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Reportage Afrique

Sénégal: à Dakar, le fléau des déchets plastiques perdure

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Au Sénégal, les dégâts de la consommation débridée de plastiques jetables sont omniprésents, que ce soit dans les zones rurales comme dans les villes, et bien sûr à Dakar. 

Modou Fall, « l'homme plastique », lors de l’une de ses interventions au marché de Dakar, en novembre 2019.
Modou Fall, « l'homme plastique », lors de l’une de ses interventions au marché de Dakar, en novembre 2019. Charlotte Idrac / RFI
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De notre correspondante à Dakar,

Un groupe d’employés municipaux et de citoyens volontaires balaye les rues de la commune de Fann-Point E-Amitié et entasse les déchets dans des brouettes. Au milieu des feuilles mortes, d’énormes quantités de plastiques viennent s’accumuler dans la collecte.

« C'est dégueulasse, ce n’est pas hygiénique. Ce sont des bouteilles d'huile qui viennent certainement des mécaniciens, on ne sait jamais... Ce sont aussi des sachets en plastique d’eau », souffle une employée, exaspérée.

Impossible d’éviter ces sachets, pour boire de l’eau ou pour faire ses achats ; ils sont ancrés dans les habitudes sénégalaises, ce que déplore Amadou Mbengue, responsable communal de la Sonaged, qui collecte les déchets. « Même en boutique pour acheter pour 25 francs de sucre, c’est [distribué] dans un sachet plastique. On est en train de surproduire des déchets plastique », s'alarme Amadou Mbengue.

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Pourtant, le pays a bien adopté en 2020 une loi interdisant tous les plastiques à usage unique, gobelets, couverts, sacs, mais sans suite. « La sanction manque dans ce pays. La sanction pécuniaire », martèle-t-il.

Problème environnemental et problème sanitaire

À Dakar, il y a aussi le phénomène des charretiers qui ramassent les ordures en dehors du circuit officiel, et les balancent dans la nature. Ces plastiques rejetés dans les rues et les océans posent un problème environnemental, mais aussi un problème sanitaire, comme l’explique le professeur Adams Tidjani, spécialiste des microplastiques, qui dirige aujourd’hui l’institut des métiers de l’environnement et de la métrologie.

« Quand il se dégrade, la chaîne du polymère, du plastique donc, devient des microplastiques. Et donc ce microplastique, à ce moment, peut être ingéré par les animaux, les animaux errants, comme dans la mer par les poissons », indique-t-il. « Donc, depuis quelque temps, on s'est rendu compte que dans nos assiettes, on retrouvait du microplastique. On ne sait pas quelles seront les conséquences de ce microplastique pour notre santé. »

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Le recyclage du plastique est encore balbutiant au Sénégal, seules quelques initiatives privées se penchent sur la question. Pourtant, c’est une piste à exploiter pour le professeur Tidjani. « Je suis convaincu qu’on peut faire beaucoup de choses. Mais ce ne serait possible que lorsque vous avez un "back-up", un laboratoire de recherche, parce qu'il faut faire des tests », explique-t-il. Et d'ajouter : « Par exemple : les clôtures de village ne sont pas bonnes, on peut en construire avec des plastiques, des bouées dans les mers. »

Deux cent cinquante mille tonnes de plastique sont jetées chaque année, à peine 30 000 sont recyclées selon le ministère de l’Urbanisme.

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