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Israël

«Eva stories»: le journal sur Instagram d'une adolescente morte à Auschwitz

Son nom est Eva Heyman. Elle est hongroise, juive, a 13 ans et est désormais dotée d’un compte Instagram. Mais si Eva Heyman a bien vécu, elle est morte durant la Seconde Guerre mondiale, déportée dans un camp de concentration nazi.

A Tel Aviv, le compte Instagram d'Eva Heyman fait l'objet d'une campagne d'affichage importante.
A Tel Aviv, le compte Instagram d'Eva Heyman fait l'objet d'une campagne d'affichage importante. REUTERS/Amir Cohen
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De notre correspondant à Jérusalem,

Le compte Instagram d'Eva Heyman a été lancé en Israël la semaine dernière à grand renfort de publicité par un riche homme d’affaires israélien. Les promoteurs de ce projet ont acheté de larges espaces publicitaires sur le bord des routes les plus empruntées du pays. On y voit une main tenant un téléphone portable derrière des barbelés… et ce slogan : « Que se serait-il passé si une fille durant l’Holocauste avait Instagram ? »

Depuis mercredi dernier, le compte Instagram eva.stories retrace dans des stories, ces histoires courtes publiées sur les réseaux sociaux, la vie d’une adolescente juive hongroise durant la Seconde Guerre mondiale. Tous les codes d’aujourd’hui sont présents : les mots-clés, les filtres, les tags de personnes, les localisations. Les stories reprennent le journal intime rédigé par Eva Heyman durant la Seconde Guerre mondiale. La jeune femme y raconte ses joies, ses amours d’adolescente puis l’arrivée des troupes nazies, l’expropriation de sa famille et le départ vers le ghetto.

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Eva.Stories Official Trailer

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Sur les dernières images, la jeune fille est en pleurs, dans un train qui l’emmène à Auschwitz, un camp de concentration dont elle ne reviendra pas. Ces stories ont été tournées en Ukraine. Il a fallu trois semaines de tournage, près de 400 acteurs et personnel technique. Le projet a coûté plusieurs millions d’euros et a été financé par Mati Kochavi, un homme d’affaires israélien. Il s’agit, selon lui, de sensibiliser une jeune génération à la Shoah, en utilisant un outil apprécié des adolescents.

Un devoir de mémoire destiné aux « digital natives »

De récentes études montrent en effet que de plus en plus d'entre eux ne se sentent pas concernés par l’Holocauste. A une époque où le nombre de survivants diminue, Mati Kochavi veut créer une nouvelle forme de mémoire. L’initiative est saluée par bon nombre d’internautes qui y voient une formidable utilisation des réseaux sociaux, une utilisation pédagogique de ces plateformes très fréquentées. Elle a été relayée aussi par le Premier ministre, Benyamin Netanyahu. Et le succès est réel : en quelques jours, le compte a déjà plus d’1,2 million d'abonnés.

Mais d’autres n'apprécient guère cette adaptation aux codes actuels d'une page aussi sombre de l'histoire. Yuval Mendelsohn, un professeur d’histoire civique dénonçait il y a quelques jours dans le quotidien Haaretz « un étalage de mauvais goût » qui va conduire, dit-il, à la prise de selfies, ces photos autoportraits pris avec smartphones, devant les camps de concentration.

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