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Etats-Unis

Charlotte sous tension après la mort d’un Afro-Américain tué par un policier

Charlotte, une ville de Caroline du Nord sur la côte Est des Etats-Unis, est sous tension depuis quatre jours, après la mort d’un homme noir tué mardi par un policier. Depuis mardi, les nuits de cette ville de 800 000 habitants étaient marquées par les affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, mais celle de jeudi à vendredi a été plus calme.

Le 22 septembre 2016 à Charlotte, les manifestants réclament les vidéos du meurtre de Keith Scott.
Le 22 septembre 2016 à Charlotte, les manifestants réclament les vidéos du meurtre de Keith Scott. REUTERS/Mike Blake
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Mardi et mercredi soir, les manifestations pacifiques avaient dégénéré, malgré les appels au calme de la famille de la victime : tentatives de bloquer une autoroute, pillages, dix-huit blessés parmi les forces de police et neuf parmi les habitants. Un mort également, un civil. Quarante-quatre personnes ont été arrêtées dans la nuit de mercredi à jeudi.
Le gouverneur de Caroline du Nord a alors décrété l’état d’urgence, et déployé la Garde nationale et la police autoroutière - soit plusieurs centaines d’hommes pour appuyer la police locale. Le maire de Charlotte a, de son côté, instauré un couvre-feu entre minuit et six heures du matin.

Une nuit moins tendue

Si les forces de l’ordre étaient plus nombreuses, elles se sont aussi faites plus discrètes. Et lorsque les habitants ont continué à manifester après le début du couvre-feu, elles ne les en ont pas empêchés, ce qui a évité des heurts supplémentaires. Il y a quand même eu quelques affrontements lorsque plusieurs dizaines de personnes ont commencé à bloquer une autoroute.

Si la nuit a été plus calme, c’est aussi parce que les manifestants avaient en partie obtenu ce qu’ils demandaient : que les deux vidéos prises par les caméras que portaient les policiers lors de la mort de Keith Lamont Scott soient rendues publiques. Ça n’a pas été le cas, mais dans la journée de jeudi sa famille a pu y avoir accès, ce qui était aussi une demande des manifestants.

La mort de Keith Lamont Scott

Comment Keith Lamont Scott est-il mort ? C’est toute la question. Les policiers étaient près du campus de l’université de Caroline du Nord pour procéder à une arrestation lorsqu’ils affirment avoir vu Keith Lamont Scott quitter un véhicule une arme à la main. Ils se dirigent vers ce Noir de 43 ans, qui serait alors retourné vers sa voiture et n’aurait pas lâché son arme malgré leurs demandes. Et c’est là qu’un des policiers – Noir lui aussi – l’abat, car il représentait « un danger immédiat pour les officiers de police ».

Mais la famille de ce père de famille de sept enfants affirme qu’en fait de pistolet, il tenait à la main un livre, ce que plusieurs témoins confirment. Nous n’avons pas trouvé de livre sur les lieux, mais bien un pistolet certifie la police.

Deux versions totalement différentes donc, c’est pour cette raison que les vidéos étaient très attendues, même si elles proviennent des caméras des collègues du policier qui a tiré< - lui n’en portait pas.

Le chef de la police de Charlotte-Mecklenburg avait déjà affirmé que les vidéos n’offraient pas de preuve visuelle indiscutable que la victime pointait une arme. La famille de Keith Lamont Scott a pu les visionner ce jeudi. Pas d’arme visible dans les vidéos, affirme l’avocat de la famille Scott qui précise que la victime « a les bras le long du corps, son comportement est calme ».

Un noir à nouveau abattu par un policier

Ce nouveau meurtre d’un Noir par un policier survient dans un contexte bien particulier, qui permet de comprendre pourquoi les manifestations ont dégénéré. Ces dernières années de nombreux noirs, parfois non armés, ont été tués par des policiers dans différentes villes du pays.

La semaine dernière encore à Tulsa, dans l’Oklahoma, un autre afro-américain avait été abattu par une policière alors qu’il était sans armes et avait les mains en l’air.
A Charlotte même, en 2013, un policer avait tué de douze balles un noir non armé, Jonathan Ferrell, dont le procès avait finalement été annulé. Selon un activiste local, les dernières manifestations viennent aussi de toute la frustration accumulée par la population noire depuis la mort de Ferrell.

Et c’est ce que disait les pancartes des manifestants de Charlotte hier soir : « Arrêtez de nous tuer », alors qu’un manifestant affirmait que « les vies noires ne comptent pas dans ce pays, nous nous rassemblons pour qu’elles comptent ».

Le président du groupe des élus noirs au Congrès américain parle lui de « crise nationale » : « Toutes les semaines, nous avons des policiers qui tirent. Les élus noirs ne peuvent plus supporter ça, et nous ne sommes pas convaincus par le travail du ministère de la Justice ».

La réaction des candidats à la présidentielle

Le candidat républicain Donald Trump a estimé que la drogue était « un facteur très important dans ce qu’on voit à la télévision », dans ce qui était manifestement une allusion à Charlotte. Il a également affirmé que son adversaire démocrate Hillary Clinton avait une part de responsabilité dans ces évènements, car elle soutient, selon lui, ceux qui affirment que la police américaine serait raciste. Hillary Clinton a déploré de son côté que « trop d’Afro-Américains ont perdu la vie, et trop ont le sentiment que leur vie ne compte pas ».

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