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Revue de presse des hebdomadaires français

À la Une: les retraites, Edouard Philippe n’a pas convaincu

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Le Premier ministre Édouard Philippe lors de sa conférence de presse concernant la réforme des retraites le 6 décembre 2019 à l'Hôtel de Matignon à Paris.
Le Premier ministre Édouard Philippe lors de sa conférence de presse concernant la réforme des retraites le 6 décembre 2019 à l'Hôtel de Matignon à Paris. AFP/Bertrand Guay
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Le discours hier du Premier ministre devant le Conseil économique social et environnemental était très attendu, mais pour les partenaires sociaux, il a fait pschitt…

Paris Normandie résume bien la situation : « Édouard Philippe a eu beau ratisser au plus large, en rappelant les fondements historiques de notre système de retraite [...], la recette n’a pas pris. En dépit d’annonces devenues claires après être restées des semaines durant dans le brouillard complet - ou sciemment maintenu en l’état - Édouard Philippe n’est pas parvenu à convaincre. Pire !, s’exclame le quotidien normand, même la CFDT et la CFTC, les syndicats les moins réfractaires à une transition progressive vers un nouveau régime universel par points, garantie du précieux bien qu’est le système par répartition, ont vécu comme un casus belli l’allongement de la durée de cotisation, condition pour toucher une pension à taux plein. Lâché par les réformistes, le Premier ministre a perdu hier ses meilleurs atouts dans une partie de plus en plus incertaine. »

« L’erreur à ne pas commettre, pointe Libération, consistait à continuer de mêler changement d’architecture et mesures d’économie. Au lieu de contourner l’obstacle, Édouard Philippe s’est jeté dessus. Après avoir énuméré une série d’amendements destinés à rassurer telle ou telle catégorie (certains sont tangibles, ce qui montre que la lutte peut payer), il a maintenu cette idée d’"âge pivot", rebaptisé "âge d’équilibre", qui revient à obliger les salariés à travailler jusqu’à 64 ans s’ils veulent une retraite à taux plein. Selon Philippe, on part tôt, on touche moins, on part tard, on touche plus. Pour lui, c’est un "bonus-malus". Pour les syndicats, relève Libération, c’est un malus sans bonus qui mène au raptus. Discours à la Pyrrhus… Laurent Berger était le seul allié possible. Résultat, pointe le journal, c’est lui qui rétorque : "la ligne rouge est franchie". Édouard Philippe dit que "sa main est tendue". La main reste ballante et les usagers sont toujours à pied. »

« Édouard Philippe avait l’occasion unique d’éteindre les incendies des piquets de grève, soupire Le Midi Libre. Il a mis à terre en une fraction de seconde un travail réfléchi qui permettrait à la France d’obtenir des avancées sociales. On parlait de 1963, ce sera 1975 pour la mise en œuvre ; on évoquait les retraites des femmes seules, ce sera 1 000 euros ; on discutait de la valeur du point, il sera arbitré par les partenaires sociaux. Autant de propositions qui venaient des syndicats. Aujourd’hui, la lutte sociale en veut plus. Elle a compris qu’après les gilets jaunes, on pouvait demander toujours plus. »

Blocage…

Résultat : « pour l’heure, pointe La Presse de la Manche, la mobilisation syndicale reste totale et unitaire. Grèves et manifestations vont se poursuivre en dépit d'une météo qui n’est pas décidée à se montrer complice. Si la réforme est si mauvaise, les syndicalistes qui sont aussi des électeurs, auront la possibilité, à la prochaine élection présidentielle d’interrompre le processus. »

C’est le blocage, constate La République des Pyrénées : « tout se passe comme si le gouvernement s’était rangé à l’idée que quitte à affronter un inévitable conflit frontal avec tout ce que le pays compte d’opposants - politiques et sociaux - mieux valait charger la barque en changeant tout à la fois les modalités et le financement du futur régime universel. Tout se passe comme si les partis et syndicats affaiblis dans leur fonction de représentation faisaient assaut d’intransigeance pour profiter d’une situation où un pouvoir s’engage dans une réforme d’ampleur qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait osé entreprendre, alors même qu’il se trouve au plus bas de sa popularité. »

La grève va donc se poursuivre… et pour L’Humanité, l’exécutif est le seul responsable : « le président de la République et le gouvernement sont prêts à bloquer durablement le pays, à faire vivre aux Français, qu’ils soient grévistes ou non, des jours difficiles, pour une réforme qui n’est approuvée que par le seul Medef. [...] Cela, le patronat le voulait, le pouvoir le veut, pointe le quotidien communiste, en se conformant à la check-list du fonds de pension BlackRock. Il le veut et il le tente. L’intervention d’hier ne règle absolument rien. »

Ligne rouge… ou bonne surprise ?

Mais non !, réplique Le Figaro, hier, « Édouard Philippe a fait œuvre de salut public. [...] On nous parle de ligne rouge ? C’est au contraire une bonne surprise, s’exclame le quotidien de droite : appliquer en douceur un âge d’équilibre de 64 ans apparaît comme un compromis raisonnable, qui assure un financement pérenne de nos retraites. Au passage, la France ne restera pas le seul pays au monde à ignorer plus longtemps les lois de la démographie. La réforme, enfin, programme l’abrogation des régimes spéciaux, que plus rien ne justifie, estime encore Le Figaro. Cette perspective - et elle seule - explique la paralysie des transports publics, qui rend impossible le quotidien des salariés, des commerçants et des familles. Ceux qui profitent de ces régimes en or vont bénéficier d’un délai exceptionnellement long avant de rentrer dans le rang. Rien ne serait plus injuste, plus immoral, conclut Le Figaro, que de caler devant leurs menaces. »

Pour sa part, L’Opinion, quotidien libéral, appelle la droite à « retenir ses coups [...] : bien sûr, on peut déplorer que l’équilibre financier soit repoussé à 2027, mais la fin des régimes spéciaux comme la meilleure prise en compte de la situation des mères de famille ou des indépendants font partie des mesures que la droite et le centre devraient applaudir des deux mains, estime L’Opinion. Leurs gouvernements avaient été les seuls, jusqu’à présent, à s’attaquer au sujet des retraites, cet Himalaya de la réforme ; cette famille politique sait donc à quel point c’est risqué, et que ce qui sera fait là… ne serait plus à faire si elle revenait au pouvoir. »

En effet, analyse L’Alsace, la droite devrait boire du petit lait… « En prenant le risque, assumé, de braquer l’ensemble des partenaires sociaux pour tenir ses promesses de campagne et sauvegarder, ainsi, une image réformatrice, Emmanuel Macron opère un choix politique qui répond aux attentes de l’électorat de la droite et du centre qui a fait la différence en 2017. Ce choix présage d’une fin d’année sulfureuse sur le plan social, conclut le quotidien alsacien, en particulier si la grève dans les transports se prolonge jusqu’aux fêtes de fin d’année, voire au-delà. »

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