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Aujourd'hui l'économie

Les incendies en Amazonie remettent-ils en cause l’activité de l’agrobusiness brésilien?

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Les incendies qui dévorent l’Amazonie vont-ils aussi brûler l'économie du Brésil? C’est ce que redoutent les milieux d’affaires brésiliens. Des décideurs de plus en plus embarrassés par la façon calamiteuse dont le président Bolsonaro gère les évènements. Les représentants des multinationales ont lancé un appel à la préservation de la forêt.

La forêt amazonienne après un feu à Boca do Acre, dans l'état d'Amazonas, le 24 août 2019.
La forêt amazonienne après un feu à Boca do Acre, dans l'état d'Amazonas, le 24 août 2019. REUTERS/Bruno Kelly
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Ce sont les seuls à s’exprimer publiquement. Les patrons brésiliens, eux,  continuent à soutenir le président Bolsonaro, c’est pourquoi ils s’abstiennent d’alerter sur les risques économiques que cette crise climato-diplomatique fait peser sur un Brésil déjà fort mal en point. L'activité était quasiment à l'arrêt au second trimestre et l'ambiance actuelle décourage plutôt les investissements privés dont le pays a tant besoin pour se relancer. Les éleveurs et les producteurs de soja, des fervents de Bolsonaro, accusés avec le président d'être les pyromanes de l'Amazonie sont totalement muets, comme sidérés. Ils pèsent peu dans le PIB brésilien mais beaucoup dans la balance commerciale. L'agrobusiness est l'un des principaux contributeurs à l'excédent du Brésil avec des exportations de 100 milliards de dollars en 2018. Derrière ce silence coupable, il y a pourtant un réel effroi : ils savent que leur production est aujourd'hui sur la sellette.

Ils redoutent des sanctions commerciales des pays européens ?

Pour l’instant il n’y a pas d’appel au boycott. Le président Macron dit vouloir créer une filière de production du soja pour éviter de participer indirectement à la déforestation de l’Amazonie mais il n’a jamais été question de suspendre les importations de soja indispensables aux éleveurs français. En revanche du côté des clients soucieux de leur image les premières décisions sont tombées dans le secteur du cuir : près d’une vingtaine de grandes marques ont annoncé la suspension de leur approvisionnement en cuir brésilien. Dans une lettre adressée au ministre brésilien de l’Environnement, leurs représentants s'en émeuvent. Le cuir est à 80 % destiné au marché extérieur, cela représente 2 milliards de dollars à l'export. Le plus dangereux, si le boycott s'étend, c'est la déstabilisation de l'ensemble de la filière bovine selon l’expert et consultant du secteur, le Français Jean-Yves Carfentan.

L’image désastreuse renvoyée par le Brésil laissant brûler sa forêt a-t-elle déclenché une prise de conscience ?

Cela fait des années que l’agrobusiness a pris conscience des enjeux et des attentes des clients. « La préservation de l’environnement est devenu un élément de compétitivité » selon Jean-Yves Carfentan. Mieux intégrer cet élément dans la pratique et dans la communication des producteurs a d'ailleurs été la grande question abordée au début du mois, au congrès annuel de l’agrobusiness. Devant ce parterre d'agriculteurs, le représentant de Cofco, la plus grande entreprise chinoise de négoce dans les denrées alimentaires a fait sensation en lançant un avertissement: « si vous respectez les règles du jeu sur le plan environnementale, on vous suivra, sinon on ira voir ailleurs ». Derrière Cofco, il y a des centaines de millions de consommateurs, de plus en plus préoccupés par les conditions de production de la viande. C'est cette pression plus asiatique qu'européenne qui à long terme menace leur activité.

Beaucoup continuent à organiser des départs de feu comme le démontre un document publié par la presse brésilienne

On a parlé d' « un jour du feu » organisé début août dans l'État du Para par des propriétaires terriens. L'Ibama, l'agence fédérale chargée de surveiller la forêt en a eu vent. Le problème c'est que cette agence n'a plus les moyens d'agir. A cause des coupes budgétaires, à peine la moitié de ses inspecteurs sont opérationnels. Les caisses sont vides. Au niveau fédéral, comme au niveau des États. Où les restrictions ont touchés en priorité ce qui se voit le moins, à savoir la police environnementale. C'est donc aussi la crise des finances publiques brésiliennes qui attise depuis longtemps les braises dans l'Amazonie.

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