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Reportage international

À Cuba, le chômage pointe à l’horizon

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Le gouvernement a engagé, depuis le début de l’année, de grandes réformes de son économie planifiée depuis des décennies par le système centralisé, dirigé par le Parti communiste cubain. Mais l’unification monétaire et du taux de change chamboulent les entreprises d’État qui sont désormais forcées à la rentabilité et l’efficacité. Du côté du secteur privé, avec la crise économique et les pénuries, plus de la moitié des entrepreneurs sont actuellement en chômage technique.

Une vue de La Havane, avril 2019 (photo d'illustration).
Une vue de La Havane, avril 2019 (photo d'illustration). ©RFI/Isabelle Le Gonidec
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Les Cubains se remettent au travail, selon le gouvernement qui se réjouit de cette annonce. 127 000 personnes ont frappé à la porte du ministère du Travail pour solliciter un emploi, attirés par la récente hausse des salaires d’État. Alan est dans la file d’attente du bureau local du ministère du Travail. Il y a une dizaine d’années, il avait quitté le secteur étatique pour travailler à son compte en tant que barbier-coiffeur, une décision qu’il remet aujourd'hui en question. Comme 45% des travailleurs du secteur privé, Alan Ribero a dû rendre sa licence faute de pouvoir travailler du fait de la crise et des pénuries.

« Avant je gagnais mieux en étant dans le secteur privé mais maintenant c’est pire. Et beaucoup de gens se retournent vers le secteur étatique avec la hausse des salaires d’État. Moi, j’y réfléchis, parce qu’en ce moment je ne travaille pas, mais il faut continuer de payer les factures et tout un tas de choses, donc il faut bien que je fasse quelque chose. Mais il y a très peu d’offres d’emploi », se plaint Alan.

L’État ne propose, effectivement, que peu d’offres et elles risquent de se réduire dans les prochains mois. Avec la réforme monétaire et du taux de change la comptabilité des entreprises d’État est désormais basée sur l’économie réelle, ces entreprises ont donc à présent obligation d’être rentables, à moins de disparaître.

Le gouvernement considère que 400 d’entre elles pourraient fermer d’ici la fin de l’année, laissant sur le carreau plus de 300 000 travailleurs, des chiffres sous-estimés selon certains économistes. Marino Murillo, membre du bureau politique du Parti communiste cubain, est en charge de la mise en place de la grande réforme. « Le chômage ne peut pas être une option. Mais la solution ne peut pas non plus être de financer toutes les entreprises non rentables. Donc, il faut laisser sa chance dans un premier temps au système entrepreneurial d’État pour qu’il réagisse. Mais l’option du chômage n’est pas valide », affirme Marino Murillo.

Et l’une des solutions pourraient donc se trouver dans l’ouverture du secteur privée qui emploie 13% des travailleurs cubains. L’activité privée vient d’être largement autorisée dans la majorité des secteurs de l’économie cubaine. Une réforme favorable à l’emploi, selon Marta Deus, jeune entrepreneuse et comptable. « Il faut une économie plus forte et il faut des opportunités d’emplois pour ceux qui vont sortir des entreprises d’État qui vont être restructurées, donc l’ouverture devait se faire. Je crois que les gens sont prêts mais il y a beaucoup de difficultés à surmonter. La première chose pour entreprendre c’est d’avoir un petit capital et les gens n’ont pas ces économies et ce capital de départ », nous dit Marta Deus.

Mais pour les entrepreneurs il faut aller plus loin et autoriser la création de petites et moyennes entreprises, qui pourraient absorber 100 000 emplois en un an. Ce qui est encore loin du compte. Beaucoup de Cubains pourraient donc aussi décider de faire grandir les rangs du secteur informel.

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