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Reportage international

Italie: le parti de la Première ministre met en danger le droit à l'avortement dans certaines régions

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Le 23 avril 2024, le Parlement italien a voté un amendement de Fratelli d’Italia qui permet aux mouvements anti-avortement d’intervenir dans les centres de planning familial. En Émilie-Romagne, où l’accès à l’IVG est garanti, contrairement à de nombreuses régions, la décision du parti de Georgia Meloni provoque l’inquiétude et la colère.  À Modène, l’association féministe Bon Una di Meno prépare pour ce 8 mai, jour de la fête des Mères en Italie, une réunion d'information pour endiguer l'influence de ces groupes.

Une femme tient une pancarte indiquant en italien : « Avortons ensemble l'embryon et le patriarcat » devant le Sénat italien à Rome, le lundi 22 avril 2024.
Une femme tient une pancarte indiquant en italien : « Avortons ensemble l'embryon et le patriarcat » devant le Sénat italien à Rome, le lundi 22 avril 2024. AP - Roberto Monaldo
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De notre correspondante à Modène,

Le rendez-vous est fixé à l'Eretica, un local associatif dans l'ouest de Modène. Dans la petite salle du premier étage, les militants sont une vingtaine. Premier point à l'ordre du jour, organiser une soirée à destination des femmes pour les informer sur la réalité de l'avortement. Car depuis 6 mois, les groupes dits pro-vie ont été particulièrement actifs à Modène. Pour la première fois en Italie, l'association 40 jours pour la vie a organisé des veillées devant l'hôpital Polyclinico, qui pratique des avortements. Luciana milite depuis près de 10 ans au sein de Non Una di Meno.

« C'était de 07h00 du matin à 07h00 du soir. Ils n'étaient pas nombreux, mais ils se mettaient là pour prier pendant des heures et une militante sur place nous a également informés qu'ils faisaient signer des pétitions. »

Les premières veillées ont lieu en octobre et novembre, puis de nouveau en février et mars, soit au total 80 jours de prière anti-avortement au pied de l'hôpital. Le 10 mars dernier, le groupe organise même une assemblée publique sur le syndrome post-avortement. Victoria a assisté à cette conférence opposée à cette théorie des chiffres et des études.

« Cette conférence paraît essentiellement du syndrome post-avortement. De quoi s'agit-il ? D'un mensonge. Nous nous sommes informés, documentés, et ça n'existe pas. Eux ont comparé ce syndrome post-avortement au syndrome de stress post-traumatique. »

Des pratiques anti-IVG qui pourraient se généraliser

En Italie, l'avortement est autorisé par la loi 194 adoptée en 1978. Dans les faits, 63% des gynécologues et des obstétriciens sont objecteurs de conscience pour des raisons religieuses où personnelles. Ils peuvent refuser de pratiquer une interruption volontaire de grossesse ou même de délivrer le certificat médical préalable à une IVG. Dans les Abruzzes, en Basilicate, en Sicile, à Bolzano ou dans le Molise, ce chiffre dépasse les 80%.

Les centres de consultation familiale jouent alors un rôle clé. En Émilie-Romagne, ils délivrent 70% des certificats médicaux dont les femmes ont besoin avant de pouvoir effectuer une IVG. Victoria : « Nous nous sommes proposés d'accompagner les personnes qui en auraient besoin, d'aider les personnes qui avaient eu de mauvaises expériences, parce que cette situation dans les centres a déstabilisé pas mal de monde. »

Dans les régions où la coalition gouvernementale est au pouvoir, les associations dites pro-vie ont déjà pénétré les centres de consultation familiale. Dans le Latium ou dans les Marches, des femmes ont dénoncé des entretiens au cours desquels elles avaient été contraintes d'écouter les battements du cœur du fœtus. Avec cet amendement, les militantes craignent que ces pratiques anti-avortement ne se généralisent du nord au sud du pays.

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