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Reportage international

Autriche: l'avenir de l'agriculture biologique en question

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Alors que le Salon de l’agriculture s’ouvrait ce samedi à Paris (24/02), nous partons pour l’Autriche, championne d’Europe de l’agriculture biologique. Le pacte vert européen prévoit d’accroître la production biologique afin qu’elle représente 25% de l’utilisation des terres agricoles dans l’Union européenne d’ici à 2030, mais l’Autriche, elle, est déjà à 27%. Si le pays est fier de son modèle, la filière bio s’interroge aujourd’hui sur son avenir.

Un agriculteur travaillant dans le biologique. En Autriche, l'agriculture biologique représente 27% de la surface agricole (photo d'illustration).
Un agriculteur travaillant dans le biologique. En Autriche, l'agriculture biologique représente 27% de la surface agricole (photo d'illustration). AFP Photos/CHARLY TRIBALLEAU
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De notre correspondante à Vienne,

De nombreux Autrichiens achètent leurs produits bio en supermarché. Ceux-ci ont joué un rôle important en Autriche dans la diffusion du bio et ce relativement tôt. La marque bio Ja! Natürlich, que dirige Andreas Steidl au sein du groupe Rewe, a ainsi été lancée en 1994. « C’était le bon moment et nous avons fait les choses correctement, car nous avons développé une offre importante non seulement de produits individuels, mais de gammes entières. Nous avons aujourd’hui environ 1 000 articles bio. Mais il est important que cela reste abordable. Il faut faire attention et optimiser chaque détail afin que les prix ne s’envolent pas, concernant par exemple la manière dont les articles sont produits et distribués jusque dans nos magasins », explique-t-il.

On trouve ainsi du lait bio Ja! Natürlich dès 1,69 euro en magasin, mais la question est de savoir comment vivent les agriculteurs qui remplissent ces étals ? Nous nous rendons à Dorfbeuern, dans la région de Salzbourg, retrouver Michael Eder. « Notre activité principale est la production laitière. Nous avons 30 vaches laitières. Et nous exploitons environ 40 hectares, dont la moitié est située dans une réserve naturelle. En plus du lait, nous produisons donc, pour ainsi dire, aussi de la nature », indique-t-il.

Avec sa femme Johanna, Michael a repris il y a 20 ans cette exploitation, qui est dans sa famille depuis cinq générations. Ils produisent du lait de foin bio, appellation qui certifie que les vaches sont nourries principalement d’herbe en été et de foin en hiver. « Nous recevons 69 centimes par litre pour le lait de foin bio. Pour le lait bio normal, sans foin, c’est seulement 59 centimes. À titre de comparaison, un litre de lait conventionnel vaut actuellement 52 centimes, si on prend le standard le plus bas proposé dans notre laiterie », dit-il.

Michael affirme vivre décemment, mais comme de nombreux agriculteurs bio, il a un deuxième travail, afin de faire face aux fluctuations de revenus d’une année sur l’autre et met en avant l’importance des aides directes. « C’est une base sur laquelle on peut compter de manière fixe. Si on regarde les chiffres moyens, on constate que pour de nombreuses exploitations, les revenus correspondent quasiment à ces subventions. Sans ces subventions, il n’y aurait pas de revenus. Elles jouent donc un grand rôle. Mais bien sûr, il y a toujours des plaintes sur cette dépendance et surtout sur ces réglementations qui changent sans cesse et toute la bureaucratie qui va avec. »

Alors que 900 fermes ont abandonné la production biologique l’an passé, les ONG plaident pour davantage de subventions à ce secteur et la création de coopératives et de marques bio indépendantes, afin de contrebalancer le pouvoir des supermarchés et leur influence sur les prix, qu’elles jugent trop important aujourd’hui.

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