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Reportage Afrique

Ouganda: pourtant rejeté par la population, le swahili devient deuxième langue nationale

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Comment changer la perception d’une langue en partie rejetée par la population ? En juillet, le gouvernement ougandais a approuvé la directive de la Communauté d’Afrique de l’Est de nommer le kiswahili langue officielle de l’organisation régionale ; une langue qui sera désormais bientôt enseignée obligatoirement dans les écoles. Mais si le kiswahili est largement parlé dans les pays voisins, le Kenya, la Tanzanie et l’est de la RDC notamment, c'est loin d'être le cas en Ouganda. 

Un instituteur ougandais accueille ses élèves lors de la rentrée scolaire à Kampala, le 10 janvier 2022 (image d'illustration).
Un instituteur ougandais accueille ses élèves lors de la rentrée scolaire à Kampala, le 10 janvier 2022 (image d'illustration). © Badru Katumba / AFP
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Avec notre correspondante à Kampala, 

La leçon du jour : apprendre à donner une direction en kiswahili. Isabelle Bachomeka, en première année d’école secondaire, est l’une des élèves de ce lycée du centre de Kampala : « On a commencé par les bases, comme les nombres, donc un se dit “moja”, deux “mbili”, puis “tatu”, “nne”, “tano”, “sita”, et d’autres vocabulaires qu’on nous enseigne au début. On est plus à l’aise maintenant, mais pas encore entièrement. » raconte-t-elle. 

Pour elle comme pour ses camarades, c’est la première année de cours de kiswahili, pour l’instant obligatoires en Ouganda que pendant les deux premiers niveaux du cycle secondaire. Le professeur Patrick Omondi est le seul enseignant de la langue dans l’établissement. « La plupart des élèves, dans leurs familles, ne parlent pas kiswahili, observe-t-il. Et en troisième année, le cours devient une option, dans laquelle je n’ai que cinq étudiants, ce qui veut dire que la grande majorité des élèves n’a pas continué. »

La promotion des échanges régionaux 

L’enseignant explique ce manque d’intérêt notamment par la mauvaise réputation de la langue dans le pays. Car le kiswahili est historiquement associé à l’armée, selon Jared Otok, professeur au centre d’apprentissage des langues Umoja. Il était utilisé par les soldats et par les voleurs, notamment au temps d’Idi Amin Dada. Donc, à cause de ça, beaucoup d’Ougandais se sont éloignés de cette langue, on racontait que le kiswahili était une langue de criminels et de voleurs. Ça a amené la population à se concentrer sur ses propres langues locales. 

C’est pour promouvoir les échanges régionaux que le gouvernement veut désormais rendre obligatoire l’enseignement du kiswahili dès la primaire et pour tout le secondaire. Selon Dennis Mugimba, porte-parole du ministère de l’Éducation, l’introduction de la langue se fera de manière graduelle :

Les trois premières années de primaire, les élèves apprennent en langue locale, et l’anglais n’est qu’une matière. Maintenant, en quatrième année, nous introduirons le kiswahili. Donc, l’année prochaine, tous les élèves de quatrième année doivent avoir des cours de kiswahili toutes les semaines.

Un conseil national sur le kiswahili doit également être mis en place, affirmait début septembre Rebecca Kadaga, la ministre des Affaires est-africaines. 

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