant. Mais le mélange en donne… Pourquoi c’est mon préféré ? Parce qu’au total ça donne quelque chose de très romantique et un peu abstrait, un peu comme un rêve. Alors qu’au départ j’étais parti sur des choses très terre à terre et presque à la limite du vulgaire. Et puis, en fin de compte, j’étais très content que ce ne soit plus du tout des poupées gonflables, mais que ça devienne des créatures étranges et presque surnaturelles.

Quelles directives avez-vous reçues pour les costumes ? Aviez-vous une entière liberté ?

Entière liberté. Totale liberté ! Et ça, c’est fabuleux ! Pour la mode, on a des règles : des règles de portabilité, des règles d’industrialisation, des règles de fabrication et aussi de connexion avec le moment, avec l’époque, puisque c’est ça qui est censé être la mode. Même si on a un style, il y a quand même une collection avec la portabilité d’aujourd’hui et les demandes d’aujourd’hui. Là, c’était plutôt la fantaisie. Donc ça veut dire liberté totale. Et ils m’ont laissé la liberté absolue. Ce qui est absolument génial. Donc c’est une expérience fantastique.

THE ONE Grand Show, revue au Friedrichstadt-Palast, Berlin, jusqu’au juin 2017

 

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