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Economie

Fusion FCA-Renault: les démêlés entre le président de Renault et l'État

Des divergences entre la présidence de Renault et l'État, son principal actionnaire, sont apparues au grand jour cette semaine. Jean-Dominique Senard l'a laissé entendre au cours de l'assemblée générale de la marque ce mercredi 12 juin et dans la presse ce jeudi. Par ailleurs, Emmanuel Macron aurait refusé selon Reuters de recevoir Jean-Dominique Senard, le nouveau président du constructeur automobile français. Mais, Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie l'a reçu.

Le patron de Renault Jean-Dominique Senard devant les actionnaires de la marque au losange, le 12 juin 2019.
Le patron de Renault Jean-Dominique Senard devant les actionnaires de la marque au losange, le 12 juin 2019. Renault/Reuters TV via REUTERS
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Pour bien comprendre le nœud du problème, il faut revenir une semaine en arrière, au moment de l'échec du projet de fusion entre Renault et Fiat-Chrysler. Le constructeur italo-américain a retiré sa proposition après un conseil d'administration de Renault qui n'a pas été en mesure de trancher. Pourtant, la majorité était favorable au projet même si les membres de Nissan s'abstenaient. Cette abstention, « je pouvais la comprendre », a expliqué Jean-Dominique Senard ce mercredi devant les actionnaires de Renault.

Le président de la marque au losange, convaincu du bienfait de cette fusion, est moins clément lorsqu'il explique la suite des événements : « Il se trouve que ce soir-là, les représentants de l'État n'ont pas, à ce stade, partagé cette analyse. Et par conséquent le vote n'a pas pu avoir lieu. Ce qui, je vous le dis franchement, me désole ! »

Une occasion manquée pour l'industriel qui revient subtilement à la charge quelques minutes plus tard : « C'était la première fois, vraiment, qu'il y avait la possibilité de créer un ensemble à base européenne, un champion européen, à l'époque où on passe son temps à se plaindre de leur manque d'existence ». Une allusion à la rhétorique de l'exécutif : développer une industrie européenne, c'est une volonté politique de Bruno Le Maire.

Pas de veto

Bruno Le Maire, qui précisément, se défend au lendemain de l'Assemblée générale. Le ministre de l'Économie le redit sur France Info : « Nous n'avons pas fait capoter le mariage entre Renault et Fiat ». Et de rappeler que les représentants de l'État n'ont « jamais opposé de veto » mais seulement réclamé plus de temps pour s'assurer que Nissan était d'accord. En marge du G20 Finances de Fukuoka au Japon, il a d'ailleurs tenté d'amadouer le constructeur nippon. Il a évoqué la possibilité d'une baisse de la part de l'État au capital de Renault, et suggéré de travailler sur les participations croisées des deux partenaires. Actuellement, Renault détient 43 % de Nissan, le constructeur japonais possède, lui, 15 % de Renault.

Jean-Dominique Senard semble piqué au vif dans un entretien accordé au Figaro. « C'est de son droit le plus total d'évoquer l'avenir de la participation de l'État dans Renault, explique-t-il. Mais le conseil d'administration est seul souverain pour décider de l'évolution des participations de l'entreprise ». Surtout, il aurait aimé être informé en amont de ces prises de position. Toujours dans les colonnes du Figaro, Jean-Dominique Senard reste très prudent quant à l'idée d'une réduction de Renault chez Nissan. Mais, devant les actionnaires, à une question sur ses relations avec Nissan, il a assuré qu'il ne « serai[t] pas le président qui conduira à une réduction supplémentaire du rôle de Renault dans l'Alliance et en particulier chez Nissan ».

Une confiance trois fois renouvelée

C'est donc dans ce contexte que Bruno Le Maire a reçu Jean-Dominique Senard ce jeudi matin. Une réunion qui n'a pas été convoquée en urgence après l'assemblée générale d'hier, mais a été organisée après le dernier conseil d'administration. Les deux hommes se sont d'ailleurs rencontrés régulièrement ces derniers temps. Selon une source à Bercy, Bruno Le Maire a renouvelé pour la troisième fois en moins d'une semaine sa confiance à Jean-Dominique Senard. Et de préciser qu'il n'y a pas une feuille de papier à cigarette entre le ministre de l'Économie et Emmanuel Macron.

Il ne faudrait donc pas voir dans le refus du président de recevoir Jean-Dominique Senard un désaveu. À Bercy, on assure qu'il n'y a pas eu de recadrage, mais une réunion tournée vers l'avenir, et qu'il faut « faire fi du passé ». Dans l'entourage de Bruno Le Maire, on souligne néanmoins que le président d'une entreprise ne peut pas être en désaccord avec son actionnaire principal.

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