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Nigeria

Nigeria: de très (trop) chers députés et sénateurs

Les représentants de la Chambre et les membres du Sénat nigérians sont parmi les parlementaires les mieux payés au monde. Au Nigeria, #Open NASS, une campagne médiatique sur les réseaux sociaux, dénonce leurs exorbitants salaires et demande plus de transparence dans le budget annuel de l’Assemblée nationale nigériane et du Sénat.

Des députés nigérians saluent la victoire du nouveau porte-parole de l'Assemblée nationale du Nigeria, Hon Yakubu Dogara, à Abuja, le 9 juin 2015.
Des députés nigérians saluent la victoire du nouveau porte-parole de l'Assemblée nationale du Nigeria, Hon Yakubu Dogara, à Abuja, le 9 juin 2015. REUTERS/Afolabi Sotunde
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Près de 12 000 euros par mois, soit environ 31 millions de nairas annuels, voilà ce que gagnent les députés et sénateurs nigérians. Cette paie mensuelle fait d’eux les parlementaires les mieux payés d’Afrique, et ils comptent parmi ceux les mieux payés du monde, devant leurs homologues français, britanniques, israéliens ou suédois. Ils gagnent plus que le Premier ministre du Royaume-Uni par an, et, chaque mois, plus du double de ce que perçoit leur président nouvellement élu Muhammadu Buhari (5 000 euros).

S’ajoutent à ce salaire des primes pour leur garde-robe, leur logement, leur ameublement, l’achat d’un véhicule. Pour ses frais d’habillement, par exemple, un député nigérian reçoit environ 1 635 euros par mois, et un sénateur, un peu plus de 2 000 euros, selon le site Quartz Africa. Avec 109 sièges au Sénat et 360 à la Chambre des représentants, ce sont donc au total quelque 38,4 millions d’euros qui seront alloués aux parlementaires uniquement pour leur garde-robe durant leur mandat.

La promesse de plus de transparence

Pourtant, au Nigeria, le salaire minimum mensuel est de 81 euros par mois environ (un peu moins de 216 000 nairas par an). Et près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté nationale. De quoi offusquer plus d’un contribuable nigérian.

Ainsi est née la campagne #Open NASS sur les réseaux sociaux au Nigeria, NASS étant l’acronyme de National Assembly, le Parlement nigérian, composé de la Chambre des représentants et du Sénat. #Open NASS, lancée en avril 2015, au moment de la dernière élection présidentielle, par BudgIT, une entreprise militant pour le droit des citoyens nigérians à connaître les budgets publics, prône une baisse des salaires des parlementaires et plus de transparence dans le budget de la NASS (120 milliards de nairas en 2015, soit près de 540 millions d’euros).

Cette campagne bénéficie déjà du soutien de Bukola Saraki, le nouveau président du Sénat, qui a laissé deux messages encourageants sur Twitter. « Durant les élections, les Nigérians se sont exprimés sur leur besoin de responsabilité et de transparence à tous les niveaux. C’est pourquoi je soutiens #OpenNASS », a-t-il écrit début mai. Et ce mardi 23 juin 2015, il a publié avec le hashtag OpenNASS : « Le Sénat va installer une commission ad hoc pour réévaluer la structure du budget du Parlement et la rendre publique ».

Pas de précédent

Fin 2010 déjà, le montant des salaires des parlementaires nigérians avait créé un tollé national alors que les Nigérians venaient à peine d’obtenir, après une grève et des mois de négociations, la revalorisation de leur salaire minimum de… 240 %, passant de 34 à 81 euros mensuels (selon les taux de change en vigueur au 24 juin 2015). Mais rien n’avait changé concernant le traitement des élus. L’élection de Muhammadu Buhari, qui renvoie l’image d’un homme aux goûts simples, et les prises de position du président du Sénat actuel, laissent espérer qu’il en ira autrement cette fois.

Au Kenya, en 2013, les députés avaient fait annuler une baisse de 40 % de leur salaire, envisagée par une commission indépendante, malgré la colère de la population. Ils en étaient revenus à l’équivalent de 7 500 euros par mois. Si la campagne nigériane entraînait une diminution du salaire de ses parlementaires, ce serait une première sur le continent.

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