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Reportage international

Autriche: le projet de rénovation de la maison natale d'Adolf Hitler divise

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Que faire de la maison natale d’Adolf Hitler ? Voilà une question qui embarrasse l’Autriche depuis des années, mais le sort de la bâtisse est désormais fixé : les travaux ont commencé au début de ce mois d’octobre pour la rénover afin qu’elle accueille, à l’avenir, un poste de police. Une décision qui ne ravit pas tout le monde.

Vue extérieure de la maison natale d'Adolf Hitler, à Braunau am Inn.
Vue extérieure de la maison natale d'Adolf Hitler, à Braunau am Inn. © Kerstin Joensson / AP
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De notre correspondante à Vienne,

L’imposante bâtisse, à la façade jaune pâle, se dresse en plein centre-ville de Braunau am Inn, commune de 17 000 habitants, située au nord-ouest de l’Autriche, à la frontière avec l’Allemagne. C’est entre ces murs que naquit Adolf Hitler le 20 avril 1889. Plus d’un siècle plus tard, les travaux de rénovation ont commencé. Après des années de débat, l’État autrichien a décidé d’y installer, à l’horizon 2026, un poste de police, dans lequel les policiers pourront également être formés aux droits de l’homme.

Comme beaucoup d’autres passants, Martin s’arrête, intrigué, devant la maison. Ce touriste allemand est de passage à Braunau avec sa femme. « Je pense qu’il faut utiliser ce genre de bâtiments et laisser l’histoire se reposer. Et un poste de police, cela convient d’une certaine manière. Quand le droit revient, cela resserre les liens dans la société. »

Avec ce projet, le gouvernement espère stopper les pèlerinages néonazis, mais celui-ci ne fait pas l’unanimité.  « Je passe devant la maison presque tous les jours et je regarde s'il y a des autocollants sur les murs, des bougies ou des fleurs : c'est en fait très rare », explique Florian Kotanko, historien et habitant de Braunau. « Cela ne devrait donc pas être l’élément déclencheur. Il aurait été tout à fait concevable qu'un établissement de formation soit créé ici pour la société civile, qu’on agisse non de manière défensive, mais offensive, en utilisant le bâtiment comme un endroit où on confronte les gens à ce qui s'est passé. »

Un tabou encore présent

Le débat est d’autant plus émotionnel en Autriche que le pays a longtemps nié ce passé, malgré sa participation aux crimes nazis. Le silence qui a régné des décennies durant dans les familles ne doit jamais revenir, estime Annette Pommer, une jeune professeure d’histoire, qui a grandi à Braunau.

« Dans chaque famille, il y a une histoire liée au national-socialisme et je pense que beaucoup ont peur de se demander : qui étaient mes parents, mes grands-parents ? Qu’ont-ils fait ? On ne veut pas que cette histoire se répète, mais pour cela, il faut en parler ouvertement, comprendre la manière dont les choses peuvent se produire afin de pouvoir les arrêter si elles arrivaient de nouveau. Cela aurait justement été une possibilité dans cette maison et je pense que ça aurait été extrêmement important, en particulier pour les générations futures. »

Un symbole toutefois restera après la fin des travaux : une pierre installée devant la maison, qui provient du camp de concentration de Mauthausen, situé à une centaine de kilomètres de là, et qui arbore un message « pour la paix, la liberté et la démocratie ».

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