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Le monde en questions

Vladimir Poutine et sa haine pour l’Occident

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Avec les dernières déclarations de Vladimir Poutine concernant l’Occident, se pose la question suivante : cette guerre déclenchée contre l'Ukraine est-elle aussi une guerre de civilisation contre l'Occident, du moins la vision qu'en a le président russe ? 

De gauche à droite : le président biélorusse Alexandre Loukachenko, le président ouzbek Shavkat Mirziyoyev, le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre arménien Nikol Paschinian au sommet des dirigeants de la Communauté des États indépendants (CEI), à Astana, au Kazakhstan, le vendredi 14 octobre 2022.
De gauche à droite : le président biélorusse Alexandre Loukachenko, le président ouzbek Shavkat Mirziyoyev, le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre arménien Nikol Paschinian au sommet des dirigeants de la Communauté des États indépendants (CEI), à Astana, au Kazakhstan, le vendredi 14 octobre 2022. © Dmitry Azarov Kremlin/AP
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À cette question, on peut répondre « oui ». Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, Vladimir Poutine justifie cette agression comme une riposte à des forces hostiles à Moscou représentées à Kiev par le président Zelensky et son gouvernement, manipulés, achetés, corrompus, par des Occidentaux qui veulent en quelque sorte « dé-slavifier » le territoire ukrainien qui, pour Poutine est une partie intégrante de l'espace russe. 

Ces convictions qui ne datent pas d'hier, le dirigeant du Kremlin les a répétées avec force, il y a quelques jours, lors de son discours pour officialiser le rattachement à la Russie des quatre territoires ukrainiens occupés par les soldats russes ou les forces séparatistes. Pour lui, l'Occident, c'est devenu le mal absolu. N'hésitant pas à réécrire l'histoire, même si certaines assertions ne sont pas fausses, Vladimir Poutine se victimise et affirme que ce sont les Occidentaux qui sont responsables de la guerre avec leur « désir de maintenir un pouvoir illimité » en Ukraine et ailleurs, et pourquoi pas en Russie ?

C'est donc pour conjurer cette menace existentielle que l'intervention russe a été rendue nécessaire. Par cette inversion rhétorique, Vladimir Poutine se présente comme celui qui réagit à une agression et une volonté colonialiste et impérialiste. Alors, qui adhère à cette vision plus que contestable ? Qui utilise des agissements passés bien réels des occidentaux - impérialisme, colonialisme - pour justifier son entreprise précisément coloniale d'une certaine manière ? Dans ce combat des narratifs, dans cette guerre civilisationnelle, il sait qu'il peut compter sur des relais précieux en Occident et sur d'autres continents qui ont souffert dans l'Histoire des appétits occidentaux. 

En Europe, c'est un paradoxe : les courants de pensée qui soutiennent la « doxa poutinienne » sont en général des penseurs ou des politiques d’obédience souverainiste et nationaliste – donc en principe qui défendent les intérêts de leur patrie. Eh bien non, ils s'alignent sur la vision de Poutine en expliquant qu'il s'agit du modèle à suivre.

Ailleurs, en particulier en Afrique, le Kremlin joue habilement du ressentiment légitime d'une partie des populations contre les anciennes puissances coloniales. Il n'hésite pas à envoyer la milice Wagner sur place et entretient la propagande anti-occidentale sur place, pour déstabiliser notamment la France. 

Cette offensive idéologique s'accompagne aussi d'une attaque contre les valeurs décadentes de l'Occident, les questions de genre sont notamment utilisées pour séduire des publics sensibles au maintien de valeurs plus traditionnelles. 

Cette offensive qui sert donc de justification à la guerre en Ukraine fonctionne en partie. Mais, presque huit mois après le début de la guerre en Ukraine, elle est aussi contestée par une majorité de pays – en témoigne le dernier vote à l'Assemblée générale de l'ONU. Et surtout, dans cette guerre de civilisation, Poutine, qui s'imaginait un Occident faible et divisé, a réussi à réveiller l'Europe et l'Otan. Mais cette guerre idéologique n'est pas terminée et c’est cela, aussi, qui se joue en Ukraine.

► À lire aussi: Énergies: Vladimir Poutine charge les Occidentaux et tend la main aux Turcs

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