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REPORTAGE

Présidentielle en Iran: une interminable journée de vote

En Iran, ce vendredi 19 mai, 56,4 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour élire leurs représentants locaux, mais surtout leur président. Un scrutin qui s’est étiré jusqu’aux dernières heures de la journée, et une attente, désormais, qui n’a rien à lui envier. Bien que quatre candidats soient en lice, le scrutin se résume en un duel entre deux hommes, Hassan Rohani et Ebrahim Raissi, deux tendances de la société, et deux visions pour les quatre années à venir.

Dans le quartier de Shariati, les bureaux de vote ne désemplissaient pas dans les dernières heures du scrutin.
Dans le quartier de Shariati, les bureaux de vote ne désemplissaient pas dans les dernières heures du scrutin. RFI/Marc Etcheverry
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De notre envoyé spécial à Téhéran,

Les Téhéranais, comme l’ensemble des Iraniens, vont devoir patienter pour connaître le nom de celui qui a eu leurs faveurs dans cette élection présidentielle. Ce vendredi, jour de vote, s’est achevé par une prolongation du scrutin bien au-delà de la tombée de la nuit. Et la loi obligeant à faire rentrer ceux qui attendent lorsque sonne l’heure fatidique, à minuit on en était encore à des estimations de la participation - autour de 40 millions de votants, ce qui plutôt un bon chiffre compte tenu de ce qu’annonçaient les sondages.

Pour connaître le verdict final, il va donc falloir faire encore preuve de patience, même si le camp du candidat réformateur et président sortant Hassan Rohani voit dans cette mobilisation qui se dessine, le signe que leur champion va une nouvelle fois l’emporter. De la patience, pourtant les Iraniens en ont déjà fait preuve, au cours d’une journée de vote marathon comme le pays en a déjà connu.

Début de journée bien rempli dans le nord

« Je n’avais pas vu un tel monde en 2013. » A l’ouverture des bureaux, Arash se retourne. Derrière lui, des dizaines de personnes. Il est huit heures passées de quelques minutes et déjà une longue file s’étire devant cette école des abords de la place Vanak, dans le nord de la capitale. Si Arash ne dévoile pas la nature de son vote, dans ce quartier, Rohani fait l’unanimité.

A côté de lui, la jeune Negin, larges lunettes de soleil sur le nez et foulard tombant sur l’arrière de sa chevelure, est bien moins réservée ; le président sortant aura son bulletin : « ll a fait beaucoup pour les femmes ces quatre dernières années. Et il est important de venir voter pour des gens compétents, sinon ce sont ceux qui ne le sont pas qui nous gouvernent. » Une allusion à peine voilée à Ebrahim Raissi, dont l’inexpérience politique - il a fait l’essentiel de sa carrière dans la justice - lui a été souvent reprochée.

 

 

Mi-journée tranquille dans les quartiers sud

Là où il fallait trouver une opinion plus flatteuse de l’ultra-conservateur, c’était dans les quartiers situés au sud de la capitale, bien moins favorisés, et ou la religion occupe une plus grande place dans le quotidien. Dans une école de Javadeh, transformée elle aussi en bureau de vote, la mi-journée ne faisait pourtant pas les affaires des assesseurs. Qu’ils soient partisans de Rohani ou de Raissi, ils étaient bien peu nombreux à franchir le seuil de la porte. Pari raté pour les conservateurs ou soleil bien trop brûlant pour mettre un nez dehors, à cette heure-là difficile de répondre.

Farzaneh*, vêtue comme toutes les femmes à cet endroit d’un hijab noir, élude la question - comme beaucoup d’autres d’ailleurs - lorsqu’on lui demande pour qui elle a voté. Mais selon elle, le rôle de cette élection est avant toute chose de pérenniser les institutions supérieures de la République islamique : « Ce qui importe, c’est de venir participer à ce scrutin. Les candidats ont les mêmes objectifs avec certes quelques nuances pour les programmes. Les gens sont conscients de ce qui se joue, et ne viennent pas voter pour attendre quelques intérêts personnels que ce soient, mais pour maintenir les intérêts de la révolution islamique. »

Un discours qui tranche avec celui de Saîd, venu avec son jeune fils et qui vote pour que celui-ci « puisse avoir un meilleur avenir ».

Mobilisation des pro-Rohani en fin de journée

Seule certitude dans cette journée, c’est que le camp réformateur s’est très fortement mobilisé dans les dernières heures. Aux alentours de 20h, dans le quartier de Shariati, là même où le président Rohani avait voté dans la matinée, beaucoup de jeunes composaient d’immenses files d’attente qui couraient sur les trottoirs.

Centre névralgique du scrutin dans cette zone, l’Hosseyniyeh Ershad, un espace religieux mais aussi politique très important de la capitale accueillait électeurs et journalistes qui se mêlaient dans un chaos dont personne ne semblait étonné. Toute la journée, des personnalités politiques, des professeurs de renom y ont fait des apparitions. Avec sur les écrans de télévisions accrochés aux murs, des présentateurs iraniens sans doute bien embêtés de ne pas avoir plus de chiffres à dévoiler.

 

 

 

 

Présidentielle en Iran: retour sur une longue journée de vote

 

 

 

 

*Le prénom a été changé

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