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Revue de presse des hebdomadaires français

A la Une: Emmanuel Macron a-t-il convaincu ?

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Des manifestants portant des gilets jaunes regardent le président français Emmanuel Macron sur un écran de télévision au péage de l'autoroute à La Ciotat, près de Marseille, en France, le 10 décembre 2018.
Des manifestants portant des gilets jaunes regardent le président français Emmanuel Macron sur un écran de télévision au péage de l'autoroute à La Ciotat, près de Marseille, en France, le 10 décembre 2018. REUTERS / Jean-Paul Pelissier
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C’est la question que se posent tous les journaux ce matin après l’allocution hier soir du président de la République. Et la réponse est loin d’être évidente.

En effet, pointe Le Journal de La Haute Marne, « bien malin qui peut dire si la parole présidentielle aura convaincu. Emmanuel Macron a fait un certain nombre de concessions, c’est indéniable. Mais seront-elles suffisantes pour apaiser la colère qui se manifeste dans les barrages filtrants ou dans les ronds-points ? Les premières réactions à chaud des gilets jaunes ont fait apparaître plus que du scepticisme, de la défiance à l’égard du chef de l’Etat. »

Pouvait-il en être autrement ? Non, répondent Les Dernières Nouvelles d’Alsace. « Le mouvement est trop disparate, trop mouvant et trop animé par un ressentiment profond contre la personne même du chef de l’État pour être sensible à ses paroles. Quand bien même celles-ci répondraient à l’essentiel des revendications et s’accompagneraient de mesures sonnantes et trébuchantes. La part d’irrationnel et la colère qui lient cette crise sont trop fortes pour que les leviers à disposition soient immédiatement efficaces. »

Le Midi Libre renchérit, « le chef de l’État n’avait aucune chance de satisfaire l’ensemble des citoyens, son niveau de rejet est tel que c’était quasi impossible. La rupture s’est beaucoup trop installée avec le pouvoir pour espérer une réconciliation sur l’oreiller budgétaire. Macron est condamné à composer avec cette colère désormais visible. Il l’apaise cette fois en payant le prix fort. Il ne le pourra pas toutes les fois. »

Des miettes ?

« Je vous ai un peu compris », titre ironiquement Libération. « 100 euros pour les salariés au Smic grâce à l’augmentation de la prime d’activité, abandon de la hausse de la CSG pour les retraités modestes, exonération des heures supplémentaires. Les mesures sont simples, concrètes, immédiates. Des miettes ? Non. Un peu de pain pour ceux qui en manquent cruellement. Est-ce assez ? On en doute, répond Libération. Rien sur la désindexation des retraites, ni sur l’avancement des baisses de la taxe d’habitation. Rien surtout, ou presque, sur la nécessaire contribution des plus riches à l’effort commun. »

La Marseillaise hausse le ton : « les toutes petites miettes lancées à la volée hier soir par le président Macron à l’adresse des gilets jaunes ne font pas illusion. Et ni son ton condescendant à l’adresse de la mère de famille, du couple de salariés à la peine, du retraité modeste n’aura réussi à masquer l’essentiel : le président des riches continue de creuser son sillon, refusant de prendre l’argent au capital, il le prend au travail et veut mettre par-dessus tête le modèle social en imposant sa 'révolution' ultralibérale. Il a d’ailleurs rappelé ses trois prochains chantiers : la réforme de l’Etat, de l’assurance chômage et des retraites. »

Un tournant social ?

Non, rétorque Le Figaro, ce ne sont pas des miettes… « Les mesures financières alignées pour les salariés et les retraités dessinent, sinon le fameux 'tournant social' espéré par la gauche et les syndicats (et c’est tant mieux !), du moins une inflexion majeure dans le cours du quinquennat. Évidemment, toutes ces libéralités ont un coût élevé, des milliards qu’il faudra bien acquitter en déficit supplémentaire, en économies pour l’heure indiscernables… ou en prélèvements nouveaux ! Mais si tel est le prix à payer pour rétablir la paix civile dans le pays, qui s'en plaindra ? Toute la question est là, pointe également Le Figaro : après l’abandon de la hausse des taxes sur les carburants, le 'nouveau contrat pour la nation' proposé par Emmanuel Macron convaincra-t-il les révoltés de ranger leur gilet jaune dans la boîte à gants ? Leur obstination a déjoué trop de prophéties pour qu’on esquisse un pronostic, mais on ne peut que le souhaiter. La raison l’impose, l’intérêt national l’exige. Il ne s’agit plus de l’avenir politique d’Emmanuel Macron, ni même de sa capacité à mettre encore en œuvre ses réformes. Ce qui se joue aujourd’hui dans les rues de nos villes et sur les routes de France, c’est notre avenir démocratique. »

Un 1983 à l’envers ?

Pour Les Echos, « Emmanuel Macron fait un geste massif sur le pouvoir d’achat. (…) Son intervention d’hier soir change le cours du quinquennat. Il orchestre un tournant de la politique économique, du moins dans la dépense. Un 1983 à l’envers. Si Emmanuel Macron cède ainsi aux ronds-points, s’il fait même mine d’y voir une chance, lui qui avait théorisé que recul rimait avec immobilisme, il le fait pour ne pas compromettre la suite de son quinquennat justement. Se couper le doigt pour sauver sa main. Se déjuger en partie pour sauver l’essentiel, c’est-à-dire, les réformes de l’Etat, des retraites et de l’assurance-chômage, détaille-t-il. »

Et le quotidien économique de s’interroger : « le pari est-il jouable ? Emmanuel Macron peut-il regagner suffisamment d’air pour espérer conduire ces chantiers explosifs ? Il lui faut pour cela obtenir l’essoufflement des gilets jaunes et la fin des violences. Ce n’est pas gagné. »

La fin de la spirale négative ?

En fait, pointe La Croix, « les annonces concrètes d’hier soir peuvent seulement faire baisser la pression. Il en faudra davantage. Et justement, Emmanuel Macron a laissé entendre que ce serait le cas dès les jours prochains s’agissant d’une plus forte contribution des hauts revenus. Ainsi le chef de l’État a-t-il cherché à créer une attente propice à un plus grand calme. Ce qui créerait le climat nécessaire pour la vaste concertation qu’il vient de nouveau d’évoquer en vue de réorganiser notre fiscalité et de déconcentrer les pouvoirs. Concertation à l’échelle nationale, qu’il entend animer lui-même, et à l’échelon local en lien avec les maires, célébrés avec insistance. Si tout se passe ainsi, relève encore La Croix, si les objectifs successifs énoncés ce lundi soir par Emmanuel Macron sont mis en œuvre avec loyauté et surtout persévérance, alors la spirale négative de ces dernières semaines pourra s’interrompre. Si tel n’est pas le cas, la désespérance et la défiance ne feront que croître. »

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