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Revue de presse internationale

À la Une: l'accueil en Asie centrale des jeunes Russes qui ont fui la mobilisation

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Des Russes fuyant la mobilisation partielle, font la queue pour obtenir leur numéro d'identification personnel, dans un centre de services publics à Almaty, au Kazakhstan, le 3 octobre 2022.
Des Russes fuyant la mobilisation partielle, font la queue pour obtenir leur numéro d'identification personnel, dans un centre de services publics à Almaty, au Kazakhstan, le 3 octobre 2022. © AP/Vladimir Tretyakov
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Les autorités russes annoncent avoir recruté 200 000 hommes depuis le décret de mobilisation partielle signé le 21 septembre par Vladimir Poutine. C’est le chiffre donné par le ministre russe de la Défense ce mardi 4 octobre.

Du poisson ou un mouton pour la famille de chaque mobilisé

Tous les moyens sont bons pour faire venir les hommes sous les drapeaux. Le Times rapporte ainsi l’initiative du responsable de Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, dans l’île de Sakhaline à l’extrême-est de la Russie : il offre cinq kilos de poissons aux familles des hommes qui rejoignent l’armée. Une mesure quasi identique avait déjà été prise à Touva, rapporte le journal britannique.

Dans cette ville de Sibérie, les familles des mobilisés reçoivent chacune un mouton, 50 kilos de farine et deux sacs de pommes de terre. « Une réelle indication du niveau de pauvreté que les responsables cherchent à dissimuler », analyse le quotidien qui précise : « Les ethnies minoritaires de ces régions sont mobilisées de manière disproportionnée pour aller se battre en Ukraine. »

« L'accueil des Kirghizes est un vaccin contre l'impérialisme »  

Le New York Times s’intéresse, lui, aux Russes des grandes villes qui ont fui la mobilisation et qui s’installent au Kirghizistan. La plupart des Russes qui se sont réfugiés dans cette république d’Asie centrale sont éduqués et bénéficiaient d’emplois bien rémunérés. « L’accueil dont ils ont bénéficié, les contraint à reconsidérer leur sentiment de supériorité », remarque le correspondant du quotidien américain qui cite le témoignage d’un moscovite de trente-deux ans : « C’est un vaccin contre l’impérialisme de venir ici et d’être accepté les bras ouverts, quand on connait la manière dont les Kirghizes sont traités dans les grandes villes russes où ils occupent des emplois subalternes et sont souvent discriminés ». Le journal relate les propos du président Jasparov au sujet de l’afflux de ces jeunes diplômés russes : « nous n’y voyons aucun mal, mais de nombreux avantages pour le pays ».

À lire aussi : Kazakhstan: un groupe de musique local adresse une chanson aux Russes fuyant la mobilisation

Mais le quotidien cite aussi le dirigeant d’une agence de voyage à Bichkek qui s’inquiète des retombées de cette immigration massive : « Les propriétaires bailleurs et les hôtels profitent pleinement de cette manne, mais cela risque d’accroitre les tensions : les loyers explosent et des familles kirghizes ont été expulsées pour faire place aux Russes plus fortunés. »

Le même problème se pose au Kazakhstan voisin, où selon le journal Caravan, 98 000 citoyens russes sont arrivés dans le pays depuis le 21 septembre. « Les prix de la location d’appartements ont bondi et certains exigent même la fermeture de la frontière », commente le quotidien qui publie une vidéo de files d’attentes interminables aux points de passage russo-kazakhs. 

La crise du logement menace en Asie centrale

La revue Foreign Policy confirme les difficultés rencontrées par ces pays d’Asie centrale face à l’afflux massif de jeunes Russes. « L’hospitalité est une tradition fondamentale en Asie centrale. De nombreux volontaires distribuent de la nourriture et des boissons aux arrivants qui fuient la mobilisation, des gymnases et des mosquées se sont muées en dortoirs pour les recevoir », entame la correspondante à Bichkek de la revue avant de pondérer : « Mais la colère monte : beaucoup de ces villes d’Asie centrale sont au bord d’une crise du logement sans précédent, et les prix des loyers sont devenus inaccessibles à la population locale. » Foreign Policy évoque une crise humanitaire en formation dans ces républiques et estime que la communauté internationale devrait leur venir en aide pour faire face à cet afflux migratoire. 

« En Russie comme à Hong Kong, les gens votent avec leurs pieds »

Dans un éditorial, le Washington Post dresse de son côté un parallèle entre la fuite de ces jeunes Russes et celle des résidents de Hong Kong. « Si vous voulez avoir une idée de ce que le peuple pense de votre politique, ouvrez les frontières et vous verrez si les gens arrivent ou partent », entame l’éditorialiste avant d’évoquer les départs massifs des Russes et des habitants de Hong Kong.

Selon le quotidien américain, l’ancienne colonie britannique a enregistré la plus importante baisse de population depuis que ces données sont enregistrées en 1961, avec le départ de 113 000 résidents entre l’été 2021 et l’été 2022. « Ceux qui partent sont des personnes éduquées, qui travaillent dans le commerce ou la finance. Et pour justifier leur décision, ils évoquent la politique anti-Covid et le contrôle de plus en plus ferme de Pékin sur la ville », explique le journal. « Qu’il s’agisse des Russes ou des habitants de Hong Kong, les chiffres ne mentent pas : les gens votent avec leurs pieds », conclut l’éditorialiste.

À Hong Kong, le South China Morning Post confirme la tendance avec ces chiffres donnés le 2 octobre par le président de la Chambre de commerce locale : 10% des entreprises de Hong Kong ont quitté la ville de manière permanente au cours des six premiers mois de l’année, la plupart pour aller s’installer à Singapour. Le président de la Chambre de commerce de Hong Kong attribue ces départs aux mesures sanitaires prises pour lutter contre le Covid et estime qu’il est urgent de les alléger : « il nous est impossible de faire des projets car nous ne pouvons pas interagir avec le monde extérieur, ce qui aggrave encore le problème de la fuite des cerveaux. Ce à quoi Hong Kong est confronté est extrêmement difficile », déclare-t-il dans les colonnes du journal. 

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