Israël-Palestine: Ella et Aya, un duo pour l'égalité et la coexistence

Récit d’une amitié à toute épreuve entre deux jeunes filles, une juive et une musulmane, israélienne et palestinienne. Leur combat : l’égalité et la justice pour tous de « la mer au Jourdain ».

Ella et Aya dans la bibliothèque de l’université Hébraïque de Jérusalem. © Sami Boukhelifa / RFI

De notre correspondant à Jérusalem,

Elles mélangent l’anglais, l’hébreu et l’arabe. Ella et Aya sont toutes deux étudiantes à l’université hébraïque de Jérusalem. « Je m’appelle Ella. J’habite à Jérusalem. J’ai 25 ans », se présente en arabe, la jeune fille, juive israélienne. « Les événements du 7 octobre ont été particulièrement choquants. Mais la première personne à m’avoir écrit ce jour-là, c’est Aya ma meilleure amie, arabe. Elle m’a demandé si toute ma famille allait bien. Évidemment, il ne faut pas que ces événements, aussi choquants qu’ils soient, nous amènent à considérer tous les Palestiniens ou tous les gens qui habitent à Gaza, comme un seul bloc. La réalité n’est pas uniforme », dit-elle.

« Bien sûr qu’on peut vivre tous ensemble et c’est même ce qu’il faut faire »

Et pourtant, Ella le sait : dans son pays, rares sont ceux qui partagent sa vision. « Je pense que notre gouvernement nous endoctrine. Il essaye de nous inculquer l’idée qu’on vivra à tout jamais en guerre. Qu’on n’a pas le choix : c’est soit eux, soit nous. Il faut évidemment lutter contre ce discours. Bien sûr qu’on peut vivre tous ensemble et c’est même ce qu’il faut faire », explique-t-elle.

Dans les couloirs de l’université, des étudiants israéliens réservistes, armés d’un fusil d’assaut. Des étudiants juifs religieux, des musulmanes voilées, des Palestiniens chrétiens. Juifs, arabes, deux peuples pour une seule terre. Aya a 23 ans. « Toutes ces armes à l’université, ça ajoute de la tension, de la peur, de la pression entre les étudiants. Mais malgré tout ça, mes amis juifs, je ne les vois pas différemment », indique-t-elle.

« Un seul pays, avec des droits égaux pour tous »

Aya est palestinienne de nationalité israélienne, qu’on appelle également les arabes israéliens. « J'essaye de ne pas voir les choses à travers mon identité arabe palestinienne. D'avoir simplement un regard d’être humain. Le 7 octobre n’est pas un événement anodin. Tellement de gens ont été tués ce jour-là, des juifs comme des arabes. Parmi les otages, il y a aussi des juifs et des arabes. Et nous prions pour qu’ils soient tous libérés. C’est horrible ce qui leur est arrivé. Et en même temps, il y a aussi Gaza et tous ces innocents qui sont tués, qui sont victimes de cette guerre. Je ne peux pas non plus faire comme si ça ne me concernait pas. Je fais aussi partie du peuple palestinien », insiste-t-elle.

Aya, Ella, comment les deux jeunes filles voient l’avenir ? Israël, Palestine, une solution à deux États ? Ou un seul État binational ? « Un seul pays, avec des droits égaux pour tous », répondent les deux jeunes militantes pour la paix. Elles font partie de Standing Together, le plus grand mouvement populaire de Palestiniens et de Juifs pour la paix.