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Aujourd'hui l'économie, le portrait

Thierry Bolloré, le président-intérimaire de Renault

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Le numéro 2 du constructeur automobile français prend la direction intérimaire de Renault après les malversations financières qui ont frappé Carlos Ghosn, l’ancien tout puissant patron de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors. Thierry Bolloré aura la mission délicate de gérer les intérêts stratégiques de Renault au sein d’une alliance dont les pouvoirs sont contestés par les Japonais.

Thierry Bollore devient le président-intérimaire de Renault, après « l'incapacité temporaire » de Carlos Ghosn à la suite de son arrestation au Japon le 19 novembre 2018 pour inconduite financière.
Thierry Bollore devient le président-intérimaire de Renault, après « l'incapacité temporaire » de Carlos Ghosn à la suite de son arrestation au Japon le 19 novembre 2018 pour inconduite financière. Fabrice COFFRINI / AFP
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L’homme des crises

Thierry Bolloré, lointain cousin de Vincent Bolloré patron de Vivendi, avait été recruté par Renault il y a six ans lors de l'affaire des faux espions qui avait ébranlé le constructeur. Il en prend la tête à la faveur de la déflagration qui touche le groupe avec l’affaire Carlos Ghosn.

Thierry Bolloré a gravi tous les échelons à pas de géant

Thierry Bolloré est un ancien de Michelin tout comme son mentor Carlos Ghosn, ce qui avait tapé dans l’œil de son ex-patron. Il a passé 30 ans dans l'automobile, des ateliers de Clermont-Ferrant aux usines de pneus en Asie. Il a gravi tous les échelons mais à pas de géant. Il occupera ensuite différents postes clés chez Faurecia, filiale de PSA-Peugeot.

C'est ce parcours qui séduit à l'époque Renault, et le convainc de le débaucher pour renouveler l’équipe de manageurs. Un an après son arrivée à la marque du Losange, il est déjà directeur de la compétitivité, un poste large et stratégique : il pilote le design, l'ingénierie, la qualité, les nouveaux modèles, la connectivité, la logistique et la fabrication.

Sur la forme, ceux qui ont côtoyé ce père de 5 enfants saluent un homme à l'écoute, comme l’explique Philippe Velu, syndicaliste de la CFDT à l'usine Renault de Flins, près de Paris. « On a développé avec lui des expérimentations dans le site de Flins pour tout ce qui est qualité de vie au travail et surtout dialogue avec les salariés. Je pense qu'il est assez humain et assez intéressé quand on lui remontait les problèmes et les difficultés sur les sites, il était à l'écoute de nos revendications ».

Si le style est différent de son ancien patron, il n’en demeure pas moins que Thierry Bolloré a appliqué comme un bon soldat la politique de réduction des coûts. L’impact fut considérable au sein des équipes, qui comptent 125 000 salariés rien que pour Renault à travers le monde. Ali Kaya de la CGT à l’usine de Flins assure que le nouveau dirigeant français est un pur produit Ghosn. « C'est le poulain à Ghosn. C'est l'ami de Ghosn. C'est la même bande. Il fait partie de ces gens qui ont bloqué les salaires des travailleurs, qui leur ont volé des RTT, qui ont précarisé à outrance les usines. Aujourd'hui à Renault Flins il y a 2000 intérimaires sur un effectif de 2500 personnes et avec des salaires de misère. Et ces gens-là, ils y sont tout à fait insensibles. Alors ils ont peut-être une autre image, mais la réalité c'est que c'est la même bande. Vous savez Bolloré il vient de faire un communiqué interne où il soutient Carlos Ghosn. Ça veut tout dire! »

Son parcours sans faute le conduit naturellement à être bombardé numéro deux, il y a quelques mois, sous la pression de l'Etat français actionnaire de Renault. Aujourd’hui, il se voit confier une mission périlleuse en ces temps de turbulences : stabiliser Renault. La tempête judiciaire des malversations financières de Carlos Ghosn n’en est qu’à ses débuts, et elle laisse déjà éclater une bataille sourde sur le contrôle de l’Alliance. Renault, qui vend deux fois moins de voitures que Nissan, contrôle pourtant à 43% l’alliance, ce qui devient inacceptable pour les parties japonaises, comme le relève le journaliste spécialisé, Nabil Bourassi, du quotidien La Tribune. « Aujourd’hui, le sujet Thierry Bolloré résout la question de la continuité dans Renault, mais cela ne résout absolument pas le problème de la succession à la tête de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Et c’est là que sont tous les enjeux, tous les problèmes, toutes les craintes des marchés du gouvernement français pour l’avenir. Parce que Renault dépend plus de l’alliance que Nissan en dépend. Je vois mal Thierry Bolloré devenir le patron de l’alliance. Parce que les Japonais n’en voudront pas. Les Japonais avaient accepté avec enthousiasme, d’ailleurs, que ce soit Ghosn qui préside l’alliance, puisque Ghosn a une légitimité chez Nissan. C’est lui qui a sauvé Nissan ».

Pour combien de temps, Thierry Bolloré va-t-il rester en place ?

Plus que jamais, il est un président intérimaire et les semaines qui viennent vont être capitales pour la pérennité du premier vendeur de voitures au monde. Il est ainsi loin d’être le favori pour prend la tête de l’alliance. D’ores et déjà, un nom revient en boucle : Didier Leroy, l'un des numéros 2 de Toyota, mais le seul Français à ce niveau chez le constructeur japonais. Un homme très respecté au sein de la marque japonaise. Et qui pourrait faire consensus.

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