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LUTTE

Isabelle Sambou rêve de passer le relais aux jeunes lutteuses sénégalaises

A 35 ans, Isabelle Sambou, lutteuse la plus titrée du Sénégal, est à deux pas de la retraite. A l’heure du bilan, la 5e des JO de Londres regrette ne pas avoir atteint son rêve de médaille olympique et espère que son expérience pourra être mise au service de ses successeurs.

Isabelle Sambou lors d'un de ses entraînements avant les JO de Rio, le 20 mai 2016
Isabelle Sambou lors d'un de ses entraînements avant les JO de Rio, le 20 mai 2016 SEYLLOU / AFP
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Quelques semaines, quelques mois, une ou deux années ? Isabelle Sambou ne sait pas encore. Elle réfléchit, cogite, hésite à tourner cette page qu’elle a bien remplie depuis plus de 15 ans. La lutteuse sénégalaise, déçue de sa défaite en quarts de finale aux JO de Rio, alors qu’elle visait une médaille, a encore du mal à ranger définitivement sa combinaison malgré le poids de ses 36 ans (elle les aura le 20 octobre prochain) qui se fait sentir.

« Pour l’instant, j’ai arrêté la lutte. J’accompagne les plus jeunes en attendant de me décider de manière certaine sur la suite. Je suis en train d’étudier mes projets. Je n’ai pas encore arrêté quelque chose de définitif », raconte-t-elle.

« Envie de coacher les jeunes »

La décision aurait été plus facile à prendre s’il y avait au cou eu cette médaille olympique tant espérée. Mais après des années de préparation et trois participations aux Jeux, la native de Casamance n’a pas atteint son rêve ultime. « Au moins une médaille de bronze, c’est tout ce que je souhaitais, déclare-t-elle avec amertume. Je voulais vraiment ramener une deuxième médaille olympique au Sénégal. » Amadou Dia Bâ, médaille d’argent du 400m haies aux JO de Seoul de 1988, reste à ce jour le seul médaillé olympique sénégalais.

A l’heure du bilan, Isabelle Sambou garde la fierté d’avoir été la porte-drapeau du Sénégal au Brésil et d’avoir porté haut les couleurs de son pays sur beaucoup de tapis du monde. Aujourd’hui, elle attend un retour d’ascenseur de la part du Sénégal. Sous quelle forme ? La lutteuse rêve de monter son académie de lutte et former la relève. « J’ai envie de coacher les plus jeunes, de la catégorie minimes jusqu’aux cadets. » Mais aussi de conseiller l'élite actuel à qui elle va transmettre le flambeau. « J’ai espoir en Anta Sambou, Adama, Safiétou, etc. Ils sont nombreux. Avec un bon appui, une bonne préparation, quelqu’un parmi eux peut décrocher une médaille pour le Sénégal », prédit-elle.

Dans sa quête de reconversion, Isabelle Sambou pourrait être aidée par le programme « Après carrière » mis en place par le Comité International Olympique en collaboration avec les comités olympiques nationaux. Pour Seydina Diagne, secrétaire général du Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss) cela pourrait être une solution pour Isabelle Sambou, mais rien ne peut être déclenché tant que « l’athlète n’a pas saisi officiellement le Comité olympique », précise-t-il. « Aucun n’athlète sénégalais ne s’est autant sacrifié qu’Isabelle Sambou qui incarne à merveille les valeurs de l’olympisme. On lui doit quelque chose », poursuit Diagne qui semble prêt à accompagner la lutteuse si elle officialise sa retraite.

« Une autre image de la lutte féminine »

La lutte et Isabelle Sambou, c’était une rencontre naturelle. Dans son village de Mlomp, en Casamance dans le sud du Sénégal, les combats de lutte entre garçons et entre filles de l’ethnie diola ont lieu pendant toute la saison des pluies et des récoltes. « La lutte fait partie de ma culture. Dans mon terroir, les filles pratiquent la lutte traditionnelle. Cela fait partie de notre tradition. Cela a toujours été ainsi. Tous les membres de ma famille ont pratiqué la lutte. Je suis la seule à avoir eu la chance de faire la lutte olympique. »

Quand elle a décidé de se consacrer à la lutte olympique au détriment du handball ou du basket qu’elle aimait également, Isabelle Sambou ne se voyait pas vivre une si belle aventure. « La lutte m’a beaucoup apporté. Elle m’a transformé. J’ai voyagé dans plein de pays, j’ai découvert d’autres modes de vie, des cultures différentes. » Mais ce dont elle est la plus fière : avoir contribué à changer l’image de la femme lutteuse au Sénégal. « Etre un exemple pour beaucoup de filles aujourd’hui, c’est une immense fierté. Plein de filles que je croise me disent pratiquer la lutte grâce à moi. » Il reste plus qu’à leur faire profiter de cette expérience sans égal.

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