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Le monde en questions

Les réticences du «Sud global» sur la guerre en Ukraine

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Cette semaine, Le Monde en questions s'intéresse à la position des pays du Sud, en Asie, en Afrique et en Amérique latine, par rapport à la guerre en Ukraine, et plus largement la tension extrême entre la Russie de Vladimir Poutine et le monde occidental. Et nombre d’entre eux se montrent opposés au fait de prendre parti pour l’Occident. Comment expliquer cette attitude réticente ou indifférente de ces pays du Sud ? 

Les délégations applaudissent après que l'Assemblée générale des Nations Unies a voté en faveur d'une résolution confirmant l'intégrité territoriale de l'Ukraine et appelant à la cessation des hostilités après l'invasion de la Russie, le jeudi 23 février 2023, au siège des Nations Unies.
Les délégations applaudissent après que l'Assemblée générale des Nations Unies a voté en faveur d'une résolution confirmant l'intégrité territoriale de l'Ukraine et appelant à la cessation des hostilités après l'invasion de la Russie, le jeudi 23 février 2023, au siège des Nations Unies. AP - John Minchillo
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Plusieurs raisons expliquent ce refus de soutenir les condamnations de la Russie à l'ONU ou les sanctions prises contre Moscou. À chaque vote pour condamner la Russie à l'ONU, presque 40 pays décident de s'abstenir ou de ne pas participer au scrutin. L'Inde, la Chine, bien sûr, mais aussi de nombreux pays africains et d'Amérique latine.

Il y a d'abord dans cette attitude le sentiment que l'Occident veut entraîner le monde entier dans son hostilité à Vladimir Poutine, alors même que ce conflit est perçu comme une guerre entre Européens, qui ne concerne pas directement les pays du Sud qui ont d'autres problèmes graves à affronter – sécurité alimentaire, changements climatiques, tensions dans leur propre environnement –, qui souvent n'intéressent pas les Occidentaux.

► À écouter aussi : Les enfants dans la guerre, de la soviétisation à la russification

Un ressentiment partagé avec la Russie

Il y a ensuite des facteurs plus idéologiques. Certains pays en Afrique et en Amérique latine n'ont pas été mécontents de voir Vladimir Poutine se dresser peu à peu contre les États-Unis dès les années 2008-2010. Et donc, au-delà du conflit en Ukraine proprement dit, ne sont pas mécontents non plus de le voir défier un Occident jugé dominateur et donneur de leçons, voulant imposer son modèle politique et économique. 

En ce sens, la confrontation entre Moscou et l'Occident conforte une forme de ressentiment de pays du Sud qui ont eu à souffrir dans le passé de la domination occidentale – colonisation politique accompagnée de prédation économique. La Russie peut aussi compter sur des liens anciens, quand l'URSS soutenait les mouvements d'indépendance de pays qui voulaient se défaire de la mainmise occidentale.

La guerre en Ukraine sert donc de révélateur à cette distance entre l'Occident et une partie du Sud global. Un Sud qui ne veut plus se laisser dicter ses choix et souhaite trouver ses propres voies de développement en toute souveraineté. En coopérant avec qui il veut, ce peut être bien sûr un pays occidental, mais aussi les nouvelles puissances d'aujourd'hui, la Chine, la Russie, l'Inde et la Turquie notamment.

La guerre en Ukraine révèle un « Sud global »

Et c'est le paradoxe de la situation actuelle : un an après le lancement de l’invasion russe en Ukraine, le camp occidental apparaît plus uni que jamais, qu’il s’agisse de l’Otan ou du resserrement des relations entre l’Europe et les États-Unis. Et de ce point de vue, Vladimir Poutine a clairement échoué puisque son agression contre l’Ukraine était aussi destinée à affaiblir ce monde occidental qu’il accuse de tous les maux.

Mais en même temps, cette guerre fait apparaître au grand jour un « Sud global » méfiant ou hostile vis-à-vis du camp occidental. Ce qui fait que Vladimir Poutine n’est pas aussi isolé qu’on aurait pu le penser.

► À lire aussi : Le conflit russo-ukrainien vu du Cameroun: entre désintérêt et espoir d'un nouvel équilibre mondial

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