Harvey Weinstein plaide non coupable de viol et d'agression sexuelle

Aux Etats-Unis, Harvey Weinstein a plaidé ce mardi 5 juin non coupable suite aux deux inculpations pour agression sexuelle et viol prononcées il y a dix jours. Le producteur déchu fait pour le moment face à deux accusatrices, mais plus de 80 femmes ont fait savoir qu’elles avaient été victimes, et des procédures sont ouvertes à Los Angeles et Londres.

Harvey Weinstein au tribunal de Manhattan, le 5 juin 2018. Steven Hirsch/Pool via REUTERS

Avec notre correspondant à New York,  Grégoire Pourtier

Costume et cravate sombres sur une chemise blanche, la démarche hésitante, Harvey Weinstein s’est présenté mardi matin devant un tribunal de New York. D’une voix à peine audible, il a sans surprise plaidé non coupable pour chacune des trois charges qui pèsent sur lui depuis son inculpation le 25 mai.

Le juge et l’avocat de Weinstein se sont par ailleurs entendus pour prévenir toute fuite concernant l’identité de la plaignante encore anonyme qui accuse l'ancien producteur star de Hollywood de viol en 2013, alors que le camp Weinstein affirme qu’ils entretenaient en fait une relation consentie depuis 10 ans. L’autre femme concernée, elle est connue. Il s'agit de Lucia Evans. En 2004, alors qu'elle espérait devenir actrice, elle aurait été contrainte de lui faire une fellation.

Après l’audience, Ben Brafman, le défenseur de Weinstein, a demandé à ce que la présomption d’innocence de son client soit respectée. Cette affaire fait la Une des journaux depuis les révélations en octobre dernier des comportements présumés du producteur. Elle est également à l'origine du mouvement #MeToo qui met en lumière les abus sexuels.

Le procès à New York est censé se tenir à partir du 28 septembre prochain. En cas de condamnation, Weinstein risquerait jusqu'à 25 ans de prison. En attendant, il est toujours en liberté grâce au paiement d’une caution de 1 million de dollars, assorti du port d’un bracelet électronique et d’une limitation de ses déplacements.

Dans le contexte actuel, il est possible qu'il soit condamné. Si les hommes puissants ont longtemps pu se sentir protégés, l'émergence du mouvement #MeToo a changé la donné. Pour se défendre, Harvey Weinstein a donc fait appel à Ben Brafman, un avocat rompu à ce genre de combats difficiles, dont la spécialité est de discréditer les victimes présumées ou les témoins de l'accusation.

Me Ben Brafman, l'homme de la situation

Ce mardi, c'est lui qui a fait face à la presse au nom d'Harvey Weinstein sur le perron du tribunal de Manhattan. Ben Brafman est un atout non négligeable pour le producteur.

Chevelure poivre et sel identifiable, avocat de plusieurs célébrités, il est bien connu aux Etats-Unis, mais aussi en France puisque c'est lui qui avait défendu avec un certain succès Dominique Strauss-Khan quand celui-ci avait été arrêté à New York en 2011.

Dans l'affaire du Sofitel, les charges pénales contre l'ancien directeur du FMI avait été abandonnées au bout de trois mois, et un accord financier avait clôturé le volet civil. Mais ce dossier est encore plus compliqué.

Car même si elles ne sont que deux plaignantes à New York, des dizaines de femmes ont dénoncé les abus de Weinstein. Et dans le contexte du mouvement #MeToo, il sera difficile de toutes les discréditer si certaines d'entre elles viennent témoigner.

L'opinion semble avoir déjà condamné Weinstein. En revanche, si certains pensent qu'il pourrait finalement négocier un accord de plaider coupable, Me Brafman semble décidé à se battre.

D'autant que l'avocat va avoir face à lui un revanchard, à savoir le procureur Cyrus Vance, sur qui il avait pris le dessus lors de l'affaire DSK en 2011, et qui ne l'a jamais digéré.

G.P.