Elections générales en Turquie: Erdogan en campagne à Sarajevo
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a décidé d’avancer de un an et demi les élections générales turques, qui auront lieu le 24 juin. Il voulait s’adresser aux diasporas turques vivant dans l’Union européenne mais ses demandes d’organiser des meetings en Allemagne, en Autriche et en Hollande ont été rejetées. Erdogan s’adressera tout de même à la diaspora ce dimanche lors d'un rassemblement organisé dans les Balkans, en Bosnie dans la capitale Sarajevo.
de notre correspondant dans les Balkans,
Le président turc se rend à Sarajevo avant tout pour narguer les Européens et leur monter qu’il peut organiser un meeting présidentiel en dehors de la Turquie et en Europe sans le feu vert de Bruxelles. Il sait aussi que la Bosnie n’a pas la capacité de l’empêcher de tenir un rassemblement, d’abord à cause des divisions internes entre politiciens serbes, croates et bosniaques, et ensuite parce que les leaders politiques musulmans bosniaques au pouvoir souhaitent développer les liens entre la Bosnie et la Turquie.
La Turquie est très présente économiquement en Bosnie et ce depuis plusieurs années. Le phénomène est surtout visible dans la partie du pays peuplée en majorité de musulmans bosniaques. Cette présence se manifeste d’abord par des dépenses culturelles. La Turquie finance par exemple la restauration des monuments qui datent de l’Empire ottoman, et notamment des ponts, des maisons anciennes, des mosquées. Ensuite la Turquie favorise les échanges commerciaux bilatéraux, même si elle importe beaucoup moins de produits bosniaques qu’elle n’exporte des produits turcs dans ce pays. Enfin, elle participe à des projets de développement, par le financement d’écoles mais aussi d’infrastructures. Erdogan a ainsi promis de construire deux autoroutes dans ce pays qui manque cruellement de voies de communications.
Quel est l’intérêt de la Turquie à s’implanter en Bosnie ?
Les deux pays partagent une religion et une histoire, puisque la Bosnie faisait partie de l’empire Ottoman. Ensuite Erdogan est devenu depuis quelques années très incisif sur la scène internationale, et il cherche à l’évidence à créer un ensemble de pays partenaires de la Turquie, non seulement en matière d’économie mais aussi en termes d’influence politique. Enfin, si l’on considère qu’Erdogan se voit en concurrent de l’Union Européenne, le fait d’accroître l’influence turque dans un pays qui souhaite officiellement rejoindre un jour l’UE peut dans une certaine mesure contrecarrer, voir affaiblir les 27.
L’offensive diplomatique et commerciale turque vise tous les pays des Balkans. Le phénomène a d’ailleurs été reconnu au sommet Balkans-Union européenne de Sofia qui s’est tenu cette semaine : les diplomaties russe et turque se posent en concurrentes directes de Bruxelles dans toute la région.
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