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Reportage Afrique

Influences russes en Afrique [1/5]: l’héritage soviétique

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C’est un voyage dans le temps que vous propose de faire le premier épisode de notre série Influences russes en Afrique. Nous sommes en URSS, avec la guerre froide pour décor. Nikita Khrouchtchev, Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique puis Président du Conseil des ministres de l’URSS, comprend très vite que pour contrer le bloc occidental, il a tout intérêt à rallier à sa cause des pays africains en lutte pour leur indépendance. L’argumentaire développé par Nikita Khrouchtchev dès la fin des années 1950 est aujourd’hui recyclé par Moscou.  

C'est sous la direction de Nikita Khrouchtchev que l'URSS va lancer de multiples coopérations avec le continent africain.
C'est sous la direction de Nikita Khrouchtchev que l'URSS va lancer de multiples coopérations avec le continent africain. © Studio graphique FMM
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Dans un discours d'août 1961, le leader soviétique Nikita Khrouchtchev dénonce les actions des puissances dites impérialistes en Afrique. « Ce sont elles qui ont organisé la répression sanglante des patriotes du Congo, elles qui ont tué le héros national Patrice Lumumba », accuse-t-il.  

C'est sous sa direction que l'URSS va lancer de multiples coopérations avec le continent. Ventes massives d'armes et formations militaires, envoi de coopérants, développement de projets d'infrastructures, bourses d'études, les initiatives sont diverses et nombreuses. Des milliers d'étudiants fréquenteront ainsi les universités soviétiques.  

« En immersion avec les étudiants soviétiques » 

Si pour certains d’entre eux, l'expérience est rude, entre violence et racisme, ce n'est pas le cas pour l'ingénieur congolais Louis-Patrice Ngagnon, envoyé à Kiev dans les années 1970. « Nous avons reçu une très, très bonne formation. C'était vraiment une relation de coopération gagnant-gagnant, dans la mesure où nous partions d'ici dans les conditions les plus favorables, parce que tout était à notre portée », se souvient-il au micro de RFI. « Il n'y avait pas de séparation. On est entré en immersion avec les étudiants soviétiques, on a fait toutes nos études ensemble », insiste Louis-Patrice Ngagnon. 

L’ingénieur congolais estime que cette expérience a permis à sa génération de former la suivante au pays. Mais s'ils repartent avec des compétences certaines, tous ces étudiants ne deviendront pas une avant-garde communiste, comme l'espérait Moscou. La plupart des pays nouvellement indépendants feront d’ailleurs jouer la concurrence entre les deux blocs, comme le rappelle Tatiana Smirnova, anthropologue au centre FrancoPaix à l'université du Québec à Montréal.  

Des relations complexes avec l’URSS  

« Il faut souligner que les relations entre les pays du continent et l’URSS étaient très complexes, au-delà de l’image de cette confrontation entre deux blocs, entre deux grands Frères cherchant à secourir les pauvres pays oppressés », souligne la chercheure. Selon elle, les pays du continent ne se sont pas contentés de rester « à la périphérie », au contraire, ils ont eux-mêmes été actifs. « Les dirigeants jouaient plus ou moins la carte de ces blocs opposés en fonction des opportunités de moment », explique Tatiana Smirnova qui pointe l’exemple du Nigeria, « un pays qui, à l’époque, jouait très bien entre ces deux blocs ». 

À partir des années 1980, l'URSS s'écroule. L'intérêt pour le continent s'érode. La nouvelle Russie en sera largement absente jusqu'au retour opéré ces dernières années avec un discours recyclant le narratif soviétique. 

« La Russie libératrice de l'impérialisme occidental ; ce récit se construit sans aucun doute sur le passé soviétique », relève Tatiana Smirnova qui précise toutefois « qu’on ne peut pas dire que les relations actuelles se construisent à partir du réseau des anciens diplômés » des universités soviétiques. Un récit qui aujourd’hui trouve écho dans une partie de l'opinion publique africaine, frustrée par l’échec des processus démocratiques inaboutis engagés à la sortie de la guerre froide.  

 

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