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Reportage Afrique

Côte d'Ivoire: Picard Amiral, de braconnier à protecteur des tortues marines

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Pour développer son projet de protection des tortues marines entrepris il y a 15 ans dans les environs de Grand-Bereby, l’ONG CEM (Conservation des espèces marines) a proposé aux chasseurs, habitués à nourrir leur famille avec la viande de tortues, de travailler pour l’organisation. Emballé par un projet à plusieurs facettes, Picard Amiral, ancien braconnier, est devenu spécialiste dans la protection et la préservation des trois espèces de tortues marines que l’on peut observer près des côtes ivoiriennes.

La progéniture des tortues marines est accompagnée jusqu'à la mer par les écogardes. (Image d'illustration)
La progéniture des tortues marines est accompagnée jusqu'à la mer par les écogardes. (Image d'illustration) AP - Ariana Cubillos
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De notre envoyé spécial à Roc, près de Grand-Brerby,

« Quand elles sont en train de faire leur ponte, il faut que nous, les écogardes, nous soyons à côté, pour les suivre. Après leur ponte, on les accompagne, jusqu’à la mer ». Il est 21h passé. Comme chaque soir, ou presque, Picard Amiral va arpenter la plage de roc. 4 km aller, 4 km retour, plusieurs fois par nuit. Sa lampe rouge sur le front et ses yeux grands ouverts, il recherche les tortues marines profitant de la nuit pour aller pondre discrètement des centaines d’œufs dans un trou qu’elles recouvrent de sable.

Une nouvelle activité aux multiples bénéfices

« Aujourd’hui, je me sens mieux dans ce projet par rapport au braconnage avant. Quand l’ONG est venue me solliciter, j’ai dit OK, c’est vrai, quand je vendais la viande de tortues, je gagnais un peu de sous pour pouvoir nourrir la petite famille. Mais l’ONG est venue pour les rémunérations, ils ne m'ont pas proposé grand-chose, mais mon village Roc a bénéficié de plein de projets, grâce aux tortues marines, on a eu un bâtiment de trois classes, dans notre école primaire, un château d’eau », note l'ancien braconnier.

À écouter aussiLa mondialisation du braconnage

Les tortues attirent les touristes et favorisent les dons. C’est son père, pourtant grand consommateur de viande de tortues marines, qui l’a convaincu de passer de braconnier à écogarde il y a une dizaine d’années. « La tortue marine est la nourriture de mes parents Kroumens, et aujourd’hui, on est venu leur priver de leur propre nourriture, et ce n’était pas facile pour eux…, reconnaît-il. On ne peut pas dire que le braconnage n'existe plus, mais les mentalités ont changé ».

Altercations entre écogarde et braconniers 

Aujourd’hui, Picard Amiral est même devenu un spécialiste de l’animal, il gère une écloserie pour protéger les œufs des prédateurs et il est capable de reconnaitre les trois espèces de tortues marines présentes à Grand-Bereby à partir des traces qu’elles laissent sur la plage.

Mais les débuts n’ont pas été faciles, il a fallu parfois en venir aux poings avec les chasseurs de tortues : « Quand je fais des patrouilles la nuit, je suis menacé par mes frères, je dirais sinon les braconniers ou les chasseurs de tortues. Souvent, je suis seul sur la plage, et ils peuvent venir à trois personnes, comme ça. Quand j'essaye de les ramener à la raison, ils essayent de me mettre des coups de poing, de me tabasser un peu partout... Pourquoi ? Parce que je ne veux pas leur laisser la liberté de tuer des tortues. À tout moment, c'est le même scénario. Je ne me suis pas laissé faire. J'ai eu aussi à les boxer sur la plage à cause des tortues marines. » 

Aujourd’hui, Picard rêve de suivre une formation scientifique en Côte d'Ivoire ou à l'étranger sur les tortues marines.

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