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Les murs du monde

Jérusalem: les remparts de la vieille ville, à l’épreuve du temps

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Découverte aujourd'hui de l’un des plus anciens murs du monde, toujours debout : les remparts de la vieille ville de Jérusalem. Détruits et reconstruits depuis la nuit des temps, ils traversent les âges. Leur partie la plus ancienne remonterait à l’époque du Premier Temple de Salomon. Les murs les plus récents ont été édifiés sur ordre du Sultan Soliman le magnifique au seizième siècle, alors que la ville sainte faisait partie de l’Empire ottoman. Aujourd’hui, ils sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco.

La porte de Damas est la principale entrée vers la vieille ville de Jérusalem.
La porte de Damas est la principale entrée vers la vieille ville de Jérusalem. © Unesco
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C'est une pierre blanche typique de la région : « Pour comprendre l’histoire de ce mur, il faut comprendre l’histoire de la ville, raconte Imane Abu Seir, guide touristique. Je suis Palestinienne de Jérusalem. Mais pour moi, ce n’est pas un métier, c’est une passion. J’aime ma ville et son histoire. » Depuis 20 ans, elle la raconte aux plus curieux.

« Si vous regardez n’importe quelle carte, ou si vous ouvrez n’importe quel livre d’histoire sur Jérusalem, on vous dira : ce mur fait quatre kilomètres de long. Il entoure le quartier chrétien, le quartier juif, le quartier arménien et le quartier musulman de la vieille ville. Mais c’est trop simpliste comme présentation. »

Berceau des monothéismes

Ces remparts et la ville qu’ils abritent, ont été convoités par les plus grands conquérants. Construits, balafrés, détruits, renforcés, reconstruits par les plus grands empires. Une histoire : égyptienne, juive, grecque, romaine, byzantine, arabe, croisée, mamelouke, ottomane. Et plus récemment : anglaise, jordanienne, palestinienne et israélienne : « Un jour, un historien a écrit : "Jérusalem est une jolie femme, violée par tous." Je ne suis pas d’accord. Pour moi, Jérusalem est une mère de famille, une femme sage, vertueuse, et tous ont souhaité devenir ses enfants. Tous ceux qui ont conquis la ville se sont protégés, et l’ont protégée, par des murs. Admirez-les, admirez les pierres qui les composent. »

Des murs en pierres, jusqu’à 12 mètres de haut. Des remparts agrémentés de huit portes. Sept sont ouvertes et une condamnée : « Nous sommes ici, à l’une des portes les plus emblématiques de la vieille ville. C’est Bab Al Khalil, la porte de Jaffa en français. C’est l’unique endroit où le mur est interrompu. Les remparts, on l’a dit, font le tour de la ville. Quatre kilomètres de long, sans discontinuation. Ils s’arrêtent uniquement ici, au niveau de la porte de Jaffa. Et cette ouverture remonte à l’année 1897. Elle a été faite en l’honneur du Kaiser allemand, venu en visite à Jérusalem. »

Quelle est l’histoire de cette ouverture ?

« Le Kaiser allemand est venu en visite, pour inaugurer l'église du saint Sauveur, dans le quartier chrétien, près du Saint-Sépulcre, poursuit laguide. À l’époque, la ville était ottomane. Et là, nous avons deux versions : la première histoire, raconte que les ottomans considéraient que seuls les envahisseurs victorieux, passaient par les portes de la ville. Alors, ils auraient démantelé la porte. Selon la seconde version, les ottomans auraient au contraire démantelé la porte, et ouvert un pan dans le mur, par respect, pour permettre au Kaiser, à sa femme et à sa cour, d’entrer dans la ville. »

D’après la tradition juive, 1000 ans avant notre ère, le roi David conquiert Jérusalem. Il étend la cité et ses murs. Son fils Salomon, construit le premier Temple et renforce les remparts, pour protéger la ville. Fortifiée, elle connaît son apogée.

Convoitée, la ville est pillée et incendiée, en l’an 586 avant Jésus-Christ. Ses murailles tombent. Elle se relève cinquante ans plus tard sous l’égide des Perses. En -19, le roi Hérode, né d’une mère arabe nabatéenne, et d’un père converti au judaïsme, entreprend des travaux spectaculaires pour rénover Jérusalem. Sa marque - ses remparts - sont toujours visibles : « Regardez au pied du mur, ces blocs de pierre gigantesques datent de la période hérodienne. Ensuite, plus on remonte, plus les pierres rapetissent. Tout en haut, c’est l’œuvre des ottomans. Évidemment, ça date de la période prospère de l’empire, pas de sa phase de déclin. Et entre Hérode et les ottomans, il y a la période des Croisés, celle de Saladin, puis des Mamelouks. Les uns et les autres, ont contrôlé successivement la ville. Les vainqueurs ont construit sur les ruines des vaincus. »

« Chacun a laissé sa trace »

Aujourd’hui encore, la partie occidentale des murs, là où se retrouvent Jérusalem est la palestinienne, et Jérusalem ouest l’israélienne, est criblée d’impacts de balles : « Chacun a laissé sa trace. Avant la guerre israélo-arabe de 1948, on vivait tous en harmonie ici, explique Imane Abu Seir. Cette division par quartiers : juif, chrétien, arménien, musulman, n’existait pas. Le chrétien était le voisin du musulman, qui était le voisin du juif. Il n’y avait pas de ségrégation. Cette ville, ses remparts et ses habitants, ont une seule et unique identité. Oui, nous avons des religions différentes : je suis musulmane, lui est chrétien, et elle est juive. Le cœur du problème ici, c’est d’avoir lié identité et religion. La religion ne devrait pas être un marqueur identitaire. La religion, c’est la foi, la croyance, le lien avec le divin. Mais tout ça a été politisé. On a mis de côté notre humanité, et on a été divisés. »

Au pied des remparts à l’ouest, une ligne imaginaire coupe Jérusalem en deux depuis 1949. La ligne verte. D’un côté, la ville juive, de l’autre, la ville arabe, occupée et annexée par Israël.  

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