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Reportage international

En Autriche, les mesures prises face au retour du loup suscitent le débat

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Comment faire face au retour du loup ? Cette question, plusieurs pays européens se la posent, alors que la Commission européenne a annoncé en septembre dernier une possible révision du statut de protection de l’animal. Le débat est vif en Autriche, où plusieurs régions ont adopté, ces derniers mois, des autorisations d’abattage rapide, qui ne font pas l’unanimité.

En 2022, 80 loups ont été officiellement recensés en Autriche.
En 2022, 80 loups ont été officiellement recensés en Autriche. © Joe Klamar / AFP
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De notre correspondante à Vienne,

Michael Stocker est agriculteur dans la région de Carinthie, au sud de l’Autriche. Il exploite une ferme de montagne traditionnelle, située à 1 200 mètres d’altitude, qui appartient à sa famille depuis plus de deux siècles. Ses animaux, environ 100 moutons et presque autant de bovins, passent l’été à l’alpage. Michael Stocker ne les pensait pas menacés par le loup jusqu’à ce jour de 2014, dont il se souvient parfaitement.

« Nous avons une exploitation extérieure, où les animaux sont habitués à paître, c'est là que le loup a frappé. Il était caché à l'intérieur de l’étable, là où tout le monde disait que c’était impossible, et a mordu à mort 18 moutons en l'espace de deux jours et demi », raconte Michael Stocker. « Ce loup a ensuite été abattu chez nous. Quand on voit les dégâts que ces animaux peuvent causer et en très peu de temps, on se dit qu’avec eux, il n’y aura plus d’agriculture, plus d’espace rural, plus d’économie alpestre. Les éleveurs des alpages, de moutons, de bovins, tous ont cela en tête, ancré profondément. »

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Un abattage qui divise

Pour faire face à la présence du loup, la plupart des régions autrichiennes, dont la Carinthie, ont adopté ces derniers mois des autorisations d'abattage rapide. Ce que critique Christian Pichler de l’ONG WWF. Selon lui, d’autres mesures pourraient être mises en œuvre afin d’éviter que l’abattage ne devienne systématique.

« Cela ne sert à rien de tuer un loup qui n'a encore jamais tué de mouton », indique Christian Pichler. « Il nous faut plutôt reconnaître qu’à l’avenir, les moutons devront être protégés dans les alpages par un berger et des chiens de protection durant la journée et gardés, la nuit, dans un enclos, derrière des clôtures électriques. C'est ce qui se passe dans de nombreux pays d'Europe et cela devrait également être mis en œuvre en Autriche, ce qui n'est pas le cas. »

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Perte de temps et perte d'argent pour certains agriculteurs

Mais pour Martin Längauer, de la Chambre d’agriculture autrichienne, beaucoup d’agriculteurs ne peuvent se permettre de mettre en place ces mesures, en raison des coûts, mais aussi du temps qu’elles impliquent.

« Il est important de savoir qu'un grand nombre d'exploitations en Autriche sont gérées à titre d'activité secondaire, c'est-à-dire que les exploitants agricoles ont un autre métier et que leur temps est donc très limité. Cela signifie que toute charge de travail supplémentaire, comme la protection des troupeaux, les clôtures, etc, peut conduire à l'abandon de l'exploitation. »

L’année dernière, 80 loups ont été officiellement recensés en Autriche. Ce nombre devrait être similaire pour l’année 2023, selon plusieurs estimations. 

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