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Témoins d'actu

Assassinat de Thomas Sankara: pourquoi la vérité est-elle si difficile à trouver?

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35 ans après les faits et à l'issue de six mois d'audience, le verdict a été rendu le 6 avril 2022 dans le procès Thomas Sankara. Blaise Compaoré, l’ancien président du Burkina Faso, a été reconnu coupable d’avoir commandité le meurtre de son prédécesseur, tué lors d’un coup d’État en 1987. Mais plusieurs zones d'ombre demeurent. Gaëlle Laleix, journaliste au service Afrique de RFI, a suivi le procès à Ouagadougou.

Thomas Sankara
Thomas Sankara © William F. Campbell/Time & Life Pictures/Getty Images
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Dans cet épisode de Témoins d'actu, Gaëlle Laleix, commence par expliquer que ce procès n'a pas levé toutes les zones d'ombre sur la mort de Thomas Sankara, pour la simple et bonne raison, dit-elle, : « Qu'il y a toute une partie de l'instruction qui n'a pas été jugée au cours de ce procès. L'instruction a été divisée en deux. La partie Burkinabè et la partie internationale. On soupçonne qu'il y a eu des ficelles tirées soit de pays africains, soit de la France dans cet assassinat. Concernant la France, Thomas Sankara gênait beaucoup le président de l'époque, François Mitterrand parce que ce jeune militaire marxiste dénonçait fortement la Françafrique ». 

Le 6 avril 2022, à l'énoncé du verdict devant le tribunal militaire de Ouagadougou, Gaëlle dit avoir été frappée par l'immense soulagement dans la salle : « Cet assassinat était une plaie béante, et ce qui est certain, c'est que tout le monde voulait que la page soit tournée. Il fallait que l'on ait une version officielle de l'histoire ». L’ancien chef d’État Blaise Compaoré, a été condamné par contumace à la prison à perpétuité, tout comme le commandant de sa garde au moment des faits, Hyacinthe Kafando. « C'est la procédure, lorsque l'on n'est pas présent, lorsque l'on fuit la justice. Blaise Compaoré est en exil en Côte d'Ivoire. Hyacinthe Kafando, lui, est introuvable ». 

Le verdict était plus surprenant pour le Général Gilbert Diendéré, qui à l'époque était chef d'état-major personnel de Compaoré et qui lui aussi a été condamné à la prison à vie. Il purge déjà une peine de vingt ans de prison pour sa participation à une tentative de coup d’État en 2015. « C'était une surprise. Vingt années de prison avaient été requises contre lui. Beaucoup de Burkinabè ont été indignés parce qu'ils voyaient en lui l'homme providentiel qui pourrait sortir aujourd'hui le pays de sa crise sécuritaire ».

Ce qui a marqué aussi Gaëlle Laleix quand elle est arrivée à Ouagadougou avant l'ouverture du procès, c'est que dans les rues, les gens n'étaient pas au courant que ce procès allait avoir lieu : « C'était assez intriguant de voir que les jeunes, qui n'avaient même pas connu Sankara étaient intéressés, mais les autres beaucoup moins ».

« Ce qui est certain, conclut Gaëlle, c'est que désormais, on a une version officielle de la mort de Thomas Sankara et c'est important pour l'histoire ». Reste encore la question du pardon et du dialogue : « La grande difficulté, c'est que Blaise Compaoré n'a pas affronté la justice. Les parties civiles et les proches de Thomas Sankara, sont prêtes au pardon encore faut-il, disent-elles, qu'il nous demande pardon. Il y a vraiment une suite qui va être difficile à gérer maintenant pour les autorités en place ».

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