Procédure de destitution au Brésil: Dilma Rousseff combative devant le Sénat
Dans son discours devant les sénateurs, Dilma Rousseff a une nouvelle fois clamé son innocence face aux accusations de maquillage de comptes publics qui pèsent sur elle. Elle a dit ressentir une profonde injustice à son égard, tout en défendant son bilan politique. La présidente suspendue estime aussi que sa destitution remettrait en cause les acquis sociaux réalisés par les gouvernements de gauche de ces 13 dernières années.
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Avec notre envoyé spécial à Brasilia, Achim Lippold
Le visage grave, Dilma Rousseff a tenté de convaincre les sénateurs pendant plus d'une demie heure. Fidèle à sa réputation de guerrière qui n’abandonne jamais une cause qui lui est chère, Dilma Rousseff a une fois de plus mise en oeuvre la même stratégie, qui n'a pas changé depuis le début de la procédure : elle a dénoncé avec vigueur un « coup d’Etat », estimant qu’elle est victime d’un procès « injuste et arbitraire ».
C'est sous les acclamations des élus du PT que Dilma Roussef est arrivée, souriante, au Sénat
Devant un hémicycle au grand complet, accompagnée par le président Lula, Dilma Rousseff a lancé aux sénateurs qui se sont transformés en juges pour l’occasion : « Je viens pour vous regarder dans les yeux et dire que je n’ai commis aucun crime ».
Sur un ton combatif, la présidente suspendue a affirmé qu’elle ne défendait pas son mandat, mais la démocratie et les acquis sociaux mis en place par les gouvernements successifs du Parti des travailleurs. Elle était d'ailleurs accompagnée au Sénat par l'ancien président Lula.
« Je vous demande de rendre justice à une présidente honnête »
« N'acceptez pas un coup d'Etat qui va aggraver la crise au lieu de la résoudre, a déclaré la présidente brésilienne. Je vous demande de rendre justice à une présidente honnête qui n'a jamais commis un acte illégal, que ce soit dans sa vie privée ou dans l'exercice de ses fonctions publiques. »
Dilma Rousseff a aussi évoqué avec émotion ses années de lutte contre la dictature et les tortures qu'elle a subies à l'époque. Une façon de dire qu’elle n’est pas à son premier combat. D’ailleurs même ses opposants ont loué son courage de faire face à ses juges.
Dilma Rousseff a ensuite répondu aux questions des sénateurs. Son interrogatoire a duré plus de dix heures et, à la fin de la séance, la présidente était presque sans voix.
Dilma Rousseff a-t-elle pu sauver son mandat ? Ses proches disent que rien n’est perdu et saluent un discours historique. Mais les sénateurs favorables à sa destitution affirment que cette auto-plaidoirie n’a rien changé. Pour l’instant ils leur manquent une seule voix pour destituer la première femme élue présidente au Brésil.
Avant le vote, place au débat
La nuit sera courte pour les Sénateurs car ils se retrouvent ce mardi matin pour la dernière phase du procès, le débat. Chacun a le droit de parler pendant 10 minutes, cela peut durer vingt heures ou plus. Ensuite ce sera au tour des avocats de l'accusation et de la défense de s’exprimer, pendant une heure et demie.
Le vote est attendu ce mardi ou mercredi : 53 d'entre eux se sont déjà prononcés en faveur de sa destitution. Une sénatrice a brandi la Constitution pendant son intervention. Une façon de montrer que ce procès n’a, selon elle, rien d’illégal.
J'ai été élue présidente avec 54 millions de voix pour réaliser un programme qui donne des droits à tout le monde. Ce qui est en jeu dans ce procès en destitution, ce n'est pas seulement mon mandat. Ce qui est en jeu, c'est le respect des urnes, la souveraineté du peuple brésilien et la Constitution. Ce qui est en jeu, ce sont les conquêtes sociales de ces dernières 13 années, les acquis sociaux de la population et surtout des plus démunis. Ce qui est en jeu, c'est aussi l'intégration du Brésil dans la communauté internationale, portée par une éthique et une volonté de chercher des intérêts communs. Ce qui est en jeu, c'est l'amour propre des Brésiliens et des Brésiliennes. Ce qui est en jeu, c'est l'avenir du pays, l'opportunité et l'espoir d'avancer toujours plus.
Dilma Rousseff, présidente brésilienne
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